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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,1.1901/​1902

DOI issue:
No.41 (Février 1902)
DOI article:
Mauclair, Camille: L' œuvre d'Auguste Renoir, 1
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0213

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FEVRIER 1902

goût, M. Renoir en sent toute l'importance.
Il a le sens inné d'une notion naturelle, niée
par l'académisme, celle du but même de la
peinture, qui n'est pas la reproduction, mais
/'/n/eiyi'eùt/i'on des détaiis, le costume et
l'accessoire étant /e.s /e.s uccei;-
ar?ér/eM7*as i/'iin é/7*e. Rembrandt,
Ricard ont peint avec soin un bijou, une
cravate, mais ils ne les ont pas copiés, ils
leur ont donné leur relief et leur élégance,
en leur appropriant une facture précieuse
dont le travail curieux équivalait à leur pré-
ciosité même. La peinture de Monticeiie
donne bien plus authentiquement l'impression
d'une pierrerie qu'un pendant d'oreille copié
méticuleusement par M. Desgoffe. Enfin,
M. Renoir obéit encore à un désir fonda-
mental du vrai peintre, celui de la suggestion.
Et autour d'une figure
comme par exemple
la Ternie /e77777!e ù^ilse
RM Zw7*T Te /a 77M7*
reproduite RF il in*
dique la grève, les dots
et le ciel par quelques
larges touches qui suf-
fisent à en donner la
notion, étant justes
dans leur ton et leur
valeur, sans pourtant
nous empêcher de ter-
miner pour ainsi dire
par le souvenir ce
paysage accessoire selon
les grèves et les vagues
que nous vîmes, ce-
pendant que ce même
travail ne nous est pas
permis pour la figure,
qui est un portrait
précis et où nul trait
ne peut être ajouté
par nous.
Ce mélange de sug-
gestion par l'inachève-
ment apparent ' et de
réalité vive, cette diffé-
renciation de facture
dans le même tableau,
ce don de s'arrêtera
temps, cette finesse des
tonalités sur ces formes
larges, ce sont les traits
par où M. Renoir s'allie

intimement aux autres impressionnistes, c'est
par eux qu'il compte dans leur groupe militant
de techniciens. Il s'écarte dès lors de la facture
des 7fu2g*7!e27^M, et peint ses grandes œuvres
modernistes, le Dé/eMiiei* Te.s Cano/i'eits', le
A/bii/ni Te /u Ga/e/Te, la Z.ogt?, .SVi* /u /ei*-
7'u^e, le Weitiiei* la Te77777ie un e/iu/,
en dissociant les tons, et en abandonnant sa
façon émaillée et son coloris unitaire. Mais

' Est-ce à Corot qu'il faut décidément attri-
buer le fameux mot: «On ne voit rien et toutv
est? « Mot typique, qui est presque la formule de
l'anti-académisme, mot applicable au grand poète
des brumes argentées, qui fut un maître en
suggestion, mot repris par Whistler, Carrière et
Rodin contre la notion du «Unix qui hypnotise
l'Ecole.


A. RENOIR BAIGNEUSE

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