L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (6,1.1904)

jouets apprennent de bonne
heure à voir la vie ainsique
les impressionnistes la repré-
sentent.
Un peintre norvégien,
M. Edouard Munch, entre
tous, a précisé son désir de
nous montrer la nature telle
qu'elle apparaît à des en-
fants.
Quand nous aurons pénétré
tous les goûts de l'enfant, dé-
sireux que nous fûmes de
retrouver l'enfant derrière
l'homme, nous rechercherons
comment la nature apparaît à
l'animal, avides de surprendre
alors ce qui reste de l'animal
dans la sensibilité visuelle de
l'enfant. Et, à mesure que vieil-
lira l'humanité, s'ahtrmera en
art la tendance qui remontera
le hl de notre physiologie jus-
qu'à l'enfance, jusqu'à l'anima-
lité. Et c'est à cause de cette
méthode d'investigation rétro-
spective de nos sensations que la
peinture demeurera le grand ra-
jeunissement des âges civilisés.
Elle sera vraiment le jouet de la
plus parfaite esthétique que se

RENOIR
fabriquera toujours l'huma-
nité, à jamais consciente du
prix de l'enfance. Et, comme
telle, la peinture sera de plus
en plusy'tprez^e. Pour le sen-
tir, qu'il vous suffise de com-
parer à l'émotion sereine et
un peu morne que nous
suggèrent les toiles du Lor-
rain et du Poussin, la yoz'e
trépidante et comme tatil-
lonne qu'inspirent des pay-
sages de Monet, de Cézanne,
de Renoir, de Diriks. Ceux-
ci nous imposent plutôt
/'amreY de la méditation,
ceux-là nous commandent
des rehexes de mouvement
et de joie.
MARIUS-ARY LEBLOND.

M"" DIRIKS