L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (6,2.1904)

BING et GRŒNDAHL (Dépôt chez G. Rouard, «A la Paix.)

L'assiette de cette série s'orne de feuilles de
fougère stylisées. Un gaudronné y happe la
lumière et fait jouer la porcelaine par elle-
même, tandis qu'une frêle arcade d'or,
épousant le contour, réchauffe, ajoure et
allège l'ensemble.
Sur le service, dont la mouette fournit
le leitmotiv, la couleur est également ré-
duite à sa plus simple expression. Regardez
une des assiettes : la mouette plane ; au-
dessous d'elle, un bleu gris Copenhague
tient la place de la mer et monte en dé-
gradé pour évoquer le ciel toujours plus clair
que l'eau. Cette simple application faite au
vaporisateur suffit à donner à la vaisselle un
charme de îinesse et de mesure qu'on ren-
contre rarement. Sur le marli, des écailles
de poissons ressortent en accents peu pro-
noncés; d'où un aspect frémissant qui con-
traste avec la sérénité du bassin. Les anses de

la soupière, du légumier et de diverses autres
pièces, en s'appropriant les courbes de l'hip-
pocampe, ne détournent point notre pensée
des choses maritimes dont s'est inspiré
l'inventeur du modèle.
Le service <x papillon bleu )> est un peu
moins homogène. Il emprunte au précédent
le motif de l'hippocampe et ses assiettes
sont plus compliquées. Elles se distinguent
par un repoussé peu sensible d'écailles de
poissons, avec un tour d'écailles ajourées et
des groupements d'autres écailles méthodi-
quement répétés et teintés en bleu de co-
balt. De modestes fleurettes rehaussent le
bassin d'une enjolivure, au centre de la-
quelle s'étale un papillon.
Je viens de rendre hommage au carac-
tère réfléchi des productions de la manufacture
de Copenhague; la manufacture royale de
Saxe, elle aussi, mérite que l'on souligne ses


RING et GRŒNDAHL

,q3