j. DESCOMPS Cah'ce
licieux objet d'art. D'autres choses en-
core charment dans les derniers bijoux de
Gaiilard dont je viens d'avoir la primeur.
A côté de ses coquilles d'épée, d'une si
neuve idée de goût sobre, voici des pen-
dentifs, oiseaux se poursuivant en grappes
légères, d'autres enserrant en leurs griffes
des gemmes précieuses, fleurs transparentes
retenues entre elles par un hl à peine vi-
sible; enfin, des plaques de cou raisonnables,
hautes normalement, — bijoux décoratifs
au lieu d'être l'instrument de torture cher
à pas mal d'orfèvres qui craignent de ne
pouvoir mettre assez d'art dans un objet de
proportions moindres — encore très simples
comme presque tout ce que fait Gaillard,
MODERNE
mais d'une simplicité d'opales chatoyantes
assouplies en lignes gracieuses et de pâtes
de verre qu'enchâsse un petit cadre de dia-
mants rigides, chrysanthèmes stylisés à
peine, gracieux comme la fleur vraie,
fuchsias langoureux, fleurs d'eau qui sem-
blent garder en leur grâce quelque chose
de l'onde qui les ht naître.
Tandis que Gaillard me montrait ces
bijoux, sous les papiers qui encombraient
son bureau j'aperçus un poisson plat de
bronze laqué, un de ces bibelots inutiles et
charmants dont raffolent les Japonais, un
poisson d'un rouge éclatant, d'une patine
épaisse, profonde, infinie, donnant à la ma-
tière, laque ou émail, une intensité de ton,
une vie de couleurs à laquelle les Japonais
— et rarement encore — sont seuls arrivés
jusqu'à présent. Et je continuais à regarder
les bijoux nou-
veaux, distrait
tout de même
par le petit
bronze de sang,
mon regard in-
vinci blement
attiré vers lui.
K Ah ! me
dit mut d'un
coup Gaillard,
vous regardez
cela, ce n'est
qu'un essai,
mais je crois
enfin avoir
trouvé des la-
ques possi-
bles. ))
Et dans un
tiroir il prit
d'autres objets
de fer et de
bronze, laqués
des tons du
prisme, mer-
veilleux tout
simple m e n t,
d'une telle ri-
chesse de cou-
leur qu'auprès
d'eux les pier-
res précieuses
étalées sur la
table pâlis- A. LANDRY GGce à
LE BIJOU
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