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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,1.1901/​1902

DOI issue:
No.39 (Décembre 1901)
DOI article:
Klingsor, Tristan: Louis Dejean
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0137

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DECEMBRE 1901


figurines qu'ii scuipte sont surprises en attitudes
familières, à leur toilette, à fa promenade,
troussant leurs jupes ou se reposant. Ainsi que
ies coropfastes d'autrefois, il aime à fes enve-
lopper de manteaux ou à laisser flotter leurs
voiles, cherchant par-dessus tout en elles le
mouvement vivant et l'harmonie délicate des
ombres légères. Ainsi qu'eux il évite les noirs
violents des enfoncements profonds et les
clartés trop crues ; mais à vrai dire, chez le
modeleur antique la préoccupation d'emplir les
creux provenait d'abord du souci de rendre
plus facile le moulage des statuettes d'argile :
chez l'artiste contemporain c'est volonté pré-
conçue et amour des demi-teintes. Là encore
on pourrait prétendre à quelque supériorité du
costume moderne. Le modeleur grec enroulant
ses draperies autour des bras, des mains et du
cou, s'écartait un peu de la vérité de son
époque, quelque ingénieux que fussent ses
arrangements ; le sculpteur d'aujourd'hui trouve
dans la réalité des modes passagères et des
robes adorables de
nombreuses res-
sources pour varier
à son gré l'ombre
parmi les plis de
l'étoffe et envelop-
per declartë blonde
ses coquettes pari-
siennes. Et il en
tire des effets ex-
trêmement variés.
H use d'une gamme
très riche d'ombres
transparentes; il a
le sens subtil des
moindres différen-
ces de valeurs, et
c'est ce jeu cons-
tant de la lumière
sur l'infinité des
petits plans de ses
modelés qui don-
ne à ses œuvres
cette apparence de
figurines animées
et frémissantes.
Louis Dejean
y ajoute une re-
cherche exception-
nelle du mouve-
ment. I! ploie tout
rouis DEJEAN MÉLANCOLIE le corps d'une

Ce sens de la nuance encor et par-dessus toutes
choses dont parle Verlaine, il le possède inti-
mement. Et son art n'est peut-être pas sans
avoir une sorte d'air de famille avec celui du
poète des Ses prome-
neuses, ses rêveuses accoudées, ses femmes
sortant du bal, cette délicate ù /a
ont dans leur modernité je ne sais quel reste
de la joliesse du siècle des fetes galantes. Vo-
lontiers on songerait devant elles aux statuettes
de Pajou, à Falconet et à sa ÆuToy rfuM-
afgtwB ZonA .AB, s'il ne fallait bien plutôt
songer aux Tanagra.
Rapprochement exempt de tout pastiche
d'ailleurs, affinité secrète qui par d'analogues
qualités de goût et d'élégance nous apparente
à la Grèce, qui fait qu'un nu de Clodion peut
être une Vénus et tout de même une Parisienne
du XVIIP siècle. Et ces qualités de race, Louis
Dejean les a au plus haut degré. Son art est un
art français par-dessus tout. Mais en même
temps, comme les statuettes de Tanagra, les

ni
 
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