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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,2.1903

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Soulier, Gustave: La cinquième exposition internationale d'art à Venise, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.34208#0132

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L'ART DÉCORATIF

semble est complété par une tenture murale
de damas cramoisi, à motifs de rosiers ton
sur ton, exécutée par MM. Jesurum, et les
boiseries rehaussées de légers motifs de
sculpture.
Au-dessus du revêtement d'étoffe court
une haute frise ornementale, très simplement
composée de rameaux en festons et de rubans.
C'est un renouvellement gracieux d'un type
classique, qui laisse à cette salle réservée au
travail une sévérité de bon aloi. L'auteur
de la frise est M. L. Pasinetti, qui a com-
posé aussi les motifs de décoration du pla-
fond, divisés par les pièces apparentes de la
charpente, et faits encore de légères combi-
naisons de rameaux en couronnes et de
rubans déroulés.
Le mobilier de la salle, outre la biblio-
thèque extrêmement simple qui se dresse
sur la tribune, faite de rayons ajustés, com-
prend principalement une majestueuse table
de marbre, dit yg/ù utzïQtœ, reposant sur
des pieds de bronze modelés par le sculpteur
de Biasi. Un banc de bois vient s'appuyer
à la tribune, et des fauteuils à dossier bas,
d'une iigne élégante, se rangent çà et là
autour de la table.
Des coussins de cuir travaillé et doré
attestent la note ornementale que peut ap-
porter aussi une autre industrie bien locale;
ils sont de M. G. Morsa. Signalons encore,
de MM. Giacchetti, une lanterne à monture
de cuivre découpé.
Le fumoir, dans lequel on passe ensuite,
se rattache plus essentiellement même aux
plus vieilles traditions architecturales et dé-
coratives de Venise, à celles qui iui venaient
de l'Orient. M. Mainella a eu la très heu-
reuse idée de renouveler l'emploi byzantin
des marbres et des mosaïques. Cet emploi
est particulièrement bien compris dans une
salle qui doit pouvoir être aérée aisément,
et où la fumée et l'odeur ne resteront pas
emmagasinées, sur ces surfaces lisses de
pierre et d'émail, comme elles le feraient
au travers des tentures.
Nous trouvons ici évoqué un charmant
souvenir des basiliques de Ravenne, ou de
Saint-Marc même, avec beaucoup de goût
et de retenue. On ne s'est pas efforcé, en
effet, de copier ici des ornements de sculp-
ture compliqués, ni de couvrir les voûtes
de figures, composées au moyen des petits
cubes de verre multicolores. On a simple-

ment revêtu les parois jusqu'à mi-hauteur
de larges plaques de marbre, assemblées de
façon à produire des veinures symétriques,
selon l'habitude byzantine, qui donne de si
somptueux effets décoratifs; et au-dessus une
voûte à pans coupés se recouvre d'un fond
de mosaïque d'or, seulement rayé par des
rubans bleuâtres, interprétant de minces
fumées allant s'évanouir plus haut. Les
veines des marbres gris elles-mêmes s'allient
à ce rappel de décor et dessinent comme
des ondes de vapeurs.
Le détail ornemental se réduit donc
autant qu'il est possible, et c'est le parti de
la construction qui se confond avec le parti
décoratif. L'exemple réalisé est appelé, nous
semble-t-il, à inspirer très heureusement les
architectes vénitiens d'aujourd'hui.
De larges divans de velours à motifs de
broderie, qui viennent de la Maison Jesu-
rum et des sièges semblables à ceux de la
salle de lecture, exécutés par M. Lucadella,
garnissent le fumoir. Les mosaïques de la
coupole sont l'œuvre de la Compagnie
Venise-Murano et les marbres ont été four-
nis par la Maison Biondetti. Un lustre élec-
trique, de MM. Giacchetti, composé de tubes
de verre opalin renfermant les lampes, de
perles et de pendeloques de cuivre ajouré,
s'apparie admirablement au décor d'ensemble
et continue un ressouvenir bizantin avec
une adaptation moderne et pratique.
Même dans le bureau postal et télégra-
phique qui termine cette succession de
salles, les tentures, les vitraux ajoutent une
note élégante et colorée.
Quand on considère un ensemble aussi
complètement réalisé, une réflexion s'impose.
On songe qu'il a fallu bien des concours
désintéressés pour avoir pu arriver à de
pareils résultats, car le budget réservé à
l'organisation de l'Exposition n'aurait assuré-
ment pas permis de faire aussi luxueuse-
ment les choses. Des industriels se sont donc
trouvés qui ont accepté de collaborer au
projet conçu par M. R. Mainella et d'en
assurer, chacun pour une part, l'exécution.
Ils ont estimé que les frais assumés ainsi
par leur maison pouvaient être couverts par
les commandes que cette tentative pouvait
leur attirer, mais ils savaient bien qu'il y
avait quelque risque pour eux à s'avancer
ainsi, et que cet effort collectif ne serait
peut-être d'abord pour eux qu'une réclame

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