L'ART DECORATIF
nicipes italiens. Solide, sévère, cette tour
ne porte pour toute décoration que très
haut, près du clocher, ses horloges au
cadran d'or, et sous chaque horloge une
petite loggia à colonnes et à trois arcades
blanches de plein cintre, avec balcon.
Au-dessus de l'horloge, la flèche s'élance,
revêtue de plaques de cuivre. Elle renferme
les cloches, et elle se termine par la cou-
ronne d'or de la ville et un coq à sa pointe.
La flèche, montant à près de 120 mètres,
dépasse ainsi presque toutes les terres et
les collines du Danemark. A l'est de la
place, lui répond une autre tour carrée,
mais moins élevée, celle du bel hôtel de
Bristol, récemment construit par un des élèves
les plus distingués de M. Nyrup, M. Vischer.
Du sommet de ces deux tours la vue s'étend
admirable sur toute la ville, sur la mer,
sur les campagnes lointaines. Et tout cet
édifice apparait donc grave à la fois et
coloré, mais d'une coloration comme d'une
décoration très sobres, ainsi qu'aux belles
époques de l'art italien primitif, quand sur
une façade sombre et hautaine ne souriait
que par places une rare et fine décoration,
une armoirie peinte richement sculptée, ou
un encadrement de fenêtre et de porte déli-
catement ciselé.
Au-dessus du rez-de-chaussée est un
étage assez bas, et au deuxième le ((piano
nobile», le ((bel étage». A chacune de ses
extrémités s'arrondit un a bow-window»; et
au centre, brille en vêtements sacerdotaux
la statue dorée du fondateur de la ville,
l'évêque Absalon. Au-dessous une petite
porte s'ouvre sur un balcon, Aanqué de
deux statues de bronze et dominant la
porte d'entrée principale. On accède à cette
porte par un escalier de quelques marches,
que précède une large terrasse avec escalier
et rampes, qui semblent exhausser l'édifice.
J'ai dit les encadrements de pierre blanche
autour des fenêtres et des portes; les fe-
nêtres sont divisées par des meneaux verti-
caux et horizontaux, blancs eux-mêmes.
Au-dessous de la toiture noire court une
frise de pierre, blanche encore, où s'ouvrent
des mezzanines ; au milieu de la toiture
luit l'armoirie de la ville avec ses trois
tours dorées, leitmotiv que nous retrouverons
souvent dans l'ornementation de l'édifice,
et des statues en bronze s'alignent des deux
côtés, figurant d'humbles agents municipaux
d'autrefois, les veilleurs de nuit de jadis.
Aux encoignures du toit, l'ours Scandinave
tend son cou avec un aspect de gargouille.
Si l'architecte s'est souvenu par endroits
de l'art italien, il a fait du moins ce qu'il
convient de faire, non une copie jamais,
non un pastiche, mais une transposition
très personnelle d'un art ancien et étranger
en une œuvre toute moderne et toute
nationale.
Nous franchissons l'entrée: un portail
apparait comme un portail d'église, où se
marque, ce que j'estime, la religion du passé,
fervente encore chez ce peuple et, on le voit,
chez l'artiste; car la double porte de ce
portail est surmontée d'un bas-relief en
terre cuite, richement peint, et figurant en
ses costumes et ses attitudes archaïques le
premier Conseil de la ville. Ce beau travail
est de M'"e Agnès Slott-Muller. Au-dessous,
une bande de petites ligures assises, rappe-
lant une assemblée de saints ou d'évêques,
enrichit encore cette décoration, que com-
plète une longue figure debout, archaïque
aussi, s'amincissant entre les deux portes.
Les arcs du portail sont en briques avec des
claveaux de pierre décorés de légères sculp-
tures ; et à droite et à gauche des dragons
de granit, rappelant la sombre mythologie
Scandinave, supportent les piédroits.
Nous passons sous le premier étage et
nous pénétrons dans un hall, vaste, lumi-
neux, d'un aspect de salle de fête ou de
lieu de réunion pour toute une fouie, à la-
quelle de l'un des balcons pourront parler
les orateurs. Ce grand hall, — vivement coloré
lui-même, par le mariage là aussi de la
brique et de la pierre et par la mosaïque
brillante de son plancher, largement éclairé
par la lumière qui tombe de son plafond
vitré, comme par ses hauts murs blancs,
— présente au second étage, sur trois de ses
faces, une longue galerie du plus bel effet,
galerie dont les colonnes en granit sou-
tiennent les arcatures à plein cintre en briques
coupées de pierre, supportant l'immense
vitrage. Dans cette galerie supérieure, les
murailles très blanches sont recouvertes en
leur tiers inférieur de boiseries de chêne et
sont coupées de portes s'ouvrant sur les
différentes salles de l'étage. A deux des en-
coignures du hall sont des fontaines d'un
dessin exquis, avec une colonnette solitaire
faisant saillie dans l'angle rentrant, au-dessus
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nicipes italiens. Solide, sévère, cette tour
ne porte pour toute décoration que très
haut, près du clocher, ses horloges au
cadran d'or, et sous chaque horloge une
petite loggia à colonnes et à trois arcades
blanches de plein cintre, avec balcon.
