DOI article:
Roche, Pierre: L' art rustique, [1]
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.36675#0194
L'ART DECORATIF
reste de la fournée. Ils ne pas voir
qu'un caprice du feu en a fait des mer-
veilles. Il faut, pour sauver ces véritables
objets d'art, qu'il se rencontre de passage
un artiste comme de Vallombreuse, ou jadis
un Carriès, pour en faire sortir le renou-
veau de la céramique moderne.
A cet exemple conscient « d'art rustique »
se trouvaient joints les tâtonnements, presque
instinctifs dans leur barbarie, mais précieux
par leur sincérité, des paysans de tous les
pays.
Les vanneries d'écorce de bouleau de
Thierry-Delanoue, les sculptures sur
bois de M. Roger Marx, viennent des cam-
pagnes les plus primitives de la Russie. Les
curieux modèles décoratifs de Moravie et
les objets d'Herzégovine exposés par M. Rais
ainsi que les faïences et les bois de Hongrie
de Regius proviennent de pays lointains.
Enfin il a fallu la passion d'un Bafîfer pour
exhumer de coins inexplorés du Berry l'en-
semble de formes admirables qu'il exposait,
depuis des gourdes et des écuelles en grès
jusqu'à cette panetière de berger qui dans
les tons fauves de son écorce était aussi
belle que peut l'être un beau bronze.
La ville enfermée dans ses murailles
avec ses maisons, ses rues et ses lumières
est en insurrection constante contre la nature.
Elle est un petit monde réduit à la taille de
la moyenne des hommes, en face du véri-
table et vaste monde. Là Aeurit un art raf-
finé mais borné, qui va se subtilisant sans
cesse dans des formules étroites, oubliant
de plus en plus ce qui existe en dehors de
lui.
Aux champs cet oubli est impossible,
et si l'homme ne peut songer à dompter la
nature, du moins son intelligence lui donne
comme le vague espoir de l'apprivoiser. Il
prépare le sillon, il tend la voile au vent,
il sourit à l'immense beauté. Il s'eAorce
détourner à son avantage l'énergie indomptée
de la création, et tel est le génie de «l'art
rustique M.
PtERRE ROCHE,
(H XMz'fre.)
Derzdozr de cAmper/zer,* Cni/ïerpoMrprezzdz*e /Am feereynonze dzz t/ze — Azpozzf
t 60
reste de la fournée. Ils ne pas voir
qu'un caprice du feu en a fait des mer-
veilles. Il faut, pour sauver ces véritables
objets d'art, qu'il se rencontre de passage
un artiste comme de Vallombreuse, ou jadis
un Carriès, pour en faire sortir le renou-
veau de la céramique moderne.
A cet exemple conscient « d'art rustique »
se trouvaient joints les tâtonnements, presque
instinctifs dans leur barbarie, mais précieux
par leur sincérité, des paysans de tous les
pays.
Les vanneries d'écorce de bouleau de
Thierry-Delanoue, les sculptures sur
bois de M. Roger Marx, viennent des cam-
pagnes les plus primitives de la Russie. Les
curieux modèles décoratifs de Moravie et
les objets d'Herzégovine exposés par M. Rais
ainsi que les faïences et les bois de Hongrie
de Regius proviennent de pays lointains.
Enfin il a fallu la passion d'un Bafîfer pour
exhumer de coins inexplorés du Berry l'en-
semble de formes admirables qu'il exposait,
depuis des gourdes et des écuelles en grès
jusqu'à cette panetière de berger qui dans
les tons fauves de son écorce était aussi
belle que peut l'être un beau bronze.
La ville enfermée dans ses murailles
avec ses maisons, ses rues et ses lumières
est en insurrection constante contre la nature.
Elle est un petit monde réduit à la taille de
la moyenne des hommes, en face du véri-
table et vaste monde. Là Aeurit un art raf-
finé mais borné, qui va se subtilisant sans
cesse dans des formules étroites, oubliant
de plus en plus ce qui existe en dehors de
lui.
Aux champs cet oubli est impossible,
et si l'homme ne peut songer à dompter la
nature, du moins son intelligence lui donne
comme le vague espoir de l'apprivoiser. Il
prépare le sillon, il tend la voile au vent,
il sourit à l'immense beauté. Il s'eAorce
détourner à son avantage l'énergie indomptée
de la création, et tel est le génie de «l'art
rustique M.
PtERRE ROCHE,
(H XMz'fre.)
Derzdozr de cAmper/zer,* Cni/ïerpoMrprezzdz*e /Am feereynonze dzz t/ze — Azpozzf
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