DOI Artikel:
Thomas, Albert: La sculpture au Salon: (Société Nationale)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.36674#0282
L'ART DECORAT! F
venez ? En avant du premier
cercle, sous le triple geste des
géants qui désignent le seuil fatal,
/e Rezzxezm incline sa songerie.
11 contemple, avec une attention
passionnée, la foule des êtres qui
se traînent en bas du porche, qui
s'étreignent, qui s'épuisent de ca-
resses et de baisers, qui s'enivrent
du vin d'or des illusions, qui
suspendent aux panneaux, aux
montants leurs grappes palpi-
tantes, lourdes de rêves, et de
luxurieux et d'impossibles espoirs,
qui, depuis les déceptions de la
chair jusqu'aux angoisses de l'es-
prit, miment les phases de l'éter-
nelle souffrance. On ne voit pas
ici le porche infernal, non plus
que le grouillement innombrable
des damnés. Mais on les imagine
autour du sombre contemplateur.
On devine le drame que leur
spcctale déchaîne en lui. On sent
ce cerveau traversé de lueurs ful-
gurantes, ces moelles brûlées de
l'universel désir, ces muscles et
ces nerfs bandés par tous les ef-
forts, secoué par tous les spasmes,
cette gorge déchirée par tous
L. DEJEAN
menton et la bouche sur la
main droite renversée, cour-
bant sa nuque puissante,
son dos où les muscles
s'accusent en reliefs impres-
sionnants, pareils aux res-
sauts d'un terrain âpre que
ravinent les eaux torren-
tielles, l'homme s'absorbe
dans une intense méditation.
11 songe à des choses pro-
fondes et générales. Il est
nu. Il ne porte la marque
d'aucune race. Il est en
dehors du temps et du lieu.
C'est le songeur immortel
et anonyme. C'est, grandi,
coulé en un bronze aux
riches patines, le mystérieux
personnage qui surmonte
l'hallucinant chef-d'œuvre
des Rodin, la fameuse
aie /'A/z/er. Vous vous sou-
&7772C o^X77?d 772<?7ZZf<2M
ÆM3feJn'oz7*e^
J. DAMPT
230
venez ? En avant du premier
cercle, sous le triple geste des
géants qui désignent le seuil fatal,
/e Rezzxezm incline sa songerie.
11 contemple, avec une attention
passionnée, la foule des êtres qui
se traînent en bas du porche, qui
s'étreignent, qui s'épuisent de ca-
resses et de baisers, qui s'enivrent
du vin d'or des illusions, qui
suspendent aux panneaux, aux
montants leurs grappes palpi-
tantes, lourdes de rêves, et de
luxurieux et d'impossibles espoirs,
qui, depuis les déceptions de la
chair jusqu'aux angoisses de l'es-
prit, miment les phases de l'éter-
nelle souffrance. On ne voit pas
ici le porche infernal, non plus
que le grouillement innombrable
des damnés. Mais on les imagine
autour du sombre contemplateur.
On devine le drame que leur
spcctale déchaîne en lui. On sent
ce cerveau traversé de lueurs ful-
gurantes, ces moelles brûlées de
l'universel désir, ces muscles et
ces nerfs bandés par tous les ef-
forts, secoué par tous les spasmes,
cette gorge déchirée par tous
L. DEJEAN
menton et la bouche sur la
main droite renversée, cour-
bant sa nuque puissante,
son dos où les muscles
s'accusent en reliefs impres-
sionnants, pareils aux res-
sauts d'un terrain âpre que
ravinent les eaux torren-
tielles, l'homme s'absorbe
dans une intense méditation.
11 songe à des choses pro-
fondes et générales. Il est
nu. Il ne porte la marque
d'aucune race. Il est en
dehors du temps et du lieu.
C'est le songeur immortel
et anonyme. C'est, grandi,
coulé en un bronze aux
riches patines, le mystérieux
personnage qui surmonte
l'hallucinant chef-d'œuvre
des Rodin, la fameuse
aie /'A/z/er. Vous vous sou-
&7772C o^X77?d 772<?7ZZf<2M
ÆM3feJn'oz7*e^
J. DAMPT
230