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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,2.1903

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Soulier, Gustave: La cinquième exposition internationale d'art à Venise, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.34208#0134

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L'ART DECORATIF

sans profit apparent. I!s n'ont pas hésité
pourtant à essayer de réaliser quelque chose
de définitif et d'exemplaire; et on le voit,
ce n'est pas quelques noms que l'on a
entraînés, c'est un grand nombre de collabo-
rateurs que l'on a groupés. Les premières
maisons de Venise, celles qui pourraient le
plus aisément vivre sur leur vieux fond et
leur antique réputation, ont tenu à honneur
de participer à cette oeuvre décorative. Mais
en prêtant leur concours, ces industriels
n'ont pas imposé les ouvrages qu'ils tenaient
eux-mêmes à exposer; ils se sont contentés

des collaborations intelligentes de grandes
maisons industrielles, nous n'offrions que
des objets désemparés, nageant, sans lien
comme sans ambiance réchauffante, sans
décor montrant une intention d'art, dans la
galerie qui nous avait été réservée.
Une très importante Exposition se pré-
pare pour l'an prochain en Amérique, à
Saint-Louis : va-t-il en être autrement, et y
sentira-t-on la volonté d'un effort commun,
ou tout au moins de plusieurs groupements
homogènes? Nous n'oserions l'alfnmer.
Constater le mal, ce devrait être du même


du rang modeste d'exécutants, en laissant
l'unité de direction et la responsabilité pres-
que complète de l'œuvre à un artiste.
En vérité, ce phénomène est admirable.
Si l'on y réAéchit bien, il arrive à sembler
tout naturel, et absolument indispensable
pour obtenir un résultat d'ensemble. Mais
avec nos mœurs actuelles, où chacun juge
aisément que sa dignité lui interdit de res-
ter en sous-ordre et de se plier aux concep-
tions d'autrui, s'il veut garder lui-même le
nom d'artiste, il est bien difficile de parve-
nir à pareille discipline.
Nous nous rappelons avec peu de fierté
la contribution française à l'Exposition de
Turin, où faute de subventions suffisantes,
qui auraient pu précisément être réunies par

coup y remédier; mais la vanité misérable
d'auteur est souvent plus forte que le désir
sain d'une beauté plus achevée et plus puis-
sante. On s'en voudrait souvent de partici-
per à une belle œuvre, de peur que le fruit
n'en revînt plutôt à quelque autre. Une
maladroite rivalité intervient aussi chez nous
entre artistes et industriels : on dirait vrai-
ment que certains artistes aiment mieux
conserver leurs œuvres décoratives à l'état
de projets vains, plutôt que de voir des
industriels acquérir des droits sur elle pour
Lavoir fait naître à la réalité.
Par bonheur, les Vénitiens ont résolu
par leur bon accord toutes ces puériles dif-
ficultés. Nous les félicitons et nous les
envions.
 
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