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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,1.1903

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Mauclair, Camille: Jules Chéret
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https://doi.org/10.11588/diglit.34207#0025
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L'ART DÉCORATIF



Ajx/e/
plaisait Fragonard : et non seulement en
faisant revêtir aux fillettes de Paris les
costumes de satin, les travestis de la fan-
taisie itaiienne, mais en étudiant sur elles
la robe et le chapeau modernes. Ce ne sont
pas ses moins beaux dessins que ceux où ii
a donné du style jusqu'au paletot-sac et à
l'uister de la chauffeuse, à la jupe courte
de la cycliste, se plaisant à dessiner les plis
amples, à en dégager la sveltesse spirituelle
d'une jambe, à éclairer, çà et là, d'une note
de crayon blanc, la cassure d'une faille ou
la cambrure vernie d'un soulier. En ce sens
certains de ses portraits de Parisiennes sont
des merveilles d'arrangement, de goût et de
vivacité. Ces éléments de délicate réalité
sont la structure secrète de l'apparente fan-
taisie de Chéret. Picturalement, ses déco-

rations pour l'Hotel-de-
Ville, pour les appartements
de M. le baron Vitta et de
M. Fenaille, sont des chefs-
d'œuvre qui compteront
dans l'histoire de la pein-
ture décorative, parce qu'ils
unissent à la qualité lyrique
et joyeuse des harmonies
murales les plus sérieux
témoignages de science.
Chéret a, au degré des
plus grands prédécesseurs,
le don de savoir répartir
ses groupements à des dis-
tances exactement prévues
pour l'effet d'ensemble. Il
n'y a rien de compact et
rien de vide, ni abus ni
remplissage. A la limite
des plinthes s'ouvre un
ciel immédiat où se meu-
vent librement des êtres
qui y semblent aussi natu-
rellement placés que des
nuages, des oiseaux ou des
astres, et y évoluent selon
des courbes et des ellipses
analogues, une synthèse de
tonalités ardentes régit sans
crudité l'étendue de la
composition : tout Hotte et
rien ne tombe, tout se
maintient avec aisance par
une symétrie des gestes qui
s'appellent et se coordon-
nent, et il v a dans tout cela une sorte
de suspens délicieux qui évoque pour sa vé-
ritable défini-
tion la célèbre
phrase de Mal-
larmé sur la
Cornalba : «...
Elle parait,
appelée dans
l'air, s'y sou-
tenir, du fait
italien d'une
moelleuse ten-
sion de sa per-
sonne. » Cette
phrase , c'est
l'art de Chéret
tout entier.

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