L'ART DECORATIF
sensible, adorant les formes simpies, moins
gourmand de la forme qu'observateur sou-
cieux de définir très vite et d'un mot, non-
chalant, compréhensif et retenu, avec toute
^ . Æ
/)!* A* i
.
7)exxz'zz
une nappe d'émotion violente enfouie au
profond de lui entre deux zones impéné-
trables. La pointe-sèche pique là, parfois,
fore un trou minuscule, et alors, au détour
d'un dessin, une expression étrange, cruelle
ou lasse infiniment, jaillit, indice du gron-
dement intérieur de cette àme d'artiste pari-
sien et fêté dont personne peut-être ne sait
rien d'exact.
La prestigieuse sûreté de son trait définit
et cerne la femme du monde, c'est-à-dire
rien — et quant à l'idéal
d'art de M. Hellcu, à sa
conception, à ses idées, nul
ne saura les délimiter. Il
charme, et pourquoi? Peut-
être par le charme lui-
même de l'admirable outil
dont il use.
C'est l'homme de ce
temps qui a su donner au
trait sa grande, son intrin-
sèque valeur, au point de
le faire vivre d'une vie
propre : ce que représente
une oeuvre de M. Helleu,
ce n'est ni une femme, ni
une autre, ce sont des traits
d'abord. Et si je possédais
de lui une épreuve où il
eût simplement tracé quel-
ques linéaments tels que
lui seul les sait faire, je
crois que j'en aurais pres-
que autant de plaisir que
si ces linéaments dessi-
naient la plus élégante de
ses figures. La ténuité, la
pureté, l'élan, la graduation
de ces subtiles morsures
sont d'un attrait adorable:
fils de la Vierge ou griffes
félines, ce sont des signes
vivants, des lignes parlantes.
Par le trait M. Helleu
exprime les valeurs, les
plans: par le trait presque
sans insistance, sans accu-
mulations, sans ombres,
sans fonds — et il y a des
instants dans ses dessins où
le trait semble, bien que
noir, une raie de lumière
plus claire que le papier.
Ce trait magique est à lui seul. Les doigts
se laissent conduire par l'outil qui est fait
pour définir, et celui-ci agit comme sous
une impulsion magnétique. Alors le trait
multiforme se multiplie : en hachures ser-
rées il masse les ombres d'une chevelure, y
allume de riches chatoiements, brusquement
sensible, adorant les formes simpies, moins
gourmand de la forme qu'observateur sou-
cieux de définir très vite et d'un mot, non-
chalant, compréhensif et retenu, avec toute
^ . Æ
/)!* A* i
.
7)exxz'zz
une nappe d'émotion violente enfouie au
profond de lui entre deux zones impéné-
trables. La pointe-sèche pique là, parfois,
fore un trou minuscule, et alors, au détour
d'un dessin, une expression étrange, cruelle
ou lasse infiniment, jaillit, indice du gron-
dement intérieur de cette àme d'artiste pari-
sien et fêté dont personne peut-être ne sait
rien d'exact.
La prestigieuse sûreté de son trait définit
et cerne la femme du monde, c'est-à-dire
rien — et quant à l'idéal
d'art de M. Hellcu, à sa
conception, à ses idées, nul
ne saura les délimiter. Il
charme, et pourquoi? Peut-
être par le charme lui-
même de l'admirable outil
dont il use.
C'est l'homme de ce
temps qui a su donner au
trait sa grande, son intrin-
sèque valeur, au point de
le faire vivre d'une vie
propre : ce que représente
une oeuvre de M. Helleu,
ce n'est ni une femme, ni
une autre, ce sont des traits
d'abord. Et si je possédais
de lui une épreuve où il
eût simplement tracé quel-
ques linéaments tels que
lui seul les sait faire, je
crois que j'en aurais pres-
que autant de plaisir que
si ces linéaments dessi-
naient la plus élégante de
ses figures. La ténuité, la
pureté, l'élan, la graduation
de ces subtiles morsures
sont d'un attrait adorable:
fils de la Vierge ou griffes
félines, ce sont des signes
vivants, des lignes parlantes.
Par le trait M. Helleu
exprime les valeurs, les
plans: par le trait presque
sans insistance, sans accu-
mulations, sans ombres,
sans fonds — et il y a des
instants dans ses dessins où
le trait semble, bien que
noir, une raie de lumière
plus claire que le papier.
Ce trait magique est à lui seul. Les doigts
se laissent conduire par l'outil qui est fait
pour définir, et celui-ci agit comme sous
une impulsion magnétique. Alors le trait
multiforme se multiplie : en hachures ser-
rées il masse les ombres d'une chevelure, y
allume de riches chatoiements, brusquement