NOVEMBRE 1901
voulu, lui aussi, donner à ses œuvres une
concision éloquente. Il semble y être parvenu
dans la médaille de l'Ecole Polytechnique Ce
jeune homme recueilli dont le regard scrute
l'horizon, c'est l'inventeur, le chercheur,
l'homme de cœur qui ne se préoccupe pas
seulement du présent, mais de l'avenir.
Deux influences, en apparence assez con-
tradictoires, se fondent en M. Levillain.
MAXIMILIEN BOURGEOIS
vases peints qui montrent dans la réserve de
l'émail noir un bel éphèbe — athlète ou cou-
reur, vainqueur des jeux olympiques — dont la
silhouette harmonieuse et le nom triomphant
sont toujours accompagnés d'une exclamation
admirative.
Et, avec un rare bonheur, il a fondu les
deux idéals, créé des types à la fois actifs et
élégants qui, n'était le modernisme de leur ana-
tomie, sembleraient exhumés de quelque fouille
fructueuse. Le timbre que M. Levillain a com-
posé pour la Manufacture de Sèvres, ses
médailles mythologiques, les exquis petits
portraits qui travestissent en personnages anti-
ques tel ami du sculpteur, témoignent de la
haute valeur de ce beau talent.
Que ce sentiment de l'antique soit doublé
d'un parisianisme aigu, d'une fantaisie jamais
lasse, d'une ironie aussi fine qu'aimable : on a
alors M. Ileller, l'Offenbach de la gravure en
médaille. D'autres ont commémoré l'honneur,
la propriété, la vertu, «ces balançoires)), comme
De tempérament réaliste, épris de mouve-
ment et de vie, nui plus que lui n'a étudié
l'homme: son anatomie, ses mouvements. Non
pas le modèle, mais celui qui travaille, qui
peine, dont le corps se développe selon cer-
taines lois modernes ; nul aussi n'a été plus
séduit par la beauté antique. Mais ce ne sont
pas les laids bonshommes romains qu'il a re-
gardés : il est allé aux bronzes harmonieux, aux
MÉDAILLE COMMÉMORATIVE DE LA FONDATION
DE L'ËCOLE POLYTECHNIQUE nnnnnnono
dit un jour un président de Chambre. M. Heller,
lui,en des médailles immortelles, aglorihé Mont-
martre, le Moulin-Rouge, les sveltes danseuses et
les musiciennes excentriques du temps présent.
Mais, comme chez Offenbach, dans ce fan-
taisiste il y a un poète, un cœur ému qui se
souvient. Aussi, sur le champ d'une médaille,
M. Heller, enfant de Saverne, a-t-il modelé deux
visages très doux, un peu tristes : l'Alsace et
la Lorraine.
C'est aussi de Saverne que nous vient
Rupert Carabin, le sculpteur touche-à-tout et
qui réussit dans tout : une médaille composée
pour le est bien la plus amusante chose
qui soit, comme la médaille de la Danse, des-
tinée à la Société des Amis de la Médaille, est
la plus gracieuse, légère, aérienne composition
que l'on puisse souhaiter.
La même Société a demandé au sculpteur
Pierre Roche, sur l'initiative de M. Roger Marx,
de consacrer une médaille à Loïe Fuller.
C'est, dans un tourbillonnement de gaze, un
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voulu, lui aussi, donner à ses œuvres une
concision éloquente. Il semble y être parvenu
dans la médaille de l'Ecole Polytechnique Ce
jeune homme recueilli dont le regard scrute
l'horizon, c'est l'inventeur, le chercheur,
l'homme de cœur qui ne se préoccupe pas
seulement du présent, mais de l'avenir.
Deux influences, en apparence assez con-
tradictoires, se fondent en M. Levillain.
MAXIMILIEN BOURGEOIS
vases peints qui montrent dans la réserve de
l'émail noir un bel éphèbe — athlète ou cou-
reur, vainqueur des jeux olympiques — dont la
silhouette harmonieuse et le nom triomphant
sont toujours accompagnés d'une exclamation
admirative.
Et, avec un rare bonheur, il a fondu les
deux idéals, créé des types à la fois actifs et
élégants qui, n'était le modernisme de leur ana-
tomie, sembleraient exhumés de quelque fouille
fructueuse. Le timbre que M. Levillain a com-
posé pour la Manufacture de Sèvres, ses
médailles mythologiques, les exquis petits
portraits qui travestissent en personnages anti-
ques tel ami du sculpteur, témoignent de la
haute valeur de ce beau talent.
Que ce sentiment de l'antique soit doublé
d'un parisianisme aigu, d'une fantaisie jamais
lasse, d'une ironie aussi fine qu'aimable : on a
alors M. Ileller, l'Offenbach de la gravure en
médaille. D'autres ont commémoré l'honneur,
la propriété, la vertu, «ces balançoires)), comme
De tempérament réaliste, épris de mouve-
ment et de vie, nui plus que lui n'a étudié
l'homme: son anatomie, ses mouvements. Non
pas le modèle, mais celui qui travaille, qui
peine, dont le corps se développe selon cer-
taines lois modernes ; nul aussi n'a été plus
séduit par la beauté antique. Mais ce ne sont
pas les laids bonshommes romains qu'il a re-
gardés : il est allé aux bronzes harmonieux, aux
MÉDAILLE COMMÉMORATIVE DE LA FONDATION
DE L'ËCOLE POLYTECHNIQUE nnnnnnono
dit un jour un président de Chambre. M. Heller,
lui,en des médailles immortelles, aglorihé Mont-
martre, le Moulin-Rouge, les sveltes danseuses et
les musiciennes excentriques du temps présent.
Mais, comme chez Offenbach, dans ce fan-
taisiste il y a un poète, un cœur ému qui se
souvient. Aussi, sur le champ d'une médaille,
M. Heller, enfant de Saverne, a-t-il modelé deux
visages très doux, un peu tristes : l'Alsace et
la Lorraine.
C'est aussi de Saverne que nous vient
Rupert Carabin, le sculpteur touche-à-tout et
qui réussit dans tout : une médaille composée
pour le est bien la plus amusante chose
qui soit, comme la médaille de la Danse, des-
tinée à la Société des Amis de la Médaille, est
la plus gracieuse, légère, aérienne composition
que l'on puisse souhaiter.
La même Société a demandé au sculpteur
Pierre Roche, sur l'initiative de M. Roger Marx,
de consacrer une médaille à Loïe Fuller.
C'est, dans un tourbillonnement de gaze, un
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