DOI article:
Mauclair, Camille: Paul Helleu
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.36674#0018
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espacer de vastes surfaces d'étoffes aux
indexions décoratives. Ainsi ia célèbre
pointe-sèche où s'inciine une visiteuse du
Louvre vers des cadres de dessins de Wat-
teau présente, de dos, ia fine jupe évasée
dont tout pii se concentre à ia taiile par
de subtiies obliques : et de là repartent,
autres obiiques d'une direction opposée,
ies nervures du corsage jusqu'à i'évase-
ment des épauies que couronne ia torsade
des cheveux, tandis que ie bras gauche, en
une évasion hardie, s'aiionge jusqu'à poser
sa main au pommeau de ia haute ombreiie
droite, dont ia verticaiité explique et sou-
tient tout l'ensembie pour le plaisir absolu
de l'œil. Ceia est d'une science complète —
et rien de plus fin que l'indication des
tabieautins du fond par des griffures menues
et capricieuses, juste assez pour qu'on voie,
sans que l'intérêt s'évade du point où l'ar-
tiste l'a voulu retenir, cette tête au chapeau
d'un orbe restreint et simple sous lequel
la chevelure est massive et profonde. De
tels jeux sont jeux de prince ; on n'ima-
ginera rien de plus séducteur et de plus
hardi que ce jet fuselé d'une grande
femme souple, tout ce qu'on lui
devine de souci de soi pour
qui la regarde — ce à quoi
elle pense plus qu'aux Watteau.
Ils prétextent une attitude de
jolie attention, et que d'esprit
dans la main, dans le moindre pli!
Edmond de Concourt aimait là,
avec raison, la lignée pure du
XVIID siècle : et Fragonard en
effet est ici, sans pastiche; Frago-
nard a vécu un siècle de plus.
L'intimité pressentie en ces
dessins — par le détail d'une con-
sole, la boiserie d'un canapé
Louis XVI, un bouquet, cette
intimité reste quand même glacée
et décorative. Il a fallu certains
croquis d'enfants et quelques por-
traits admirables de Helleu
pour que se décelât, surprise déli-
cate, la sensibilité tendre que l'ar-
tiste tient peu à faire connaître. Et
le petit dessin d'une fillette au
piano avec sa grand'mère —- s'en
souvient-on ? — est un chef-d'œuvre
espacer de vastes surfaces d'étoffes aux
indexions décoratives. Ainsi ia célèbre
pointe-sèche où s'inciine une visiteuse du
Louvre vers des cadres de dessins de Wat-
teau présente, de dos, ia fine jupe évasée
dont tout pii se concentre à ia taiile par
de subtiies obliques : et de là repartent,
autres obiiques d'une direction opposée,
ies nervures du corsage jusqu'à i'évase-
ment des épauies que couronne ia torsade
des cheveux, tandis que ie bras gauche, en
une évasion hardie, s'aiionge jusqu'à poser
sa main au pommeau de ia haute ombreiie
droite, dont ia verticaiité explique et sou-
tient tout l'ensembie pour le plaisir absolu
de l'œil. Ceia est d'une science complète —
et rien de plus fin que l'indication des
tabieautins du fond par des griffures menues
et capricieuses, juste assez pour qu'on voie,
sans que l'intérêt s'évade du point où l'ar-
tiste l'a voulu retenir, cette tête au chapeau
d'un orbe restreint et simple sous lequel
la chevelure est massive et profonde. De
tels jeux sont jeux de prince ; on n'ima-
ginera rien de plus séducteur et de plus
hardi que ce jet fuselé d'une grande
femme souple, tout ce qu'on lui
devine de souci de soi pour
qui la regarde — ce à quoi
elle pense plus qu'aux Watteau.
Ils prétextent une attitude de
jolie attention, et que d'esprit
dans la main, dans le moindre pli!
Edmond de Concourt aimait là,
avec raison, la lignée pure du
XVIID siècle : et Fragonard en
effet est ici, sans pastiche; Frago-
nard a vécu un siècle de plus.
L'intimité pressentie en ces
dessins — par le détail d'une con-
sole, la boiserie d'un canapé
Louis XVI, un bouquet, cette
intimité reste quand même glacée
et décorative. Il a fallu certains
croquis d'enfants et quelques por-
traits admirables de Helleu
pour que se décelât, surprise déli-
cate, la sensibilité tendre que l'ar-
tiste tient peu à faire connaître. Et
le petit dessin d'une fillette au
piano avec sa grand'mère —- s'en
souvient-on ? — est un chef-d'œuvre