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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,1.1901/​1902

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No.38 (Novembre 1901)
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Bouyer, Raymond: Un artiste barcelonais: Ramon Pichot
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https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0095

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NOVEMBRE 1901

édulcoraient leur manière, il a plutôt accentué,
parfois même encanaillé quelque peu la sienne,
pour la plus grande affirmation du caractère et
de l'énergie locale, mais sans jamais tomber
dans les sombres facilités du mélodrame. En
bon Espagnol, il ne redoute point la nature,
voire le naturalisme. Mais, comme tous les
jeunesqui parviennentmaintenant à laconscience
artistique, il sait que la photographie n'est plus
l'idéal et que l'œuvre d'art n'est pas une
chambre obscure : /a ^ /'ar/ rfz's-
avons-nous répété maintes fois devant les
efforts nouveaux pour exprimer plus poétique-
ment la prose de la vie; le réalisme est désormais
condamné s'il ne recourt à la psychologie,
c'est-à-dire à telle harmonie préméditée de
couleurs et de contours, puisqu'en peinture il
n'y a que des surfaces. Et trop
brève a fait place à
En bon Catalan, ce jeune wa/arfsA? observe
ce qui l'entoure et l'émeut. 11 n'ira point cher-
cher midi à quatorze heures. Le Do?? jQMz'c/zoM?
de Daumier, satire plastique, ne le met point
en goût d'aventures au pays de Cervantes.
Barcelonais, Ramon Pichot
reste à Barcelone. Il veut
oublier les grands ancêtres
pour ne regarder que son en-
tourage. Il ne convoite ni la
capricieuse magie d'un Goya,
ni la fantaisie déchiquetée
d'un Gustave Doré. La mo-
dernité le hante. S'il a d'abord
subi l'empreinte de quelque
rude initiateur, parmi les in-
fluences cosmopolites et com-
posites de l'art moderne, si
touffu, — c'est évidemment
celle de Degas, le mysté-
rieux satirique de la forme:
témoin ces femmes dans un
aux accords de
vert et de carmin.
Mais le dehors l'attire
plus que l'intimité, même ori-
ginale. Ce qu'il peindra de
préférence, ce n'est pas une
Espagne rétrospective de
drame et de rêve, mais l'Es-
pagne contemporaine, fami-
lière, agissante, et, pour ainsi
dire, quotidienne, qu'il voit,
qu'il entend, qu'il coudoie:
décor toujours changeant et

qui n'en est pas moins pittoresque. L'Es-
pagne, comme la Bretagne, n'offre-t-elle pas
le privilège de conserver plus longtemps
la saveur locale de ses costumes et de ses
mœurs, en cette marée montante d'uniforme
et confortable ennui ? L'Espagne est une
palette toute chargée pour les yeux d'un
peintre. Il n'a qu'à choisir, à concentrer, pour
faire œuvre d'art. Son milieu collabore avec son
ardeur. Dans son atelier, des rayons voisins se
réverbèrent. Qu'il ouvre sa fenêtre, de tièdes
bouffées montent de la ruelle étroite. Qu'il sorte,
et la rue le prend, la joie, toute latine, du de-
hors, de la vie mouvante en plein ciel, de la rue
blonde, de la place étincelante, où, comme on
chante au corps de garde de chacun
vient et chacun passe... C'est l'Espagne immua-
blement populaire et grouillante, le faubourg
ensoleillé des Gitanes, le peuple fier et nerveux;
c'est l'austérité des lignes dans une féerie de
lumière, avec l'accent local des profils catalans
et de permanents aspects d'opéra-comique.
C'est la Catalogne lumineuse et mystérieuse,
dans le kaléidoscope troublant des jours et des






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RAMON PICHOT


CIGARIÊRE

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