Au-dessus de l'horloge, la flèche s'élance,
revêtue de plaques de cuivre. Elle renferme
les cloches, et elle se termine par la cou-
ronne d'or de la ville et un coq à sa pointe.
La flèche, montant à près de 120 mètres,
dépasse ainsi presque toutes les terres et
les collines du Danemark. A l'est de la
place, lui répond une autre tour carrée,
mais moins élevée, celle du bel hôtel de
Bristol, récemment construit par un des élèves
les plus distingués de M. Nyrup, M. Vischer.
Du sommet de ces deux tours la vue s'étend
admirable sur toute la ville, sur la mer,
sur les campagnes lointaines. Et tout cet
édifice apparait donc grave à la fois et
coloré, mais d'une coloration comme d'une
décoration très sobres, ainsi qu'aux belles
époques de l'art italien primitif, quand sur
une façade sombre et hautaine ne souriait
que par places une rare et fine décoration,
une armoirie peinte richement sculptée, ou
un encadrement de fenêtre et de porte déli-
catement ciselé.
Au-dessus du rez-de-chaussée est un
étage assez bas, et au deuxième le ((piano
nobile», le ((bel étage». A chacune de ses
extrémités s'arrondit un a bow-window»; et
au centre, brille en vêtements sacerdotaux
la statue dorée du fondateur de la ville,
l'évêque Absalon. Au-dessous une petite
porte s'ouvre sur un balcon, Aanqué de
deux statues de bronze et dominant la
porte d'entrée principale. On accède à cette
porte par un escalier de quelques marches,
que précède une large terrasse avec escalier
et rampes, qui semblent exhausser l'édifice.
J'ai dit les encadrements de pierre blanche
autour des fenêtres et des portes; les fe-
nêtres sont divisées par des meneaux verti-
caux et horizontaux, blancs eux-mêmes.
Au-dessous de la toiture noire court une
frise de pierre, blanche encore, où s'ouvrent
des mezzanines ; au milieu de la toiture
luit l'armoirie de la ville avec ses trois
tours dorées, leitmotiv que nous retrouverons
souvent dans l'ornementation de l'édifice,
et des statues en bronze s'alignent des deux
côtés, figurant d'humbles agents municipaux
d'autrefois, les veilleurs de nuit de jadis.
Aux encoignures du toit, l'ours Scandinave
tend son cou avec un aspect de gargouille.
Si l'architecte s'est souvenu par endroits
de l'art italien, il a fait du moins ce qu'il
convient de faire, non une copie jamais,
non un pastiche, mais une transposition
très personnelle d'un art ancien et étranger
en une œuvre toute moderne et toute
nationale.
Nous franchissons l'entrée: un portail
apparait comme un portail d'église, où se
marque, ce que j'estime, la religion du passé,
fervente encore chez ce peuple et, on le voit,
chez l'artiste; car la double porte de ce
portail est surmontée d'un bas-relief en
terre cuite, richement peint, et figurant en
ses costumes et ses attitudes archaïques le
premier Conseil de la ville. Ce beau travail
est de M'"e Agnès Slott-Muller. Au-dessous,
une bande de petites ligures assises, rappe-
lant une assemblée de saints ou d'évêques,
enrichit encore cette décoration, que com-
plète une longue figure debout, archaïque
aussi, s'amincissant entre les deux portes.
Les arcs du portail sont en briques avec des
claveaux de pierre décorés de légères sculp-
tures ; et à droite et à gauche des dragons
de granit, rappelant la sombre mythologie
Scandinave, supportent les piédroits.
Nous passons sous le premier étage et
nous pénétrons dans un hall, vaste, lumi-
neux, d'un aspect de salle de fête ou de
lieu de réunion pour toute une fouie, à la-
quelle de l'un des balcons pourront parler
les orateurs. Ce grand hall, — vivement coloré
lui-même, par le mariage là aussi de la
brique et de la pierre et par la mosaïque
brillante de son plancher, largement éclairé
par la lumière qui tombe de son plafond
vitré, comme par ses hauts murs blancs,
— présente au second étage, sur trois de ses
faces, une longue galerie du plus bel effet,
galerie dont les colonnes en granit sou-
tiennent les arcatures à plein cintre en briques
coupées de pierre, supportant l'immense
vitrage. Dans cette galerie supérieure, les
murailles très blanches sont recouvertes en
leur tiers inférieur de boiseries de chêne et
sont coupées de portes s'ouvrant sur les
différentes salles de l'étage. A deux des en-
coignures du hall sont des fontaines d'un
dessin exquis, avec une colonnette solitaire
faisant saillie dans l'angle rentrant, au-dessus
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