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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,1.1904

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Félice, Roger de: L' ameublement au Salon des Artistes Décorateurs
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https://doi.org/10.11588/diglit.36674#0124

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L'ART DÉCORATIF

pas là un de ces accessoires mobites dont la
réunion est un peu arbitraire et qui sont
appelés à se disperser à la An de l'exposition.
Quelle pauvre Agure fait ce plafond,
avec sa maigre et vague guirlande de Aeurs
entortillées de gaze, auprès des boiseries et
des meubles de M. Sauvage ! Les unes et
les autres sont faites d'un beau bois de frêne
verni, frêne de Hongrie pour les panneaux,
frêne ordinaire pour le reste. L'exécution a
été conAée à la maison Majorellej elle est
parfaite. La partie Axe de l'ébénisterie a cette
unité de jet, cette continuité de lignes, ces
courbes amples se fondant les unes dans les
autres, cet emploi copieux de la matière, qui
caractérisent les créations de M. Sauvage.
Des moulures à la fois grasses et fermes,
largement prises en plein bois, courent en
lambris bas au pied des murs, se gonAent
en piètements trapus d'où elles s'élancent,
ici pour soutenir une table à coiAer, — vaste
à pouvoir porter tout l'attirail qui transforme
une femme de cinquante ans en ingénue, —
puis encadrer la glace qui est au-dessus; là,
pour former le chambranle de deux baies de
communication jumelles et, dans leur in-
tervalle, l'encadrement à tablettes d'une che-
minée électrique surmontée d'un vitrail ; puis
elles redescendent, s'inAéchissent, rasent le
sol, et enAn, vis-à-vis de la table à coiAer,
rassemblent toute leur force pour un élan
nouveau qui les conduit autour d'une haute
psyché. Tout cela, qui est d'un joli ton jaune
pâle, donne une impression de logique, de
cohésion parfaite ; le modelé, fondu et enve-
loppé toujours, n'est pourtant jamais mou;
le bois prend une rare souplesse, et pourtant
ne laisse pas oublier sa nature; l'élégance
et les longues lignes Aexueuses et la robus-
tesse des supports se tempèrent à la perfec-
tion ; cela satisfait pleinement l'œil et l'esprit.
Les mêmes qualités se retrouvent dans les
meubles proprement dits. Dans la chaise-
longue et le fauteuil, la continuité, l'ampleur
des courbes du dossier touchent à l'excès.
Le dossier de la chaise gagnerait en outre
à être moins étroit. Et surtout ces meubles
ne sont pas recouverts de l'étoAe qu'il eût
fallu : M. Scheidecker a pris un parti de
maigreur excessive dans les silhouettes. Le
résultat n'est pas heureux ; et le choix des
couleurs ne l'est pas davantage, ce jaune des
narcisses se détachant sur le bleu ombré
du fond. L'erreur est d'autant plus déplo-

rable que l'exécution est plus précieuse :
c'est de la tapisserie au petit point des Go-
belins.
Disons vite, pour être juste envers M. Schei-
decker, que l'écran de foyer en métal et
vitraux, à motif de branches de clématite,
qu'il a créé avec M. Laumonnerie, et sa
cheminée électrique en cuivre patiné et re-
poussé, sont très heureusement conçus.
En soulevant une des deux portières à
grandes ombeliifères en applications sur pe-
luche, on pénètre dans le cabinet de toilette,
qui est inachevé. Lambrissé de carreaux en
grès de Bigot, il est meublé d'une large
table en marbre appuyée au mur et soutenue
par un puissant support en grès, à rinceaux,
qui se raccorde aux lambris, et de deux ar-
moires dont les portes seules sont exécutées,
en frêne, avec panneaux en verre américain
serti de cuivre, et tiroirs dans le bas. La
tenture, en étoAe unie, est ornée d'une frise
au pochoir rehaussée d'applications, fort
jolie malgré la juxtaposition de deux motifs
qui ne vont point ensemble : des algues et
des rameaux de clématite.
Telle est cette loge, qui témoigne d'un
grand eAort et qui est vraiment une belle
chose. On ne saurait trop admirer les facultés
créatrices d'un artiste qui, seul ou dans une
collaboration qui lui laisse toujours le pre-
mier rôle, a su mener à bien coup sur coup
et en si peu de temps des travaux aussi di-
vers que la maison de M. Majorelle à Nancy,
la salle de bain et les salons de vente de
M. Jansen, la charmante chambre d'enfant
du dernier Salon, et enAn cette loge d'actrice,
— toutes œuvres également neuves et fortes,
et où l'on ne peut rien trouver qui sente
l'improvisation ni la hâte.
M. Dufrène, dont les petits meubles,
l'année dernière, aux Arts Réunis, avaient
eu un si grand et si légitime succès, nous
propose cette fois un cabinet de travail : la
décoration murale, le bureau avec son fau-
teuil, un écran à tablette, un petit bahut-
bibliothèque, des étagères, le tout en noyer;
de plus, un lustre électrique, une pendule
et toute une collection de ces menus objets,
divers de matière et d'usage, où il dépense
sans compter ni s'épuiser jamais des trésors
d'ingéniosité, de grâce aisée et souriante.
Ses meubles sont d'une simplicité absolue,
presque schématique ; la ligne droite y do-
mine, animée seulement, çà et là et juste où

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