MARS 1902
de cette intervention dans ceux où la décora-
tion, étrangère à ['essence de l'objet, a pour but
et pour effet d'ajouter à celui-ci,
prodùht ùnpersoHHe/ à notre époque,
une manifestation personnelle à l'artiste?
La question posée nettement dans ces termes,
la réponse coule d'elle-mème. L'art suprême au-
jourd'hui, c'est la réduction au minimum de ce
qu'on a coutume d'appeler l'art, c'est-à-dire dex
?Ma;;:ye.s/<7f;'oH.y T'art Est-ce à dire que
l'intervention de l'artiste dans la production ne
doive être qu'accessoire? Loin de là. Mais elle
doit se faire plus occulte qu'autrefois; loin d'avoir
honte de refléter le mode de production de notre
temps, il faut qu'elle affirme avec orgueil le ca-
ractère industriel de l'objet. La détermination des
formes dans leur en-
semble et leurs détails,
la combinaison avec elles
des procédés techniques
par lesquelles les ma-
tières prennent des as-
pects variés, en un mot,
l'application à /h;re àeat/
par les seuls moyens que
l'industrie fournit doit
suffire dans le plus grand
nombre des cas.
En un mot, il faudrait
que l'idée d'arf app/àyMe,
c'est-à-dire des beaux-arts
condescendant à prendre
l'objet vulgaire sous leur
pavillon, s'effaçât davan-
tage devant celle d'art
/rdastr/e/, qui signifie
l'industrie s'appliquant à
s'imprégner de la haute
culture et de la pureté de
goût qui lui manquent
jusqu'ici.
L'art peut et devrait
être partout. Mais la
place des manifestations
purement imaginatives
de l'art est limitée par
les conditions d'existence
de nos sociétés. L'art mo-
derne n'a pas seulement
à trouver des formules
décoratives autres que
celles de nos pères : il
a surtout à déterminer
l'opportunité d'étaler ou
de cacher ces formules.
Est-ce un bien, un mal ?
Pour ma part, l'habi-
tude de tout couvrir d'i-
mages m'apparait comme
un reste d'enfance d'hu-
manité, un témoignage de l'incapacité à s'élever
jusqu'à la perception de la beruté que chaque
chose porte en elle. Quoi qu'il en soit, bien ou
mal, on en viendra là fatalement.
Le fait-divers d'où la dissertion qu'on vient peut-
être de lire est sortie est conté par nos illustrations.
Nous nous sommes adressé à deux artistes égale-
ment excellents, également réputés, M. Colonna
et M. Dufrêne; nous leur avons demandé de
vouloir bien dessiner pour l'Art Décorapy
t< quelques pièces d'orfèvrerie MMc/Ze, par
exemple un service à théo. Avec une com-
plaisance dont nous les remercions, ces mes-
sieurs ont répondu à la demande ; mais ils
l'ont interprétée différemment. Tandis que M. l)u-
- ( ! o et p o
- -
. es. . 2 . o u - À ' & B s *
. LO fin A -
H. COLONNA (de t'Art Nouveau Bing) DESSIN D'ORFÈVRERIE
255
de cette intervention dans ceux où la décora-
tion, étrangère à ['essence de l'objet, a pour but
et pour effet d'ajouter à celui-ci,
prodùht ùnpersoHHe/ à notre époque,
une manifestation personnelle à l'artiste?
La question posée nettement dans ces termes,
la réponse coule d'elle-mème. L'art suprême au-
jourd'hui, c'est la réduction au minimum de ce
qu'on a coutume d'appeler l'art, c'est-à-dire dex
?Ma;;:ye.s/<7f;'oH.y T'art Est-ce à dire que
l'intervention de l'artiste dans la production ne
doive être qu'accessoire? Loin de là. Mais elle
doit se faire plus occulte qu'autrefois; loin d'avoir
honte de refléter le mode de production de notre
temps, il faut qu'elle affirme avec orgueil le ca-
ractère industriel de l'objet. La détermination des
formes dans leur en-
semble et leurs détails,
la combinaison avec elles
des procédés techniques
par lesquelles les ma-
tières prennent des as-
pects variés, en un mot,
l'application à /h;re àeat/
par les seuls moyens que
l'industrie fournit doit
suffire dans le plus grand
nombre des cas.
En un mot, il faudrait
que l'idée d'arf app/àyMe,
c'est-à-dire des beaux-arts
condescendant à prendre
l'objet vulgaire sous leur
pavillon, s'effaçât davan-
tage devant celle d'art
/rdastr/e/, qui signifie
l'industrie s'appliquant à
s'imprégner de la haute
culture et de la pureté de
goût qui lui manquent
jusqu'ici.
L'art peut et devrait
être partout. Mais la
place des manifestations
purement imaginatives
de l'art est limitée par
les conditions d'existence
de nos sociétés. L'art mo-
derne n'a pas seulement
à trouver des formules
décoratives autres que
celles de nos pères : il
a surtout à déterminer
l'opportunité d'étaler ou
de cacher ces formules.
Est-ce un bien, un mal ?
Pour ma part, l'habi-
tude de tout couvrir d'i-
mages m'apparait comme
un reste d'enfance d'hu-
manité, un témoignage de l'incapacité à s'élever
jusqu'à la perception de la beruté que chaque
chose porte en elle. Quoi qu'il en soit, bien ou
mal, on en viendra là fatalement.
Le fait-divers d'où la dissertion qu'on vient peut-
être de lire est sortie est conté par nos illustrations.
Nous nous sommes adressé à deux artistes égale-
ment excellents, également réputés, M. Colonna
et M. Dufrêne; nous leur avons demandé de
vouloir bien dessiner pour l'Art Décorapy
t< quelques pièces d'orfèvrerie MMc/Ze, par
exemple un service à théo. Avec une com-
plaisance dont nous les remercions, ces mes-
sieurs ont répondu à la demande ; mais ils
l'ont interprétée différemment. Tandis que M. l)u-
- ( ! o et p o
- -
. es. . 2 . o u - À ' & B s *
. LO fin A -
H. COLONNA (de t'Art Nouveau Bing) DESSIN D'ORFÈVRERIE
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