L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (5,2.1903)

ABEL FAIVRE


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l'étonne; il sent que ces hommes ne sont
pas complets, qu'il leur manque la griffe
des vrais maîtres — cette griffe violente qui
met son sceau sur toutes choses et sait
donner à une
oeuvre la mar-
que du génie.
Paris lui
semble triste et
lugubre, il a la
nostalgie des
voyages. La Bre-
tagne avec ses
landes désertes
et sauvages le
tente. Il s'y
rend entraîné
par un vague
pressentiment.
C'est là, en effet,
qu'il rencon-
trera celui qui
décidera de son
avenir. Un jour,
se promenant
dans la cam-
pagne, il aper-
çoit un petit
homme roux qui
peint des pom-
miers. Il s'ap-
proche, il est
frappé de l'in-
tensité qui se dé-
gage de l'oeuvre
qu'il a devant
les yeux. Il sent
que l'homme
qui peint ainsi
a pénétré les
secrets de la
nature et de la
vie et il en
éprouve une
émotion pro-
fonde. Il ne peut
s'empêcher d'ex-
primer toute son
admiration au
peintre. Enhardi par son accueil affectueux, il
lui raconte sa vie, lui parle de ses projets, de
son ambition, lui demande quelques conseils,
l'interroge et Unit par apprendre qu'il a
devant lui Renoir, le maître Renoir, l'admi-

rable auteur du portrait de Jeuvmo éUmzumyn
Abel Faivre n'a plus aucune hésitation, il
revient à Paris et se met énergiquement au
travail.

U?77: 772e à /'Éf'gyztm'/
Il sait maintenant ce qu'il doit faire et
quelles leçons il doit suivre. C'est en effet
chez Renoir qu'il apprendra cette science
parfaite de la beauté, cette connaissance
approfondie de la forme, cette délicatesse