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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,2.1904

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Frantz, Henri: Santiago Rusinñol: le peintre des jardins d'Espagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.36675#0152

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L'ART DECORATIF

demandent pas leur inspiration à la seule
nature, mais qui nous la montrent enrichie
des beautés dont les hommes la vêtirent et
auxquelles le temps a ajouté une si magni-
fique mélancolie. C'est, on le voit, revenir à
la formule que Baudelaire défendait si bien
lorsqu'il écrivait: «Je regrette encore, et
j'obéis peut-être aux accoutumances de ma

du XIX^ siècle le choix du sujet et le souci
de la composition aient été trop souvent
négligés par les peintres, et surtout par les
impressionnistes. Certes, je suis loin de
nier et le mérite de certains d'entre eux et
les services que ceux-ci ont rendus à la pein-
ture française en la ramenant à la lumière
du plein air ; cela est incontestable, mais il


jeunesse, le paysage romantique, et même
le paysage romanesque qui existait déjà au
XVIIT siècle. Nos paysagistes sont des ani-
maux beaucoup trop herbivores. Ils ne se
nourrissent pas volontiers des ruines, et,
sauf un petit nombre d'hommes tels que
Fromentin, le ciel et le désert les épou-
vantent. Je regrette ces grands lacs qui re-
présentent l'immobilité dans le désespoir,
les immenses montagnes, escaliers de la pla-
nète vers le ciel, les châteaux forts (oui, mon
cynisme ira jusque-là), les abbayes crénelées
qui se mirent dans les mornes étangs, les
ponts gigantesques, les constructions ninivites
habitées par le vertige, et enfin tout ce qu'il
faudrait inventer, si tout cela n'existait pas!))
Il semble que dans la dernière moitié

faut bien reconnaître aussi que les peintres
impressionnistes n'ont guère comjtoxé, se
bornant le plus souvent à fixer avec fidélité
les paysages qui s'offrent à eux. Ils ne choi-
sissent guère dans la nature et négligent
toute préoccupation du sujet ; notez encore
qu'ils ne sortent guère des mêmes motifs ;
ils ne voyagent pas ; en dehors de Moret,
de Melun, de Poissy le monde n'existe pas
pour eux, et les délicieuses visions de Venise
de Boudin ne sont dans l'impressionnisme
qu'un accident. De là peut-être la lassitude
que d'aucuns éprouvèrent devant ces éter-
nelles variations sur un même thème, le
désir ressenti de voir le domaine du peintre
s'élargir et puiser à toutes les sources de
beauté que lui offre la nature.

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