L'ART DÉCORATIF
CONSTANTIN MEUNIER AflMCMC
a dressé tant de nobles, tant d'éloquentes
images. Le genou droit à terre, la main
gauche soutenant le menton, le coude gauche
sur la cuisse gauche, le bras droit laissant
tomber la courte pioche, il vient d'inter-
rompre son travail. Il a le torse et les pieds
nus, ii est vêtu d'un simple pantalon de
toile, coiffé du chapeau de cuir à bords
étroits. Il lève une face grave, passive, aux
muscles inertes, à la bouche amère, aux
yeux usés par les poussières de charbon,
par la lueur des lampes Davy, par les
larmes. Il pense, lui aussi; mais sa pensée
est confuse, elle envisage toute une existence
de privations et de peines, les maladies, les
famines, la courbature du quotidien labeur,
l'iniquité d'une condition sacrifiée; elle
monte peut-être, à travers les brumes de
la résignation machinale et de la stupeur,
jusqu'à des espoirs de réparations et de
revanches. Organisme las, ravagé, néanmoins
puissant, ce Æfntetir a derrière lui tous les
êtres que Constantin Meunier ht surgir un
à un des ténèbres du «pays noir)), tous les
martyrs du puits; du haut-fourneau et de
l'usine, les haveurs, les herschcurs, les pud-
dleurs, les lamineurs, les marteleurs, et tous
ceux aussi que sa pitié fut chercher dans
les champs, au long des quais, les portefaix,
les débardeurs, les faucheurs, les labou-
reurs, tous les damnés de l'Enfer social.
L'Enfer ! Non pas l'Enfer du Dante et de
Rodin, non pas l'Enfer des passions, mais
l'Enfer du travail. Par là se marquent
ANGST E;'o*Mre ?o?7i&<3/e
23q.
CONSTANTIN MEUNIER AflMCMC
a dressé tant de nobles, tant d'éloquentes
images. Le genou droit à terre, la main
gauche soutenant le menton, le coude gauche
sur la cuisse gauche, le bras droit laissant
tomber la courte pioche, il vient d'inter-
rompre son travail. Il a le torse et les pieds
nus, ii est vêtu d'un simple pantalon de
toile, coiffé du chapeau de cuir à bords
étroits. Il lève une face grave, passive, aux
muscles inertes, à la bouche amère, aux
yeux usés par les poussières de charbon,
par la lueur des lampes Davy, par les
larmes. Il pense, lui aussi; mais sa pensée
est confuse, elle envisage toute une existence
de privations et de peines, les maladies, les
famines, la courbature du quotidien labeur,
l'iniquité d'une condition sacrifiée; elle
monte peut-être, à travers les brumes de
la résignation machinale et de la stupeur,
jusqu'à des espoirs de réparations et de
revanches. Organisme las, ravagé, néanmoins
puissant, ce Æfntetir a derrière lui tous les
êtres que Constantin Meunier ht surgir un
à un des ténèbres du «pays noir)), tous les
martyrs du puits; du haut-fourneau et de
l'usine, les haveurs, les herschcurs, les pud-
dleurs, les lamineurs, les marteleurs, et tous
ceux aussi que sa pitié fut chercher dans
les champs, au long des quais, les portefaix,
les débardeurs, les faucheurs, les labou-
reurs, tous les damnés de l'Enfer social.
L'Enfer ! Non pas l'Enfer du Dante et de
Rodin, non pas l'Enfer des passions, mais
l'Enfer du travail. Par là se marquent
ANGST E;'o*Mre ?o?7i&<3/e
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