L'ART DECORATIF
Boucheron et
Gaillard. Elles
trouvent chez
ceux - ci des'
ivoires amin-
cis, enjolivés
jusqu'à la fra-
gilité et dont
la matité est
mise en valeur
par l'appoint
desgemmesou
d'émaux d'une
distinction ex-
trême. Mais
certains, dont
nous sommes,
tout en appré-
ciant cette dé-
licatesse, ne
laissent pas
que d'avoir de
l'admiration
pour le cachet
LL, de Re-
nard, si bien
en main, ou
la solidité des
peignes et
épingles de
Garcin. Il est
vrai que chez
Vever, Gail-
lard, tout est
parfait, sédui-
sant, tandis
qu'avec les
ivoiriers pro-
fessionnels, il faut choisir, éliminer. Mais
le véritable amateur n'est-il pas celui qui
sait, qui a la patience de choisir?
Il est regrettable qu'on n'ait pas fait la
place plus large à l'art chinois et japonais.
11 eût été bon de voir, à côté des plus par-
faites productions occidentales, quelques-uns
des chefs-d'œuvre d'Extrême-Orient. On s'est
contenté de bibelots courants, figurines ou
pièces d'échiquier sans caractère d'art. Encore
parmi celles-ci en est-il qui n'appartiennent
qu'indirectemcnt à l'industrie orientale. M. L.
de Beaumont a, par exemple, prêté une
langouste articulée, exécutée par les ouvriers
français de l'ouvroir Sainte-Cécile, à Yoko-
hama. C'est un travail de patience qui vaut
p le squelette de Rouchomowski, mais qui n'a
qu'une parenté très lointaine avec une œuvre
d'art. La part d'interprétation est nulle. Il
ne manque plus à cette pièce qu'un mouve-
ment d'horlogerie pour qu'elle égale certaine
fantaisie des ateliers suisses de bijouterie.
Les artistes japonais de la belle époque
recherchaient certes la vérité, mais voulaient
avant tout le caractère. Les ouvriers de l'asile
Sainte-Cécile ignorent ce qu'est le caractère,
autant que les ivoiriers des maisons d'ar-
ticles religieux de la rue Saint-Sulpice, la
souffrance. Ils sculptent dans l'ivoire des
Christ. Ceux-ci, selon qu'ils sont dit jansé-
nistes ou molinistes, ont une pose ou une
autre, et changent d'expression, mais tou-
jours d'une façon conventionnelle. Aussi les
commerçants qui les ont exposés signalent-
ils leur mérite, non par leur valeur ex-
pressive, mais par la dimension et le
poids de l'ivoire
employé.
Pourtant il est
des croyants, des
âmes s o u ff r a n t e s
qui ont droit de
vouloir un Christ
à leur image. Le
musée de Galliéra
n'en montre point.
R est regrettable
vraiment qu'aucun
des artistes qui ont
si joliment fixé dans
l'ivoire la beauté et
L jeunesse n'ait
songé à traduire
les souffrances de
l'homme-dieu. Au
dernier Salon se
vovait une remar-
quable figure de
Christ, due à un
jeune sculpteur-dé-
corateur M Eugène
Bourgouin. On sou-
haiterait que les
commerçants qui
ont envoyé tant de
christs insignifiants
aient mémoire de
ce nom.
scAtn.iüT
Quelle va donc (Exécuté par Vever)
CARON
C/?<37*77zeM.ye
58
Boucheron et
Gaillard. Elles
trouvent chez
ceux - ci des'
ivoires amin-
cis, enjolivés
jusqu'à la fra-
gilité et dont
la matité est
mise en valeur
par l'appoint
desgemmesou
d'émaux d'une
distinction ex-
trême. Mais
certains, dont
nous sommes,
tout en appré-
ciant cette dé-
licatesse, ne
laissent pas
que d'avoir de
l'admiration
pour le cachet
LL, de Re-
nard, si bien
en main, ou
la solidité des
peignes et
épingles de
Garcin. Il est
vrai que chez
Vever, Gail-
lard, tout est
parfait, sédui-
sant, tandis
qu'avec les
ivoiriers pro-
fessionnels, il faut choisir, éliminer. Mais
le véritable amateur n'est-il pas celui qui
sait, qui a la patience de choisir?
Il est regrettable qu'on n'ait pas fait la
place plus large à l'art chinois et japonais.
11 eût été bon de voir, à côté des plus par-
faites productions occidentales, quelques-uns
des chefs-d'œuvre d'Extrême-Orient. On s'est
contenté de bibelots courants, figurines ou
pièces d'échiquier sans caractère d'art. Encore
parmi celles-ci en est-il qui n'appartiennent
qu'indirectemcnt à l'industrie orientale. M. L.
de Beaumont a, par exemple, prêté une
langouste articulée, exécutée par les ouvriers
français de l'ouvroir Sainte-Cécile, à Yoko-
hama. C'est un travail de patience qui vaut
p le squelette de Rouchomowski, mais qui n'a
qu'une parenté très lointaine avec une œuvre
d'art. La part d'interprétation est nulle. Il
ne manque plus à cette pièce qu'un mouve-
ment d'horlogerie pour qu'elle égale certaine
fantaisie des ateliers suisses de bijouterie.
Les artistes japonais de la belle époque
recherchaient certes la vérité, mais voulaient
avant tout le caractère. Les ouvriers de l'asile
Sainte-Cécile ignorent ce qu'est le caractère,
autant que les ivoiriers des maisons d'ar-
ticles religieux de la rue Saint-Sulpice, la
souffrance. Ils sculptent dans l'ivoire des
Christ. Ceux-ci, selon qu'ils sont dit jansé-
nistes ou molinistes, ont une pose ou une
autre, et changent d'expression, mais tou-
jours d'une façon conventionnelle. Aussi les
commerçants qui les ont exposés signalent-
ils leur mérite, non par leur valeur ex-
pressive, mais par la dimension et le
poids de l'ivoire
employé.
Pourtant il est
des croyants, des
âmes s o u ff r a n t e s
qui ont droit de
vouloir un Christ
à leur image. Le
musée de Galliéra
n'en montre point.
R est regrettable
vraiment qu'aucun
des artistes qui ont
si joliment fixé dans
l'ivoire la beauté et
L jeunesse n'ait
songé à traduire
les souffrances de
l'homme-dieu. Au
dernier Salon se
vovait une remar-
quable figure de
Christ, due à un
jeune sculpteur-dé-
corateur M Eugène
Bourgouin. On sou-
haiterait que les
commerçants qui
ont envoyé tant de
christs insignifiants
aient mémoire de
ce nom.
scAtn.iüT
Quelle va donc (Exécuté par Vever)
CARON
C/?<37*77zeM.ye
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