LE SENTIMENT ARCHITECTURAL DANS L'AMEUBLEMENT
cret; plus rien de te) n'y subsiste aujour-
d'hui.
Rien n'est livré à ia fantaisie décora-
tive ; pas un détail qui ne soit utile et ex-
pliqué par une nécessité technique ; tout a
une fonction, et une fonction pratique. Il
faut examiner de près chaque table, chaque
buffet, chaque vitrine, pour se rendre
compte de la somme d'études techniques
que représente une réalisation qui, au pre-
G. SERRURIER
mier abord, paraissait si aisée. Voici un pe-
tit bureau de dame auquel sont adjointes à
droite et à gauche deux feuilles de para-
vent; cette fusion de deux meubles en un
seul n'est pas une fantaisie, elle répond à
des besoins très précis. Les deux panneaux
mobiles donnent au meuble une plus grande
stabilité ; par surcroît, ils amplifient sa sil-
houette, qui serait sans eux un peu maigre :
la hauteur du meuble paraîtrait dispropor-
tionnée avec sa largeur; et pourtant il n'est
pas utile qu'il soit plus large. Ramenés en
avant, ils garantissent la personne qui écrit
des courants d'air, et aussi des regards in-
discrets ; ils lui donnent une impression de
recueillement et de tranquillité. Abaissons
et relevons l'abattant du bureau, nous sommes
tout surpris de sa légèreté paradoxale : c'est
qu'il est muni, dans l'épaisseur de la mon-
ture, de contrepoids qui annihilent sa pe-
santeur et le rendent aisé à manier pour la
main de femme la plus délicate. Les char-
nières de cet abattant, pour qu'il ait la
fixité voulue, doivent être très solides :
aussi sont-elles renforcées de pentures en
cuivre poli qui sont des motifs de décor
très heureux; ses angles sont renforcés par
des cornières : autre motif qui concourt à
la richesse sobre et rafhnée du meuble.
La table à thé-vitrine, presque toute en
lames de cristal, est un meuble très fin,
d'une grande sveltesse ; néanmoins tout y a
été combiné pour le maximum de stabilité.
La base, large et solide, défie les heurts ;
tous les angles sont arrondis pour que rien
ne puisse accrocher au passage. L'encadre-
ment de chacune des parois de cristal a,
dans le bas, une saillie courbe qui ôte à
['ensemble la sécheresse qui le gâterait si
tout était rectiligne : est-ce un simple orne-
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cret; plus rien de te) n'y subsiste aujour-
d'hui.
Rien n'est livré à ia fantaisie décora-
tive ; pas un détail qui ne soit utile et ex-
pliqué par une nécessité technique ; tout a
une fonction, et une fonction pratique. Il
faut examiner de près chaque table, chaque
buffet, chaque vitrine, pour se rendre
compte de la somme d'études techniques
que représente une réalisation qui, au pre-
G. SERRURIER
mier abord, paraissait si aisée. Voici un pe-
tit bureau de dame auquel sont adjointes à
droite et à gauche deux feuilles de para-
vent; cette fusion de deux meubles en un
seul n'est pas une fantaisie, elle répond à
des besoins très précis. Les deux panneaux
mobiles donnent au meuble une plus grande
stabilité ; par surcroît, ils amplifient sa sil-
houette, qui serait sans eux un peu maigre :
la hauteur du meuble paraîtrait dispropor-
tionnée avec sa largeur; et pourtant il n'est
pas utile qu'il soit plus large. Ramenés en
avant, ils garantissent la personne qui écrit
des courants d'air, et aussi des regards in-
discrets ; ils lui donnent une impression de
recueillement et de tranquillité. Abaissons
et relevons l'abattant du bureau, nous sommes
tout surpris de sa légèreté paradoxale : c'est
qu'il est muni, dans l'épaisseur de la mon-
ture, de contrepoids qui annihilent sa pe-
santeur et le rendent aisé à manier pour la
main de femme la plus délicate. Les char-
nières de cet abattant, pour qu'il ait la
fixité voulue, doivent être très solides :
aussi sont-elles renforcées de pentures en
cuivre poli qui sont des motifs de décor
très heureux; ses angles sont renforcés par
des cornières : autre motif qui concourt à
la richesse sobre et rafhnée du meuble.
La table à thé-vitrine, presque toute en
lames de cristal, est un meuble très fin,
d'une grande sveltesse ; néanmoins tout y a
été combiné pour le maximum de stabilité.
La base, large et solide, défie les heurts ;
tous les angles sont arrondis pour que rien
ne puisse accrocher au passage. L'encadre-
ment de chacune des parois de cristal a,
dans le bas, une saillie courbe qui ôte à
['ensemble la sécheresse qui le gâterait si
tout était rectiligne : est-ce un simple orne-
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