Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,1.1904

DOI Artikel:
Riotor, Léon: Un intérieur moderne
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.36674#0246

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ART DECORATIF

on se trouve au milieu de choses amies.
Agréable conséquence, pour le beau, d'efforts
divers coordonnés par un seul, curieuse
sensation que la plus minutieuse description
essaverait en vain d'analyser. Je vais cepen-
dant le tenter, en ces quelques lignes trop
brèves. Qu'il vous suffise d'abord de savoir
qu'il y a des ensembles et des petits coins
exquis, et que chaque détail, pris séparé-
ment, mérite qu'on s'y arrête.
La salle à manger ouvre sur l'anti-
chambre par une porte ronde double à
petits carreaux masqués de brise-bises sur
tringles de cuivre. Elle communique de
plain-pied avec le fumoir par une large
baie vitrée à quatre vantaux, en forme de
dôme. Cette disposition est, vous le savez,
usitée dans la plupart des maisons modernes.
Elle permet aux convives de se dégourdir
les jambes après le repas, de se grouper
selon leurs affinités en une plus vaste salle,
d'obtenir en une seule plusieurs pièces, avec
leurs retraits distincts, où chacun peut se dis-
perser suivant ses goûts. Les hommes aban-
donnent aux dames la table et les douceurs,
pour sacrifier au tabac favori qui facilite la
digestion et les confidences. Lorsqu'un sa-
lon, contigu, est ainsi adjacent au lieu prin-
cipal de réunion, les dames qui n'apprécient
ni le tabac ni les liqueurs s'y retirent. Mais
ici, ne l'oublions pas, c'est un logis de céli-
bataire.
Les lambris de ces deux pièces, spéciaux
à chacune d'elles, relient par le dessin et la
couleur les meubles entre eux, ce qui cons-
titue un heureux rappel du thème généra!
de décoration.
Dans la salle à manger, ce lambris, à
hauteur d'homme, est surmonté d'une ta-
blette bordée, sorte de desserte peu encom-
brante et des plus utiles, rupture heureuse
de lignes trop droites, qui permet la pose
d'assiettes, de vases ou de Heurs. Deux
buffets symétriques garnissent les côtés d'un
poêle droit en carreaux de grès flammés de
deux teintes. Ces buffets sont ainsi aména-
gés : dans le corps du bas deux tiroirs à
poignées en cuivre de jolie courbe, remem-
brance de la volute maigre, et bahut à
portes pleines, cave fermée au milieu. Dans
le corps du haut une vitrine à pans coupés,
rattrapant d'un côté le mur et la tablette
du lambris, de l'autre la paroi du poêle de

faïence, close de vitraux opalins dont le
motif ornemental est identique à celui de la
frise au pochoir qui court le long du chan-
frein du plafond. Sur le poêle un parement
de même bois que les buffets sert d'appui à
deux étagères d'encoignures soutenues par
un pied maigre. Entre elles est pendu contre
le parement un cartel en faïence de Barbe-
dienne.
Toute cette paroi de la muraille, — un
des côtés entier de la salle à manger, — est
donc ainsi garnie, de la gauche à la droite,
ou réciproquement : une partie de lambris
avec tablette bordée, un buffet à vitraux
pans coupés, le poêle en grès flammé sur-
monté de deux étagères et d'un parement,
un second buffet identique, encore une partie
de lambris à tablette.
Les parois en retour sont coupées, l'une
par la porte ronde de l'antichambre, l'autre
par la baie cintrée à quatre vantaux du fu-
moir, la troisième par deux fenêtres entre
lesquelles est accrochée une argentière vitrée
à consoles, d'une courbe simple à trois pans
droits.
Le meuble proprement dit se compose
d'une table moulurée ovale à cinq pieds,
extensible pour allonges, et de minuscules
fauteuils, bras en demi-cercle à appuis plats,
dossier incurvé, siège et fond couverts d'un
cuir orné au fer de marguerites triples éri-
gées en bouquets. Des petits bancs (tabourets
de pieds) et des dessertes volantes, sortes
de à pied ornementai divisé en quatre
spatules, s'entremêlent au meuble. Le bois
de tout cela, frêne ciré, brille très clair,
presque blanc, ombré délicatement.
Le décor de fond des murailles est un
papier havane couronné d'une frise de Pey-
ronné, de même teinte, représentant des
baies de troène stylisées, par triolets de deux
grosseurs, telles que sur les vitraux des
buffets. Aux fenêtres, des rideaux de drap
uni, genre « mastic w, montés sur tringles de
laiton avec anneaux et embrasses composées
d'un grand crochet de métal identique, d'une
forme souple. Au centre du plafond, pres-
que crème, un lustre en cuivre dore mat, à
motif de nénuphars, vastes feuilles, coulants
élastiques évoluant autour d'elles, selon le
courant tranquille des étangs ou des rivières
où croissent les aquatiques nymphées, am-
poules en Heurs blotties parmi les enlace-
ments de ces végétaux lacustres, lumière

198
 
Annotationen