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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,2.1904

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Rambosson, Yvanhoé: La sculpture au Salon: (Société des Artistes Française)
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https://doi.org/10.11588/diglit.36675#0047

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LA SCULPTURE AU SALON (ARTISTES FRANÇAIS)


Depuis longtemps déjà nous avons vu
se former une sorte d'art populaire dans les
divers sens qu'on peut attribuer à ce mot.
De plus en plus les artistes se mêlent à la
vie du peuple. L'époque de la tour d'ivoire
n'est plus; le règne des déesses, des figures
conventionnelles et des
allégories tend à dispa-
raître. Le créateur s'in-
téresse à la vie qui
grouille autour de lui,
il y prend part, il s'y
baigne et il en rap-
porte une ample mois-
son d'idées et de sen-
sations qu'il traduira
en œuvres de force,
d'espoir ou de pitié;
il a compris peu à
peu, mais enfin, que
pour s'adresser à l'in-
telligence ou au cœur
des hommes il faut
leur parler de ce qui
les fait vivre, de leur
labeur, de leurs joies
ou de leurs souf-
frances; il a compris
que rien n'était plus
beau, plus noble, plus
digne d'être glorifié que
le travail quel qu'il
soit, et que le geste du
terrassier ou du mi-
neur était aussi signi-
ficatif, aussi important
que celui des plus
hauts penseurs, qu'il
symbolisait au même
titre le fond même de
notre existence.
A la suite de Constantin Meunier, qui
venait de révéler quelle source féconde de
rénovation artistique pouvait devenir l'obser-
vation du peuple souffrant et laborieux,
nombre de sculpteurs se sont intéressés aux
attitudes du travail ouvrier et cherchèrent
eux aussi à retremper leurs inspirations aux
sources mêmes de la sève nationale et à sur-
prendre dans la rue, sur les chantiers, dans
les faubourgs, le geste simple, vrai, spon-
tanément éclos sur l'être proche de la terre,
comme une branche d'arbre naturellement
se courbe et se dirige.

J. TOURNOUX

Cette tendance pénétra si profondément
dans le monde de la sculpture que les pon-
tifes de l'art le plus académique voulurent
eux aussi sacrifier à la vision nouvelle. C'est
ainsi que nous sommes obligés de subir un
Ozœrz'er 77zeA//zz7*^*AA dont M. Gérome, mal-

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gré le bronze, n'a su livrer qu'une extério-
rité banale à peine digne d'enrichir les pen-
dules à vingt-cinq francs — avec la paire
de flambeaux — dont les bazars offrent,
hélas ! aux ménages médiocres l'inesthétique
satisfaction.
Mais à côté de cette triste statuaire, nous
pouvons heureusement admirer sans réserve
les deux belles œuvres de M. Cordonnier.
La première, intitulée Azzz* A Luné, repré-
sente une femme aveugle offrant de la main
droite la sébile à l'aumône, et de sa gauche
maigrie retenant un enfant triste, grelottant
sous un châle effiloché. Les vêtements se
 
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