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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,2.1904

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Riotor, Léon: La maison de Diriks
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https://doi.org/10.11588/diglit.36675#0142

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L'ART DECORATIF


de choisir elle-même son roi. Elle choisit
Bernadotte.
Christian Adolphe Diriks fut ministre
de la Justice, puis de l'Instruction publique
et des Cultes du nouveau monarque. C'était
un merveilleux ciseleur d'ivoire. On raconte

qu'une dame de la cour se lamentait un
jour devant Sa Majesté d'avoir inutilement
tenté de faire réparer le collier de hn ivoire
qui faisait son orgueil, brisé par un heurt
malencontreux. « Madame, lui répondit le
Roi, il n'y a que mon ministre de la Justice
pour réparer cela... )>
Ses trois fils devinrent l'un, le père
d'Edward, auditeur général de la Justice
militaire, les deux autres officiers de marine.
Tous trois pratiquaient des métiers manuels,
menuisiers et sculpteurs. Edward Diriks,
destiné à être juriste, lâcha l'Université de
Christiania, où il respira cette atmosphère

de lièvre et d'enthousiasme qui prépare l'art
Scandinave, pour s'instruire, ainsi que la
plupart de ses congénères, aux centres in-
tellectuels du Danemark et de l'Allemagne.
N'oublions pas que le danois est la véritable
langue littéraire de la Norvège. Il étudia
l'architecture à Berlin,
commença la peinture,
vit Dusseldorf, Mu-
nich. Puis, de retour,
réalisa lui aussi l'union
politique en épousant
sa femme Anna, une
Suédoise d'U psal, aqua-
relliste et statuaire.
A eux deux ils des-
sinèrent, découpèrent,
dressèrent, peignirent
l'habitation et les
meubles de Droebak.
Le bâti est en troncs
d'arbres, comme un
blockhaus, bardé de
planches à mi-hauteur
contre l'entassement
des neiges. La pente
du terrain est si forte
que le rez-de-chaussée
devient un deuxième
étage. Les sapins, les
chênes et les bouleaux
qui l'environnent se
courbent sur le sol
pour résister à l'en-
traînement. L'intérieur
est de plans super-
posés, il n'y a pas deux
parquets au même ni-
veau, de chambre en
chambre il faut fran-
chir des marches. Ce qui est d'autant plus
curieux, c'est qu'il n'existe aucune cloison.
Une unique pièce comprend toutes les sta-
tions de la vie, travail, repos, sustentation,
éducation, sommeil. L'ornementation en fut
particulièrement dévolue à l'épouse. Tandis
que le peintre sciait, rabotait, clouait les
planches, couvrait de vermillon les murs
extérieurs de bois, où maintenant grimpent
des vignes vierges, enduisait de blanc les
angles, les arêtes du pignon aigu et le tour
des fenêtres, Anna Diriks prodiguait dans
son domaine l'harmonie de l'intimité dans
la fantaisie.

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