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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,1.1901/​1902

DOI issue:
No. 37 (Octobre 1901)
DOI article:
Gerdeil, O.: Les meubles de Majorelle
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0033

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OCTOBRE 1901

dominés par des idées dont M. Émiie Gaiié est
ie représentant le plus autorisé, et qui commu-
niquent à leurs œuvres un caractère commun
qui en décèle immédiatement l'origine : d'où 1e
nom d'école de Nancy. Dans ces idées, la nature
est la grande inspiratrice de l'art ; non seulement
c'est dans son observation que les artistes
doivent chercher les combinaisons sur lesquelles
Us établiront leurs motifs décoratifs, mais sa
transcription, au moins dans les traits prin-
cipaux, peut seule donner à l'objet la beauté.
La décoration d'un objet est une sorte de
poème, d'hymne à la nature. Dans ses verreries
d'exposition — admirables d'ailleurs à tant
d'égards — M. Gaîté souligne cette conception
du décor en munissant chaque pièce d'une épi-
graphe en vers dans le catalogue. Suivant la
doctrine de Nancy, tel bijou ne se contente pas
de nous plaire en tant que bijou, il prétend nous
toucher en tant que bouquet de houx; le pla-
teau du bougeoir est une feuille de platane, ou
de chêne, ou de chardon (le chardon, fleur
emblématique de la Lorraine, tient une grande
place dans tout ceci) chargée d'un rôle moral
que je regrette de ne pouvoir mieux définir, ne
le comprenant pas très bien, encore que j'adore la
verdure et les fleurs. Nous avons vu à l'Expo-
sition universelle un meuble dans lequel M.
Galle avait sans aucun doute voulu mettre ce

qu'il considère comme le meilleur de lui ; ce
meuble était (si j'ai bonne mémoire, car je ne
le vois plus au juste) un églantier avec ses
branches, ses ramilles, ses épines, ses feuilles,
ses fleurs, enfin un églantier véritable.
Ce n'est pas le lieu de discuter cette doc-
trine; d'ailleurs, cela devient chaque jour moins
nécessaire. Les productions qu'elle engendre
ont une certaine grâce, mais même dans les
classes d'objets où ses conséquences n'ont rien
de choquant, elles lassent par l'indigence de
l'invention, l'absence d'imprévu, un caractère
fade et mièvre commun à toutes.
Bien qu'ayant gardé quelque chose des
origines nancëennes de son art, M. Majorelle
ne peut passer pour un véritable représentant
de l'école dont je viens de parler. C'est, au
contraire, précisément un de ses mérites de
s'être débarrassé dans une large mesure des
erreurs qui font la loi dans son milieu. A part
les travaux de marqueterie sur lesquels je
reviendrai tout à l'heure, il a réduit l'emploi des
images naturelles dans la décoration de ses
meubles à de sages limites, et dans l'adaptation
qu'il en fait, une invention heureuse et person-
nelle est guidée par un sentiment sûr des conve-
nances du meuble. S'il prend, par exemple, les
racines ou la naissance du tronc de l'arbre
comme point de départ dans la recherche d'une


!.. MAJORELLE MEUBLE D'APPUI, ACAJOU ET COURBAR1L VERNIS BRONZES DORÉS

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