L'ART DECORATIF
le plus puissant de tous, savant, profond et
tourmenté, avec une sobriété dans la force
admirablement maîtrisée, une rare intuition
de la signification, de l'équivalence psy-
chique de la couleur?
Il est impossible que tout ce cortège de
souvenirs, fait de toutes les œuvres contem-
plées, ne nous suive pas dans la visite d'une
exposition d'art à Venise. A vrai dire, le
La nature et l'art se débordent mu-
tuellement ici et se confondent. Le pavillon
consacré à l'art, avec ses portiques de
temple, se dresse au milieu de ces luxuriants
jardins publics, corbeille de verdure s'éta-
lant au bord de l'eau. Soit que l'on débouche
du grand canal, porté dans la gondole au
milieu de cet étourdissant décor de Saint-
Marc, du Palais des Doges et de la pointe
ALFRED EAST
tableau nous accompagne partout, il nous
entoure dans la perspective des sites aperçus;
au travers des salles d'exposition même, il
se découpe par les fenêtres ouvertes, lumi-
neux, composé, complet, isolant sur un ciel
éclatant le bout d'une lie qui Hotte sur la
lagune, avec des voiles parsemées, d'un ton
ardent dans la lumière. Les peintres, les
décorateurs ont donc à lutter sans cesse
avec cette concurrence du paysage vivant,
intense évocation d'art, orchestration par-
faite des plus riches harmonies.
Z.<3 Source
de la Salute; soit que l'on arrive par la la-
gune, du Lido, où le panorama vénitien,
pointé de campaniles, s'étale magnifiquement
entre le ciel et les flots, — cette belle cor-
beille d'arbres touffus, surplombant les ter-
rasses, met une note de lraicheur spontanée,
de grâce abondante, dans la richesse tra-
vaillée des architectures; et en meme temps,
des parfums de branches et de Heurs se ré-
pandent sur les eaux. Cabriele d'Annunzio,
dans Le Tut/, a subtilement noté ces effluves
épars sous les brises. A toute heure, le
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le plus puissant de tous, savant, profond et
tourmenté, avec une sobriété dans la force
admirablement maîtrisée, une rare intuition
de la signification, de l'équivalence psy-
chique de la couleur?
Il est impossible que tout ce cortège de
souvenirs, fait de toutes les œuvres contem-
plées, ne nous suive pas dans la visite d'une
exposition d'art à Venise. A vrai dire, le
La nature et l'art se débordent mu-
tuellement ici et se confondent. Le pavillon
consacré à l'art, avec ses portiques de
temple, se dresse au milieu de ces luxuriants
jardins publics, corbeille de verdure s'éta-
lant au bord de l'eau. Soit que l'on débouche
du grand canal, porté dans la gondole au
milieu de cet étourdissant décor de Saint-
Marc, du Palais des Doges et de la pointe
ALFRED EAST
tableau nous accompagne partout, il nous
entoure dans la perspective des sites aperçus;
au travers des salles d'exposition même, il
se découpe par les fenêtres ouvertes, lumi-
neux, composé, complet, isolant sur un ciel
éclatant le bout d'une lie qui Hotte sur la
lagune, avec des voiles parsemées, d'un ton
ardent dans la lumière. Les peintres, les
décorateurs ont donc à lutter sans cesse
avec cette concurrence du paysage vivant,
intense évocation d'art, orchestration par-
faite des plus riches harmonies.
Z.<3 Source
de la Salute; soit que l'on arrive par la la-
gune, du Lido, où le panorama vénitien,
pointé de campaniles, s'étale magnifiquement
entre le ciel et les flots, — cette belle cor-
beille d'arbres touffus, surplombant les ter-
rasses, met une note de lraicheur spontanée,
de grâce abondante, dans la richesse tra-
vaillée des architectures; et en meme temps,
des parfums de branches et de Heurs se ré-
pandent sur les eaux. Cabriele d'Annunzio,
dans Le Tut/, a subtilement noté ces effluves
épars sous les brises. A toute heure, le
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