L'ART DECORATIF
dénonce indubitablement cette œuvre en
même temps qu'elle !a Oit puissante et
saine, mais en y adjoignant ia force d'une
pensée consciente qui ne vit point seulement,
mais juge la vie et la sait belle, le réalisme des
AzcoDze^x atteignait logiquement le symbo-
lisme de l'AzzLtzzzzze et de ia GzuzzaL Lozn*.
Je ne sais pas parmi les contemporains
l'exemple d'une conduite plus volontaire et
plus logique d'un tempérament d'artiste et
ce qu'il faut admirer davantage de l'œuvre
ou de la volonté qui la mena.
Cette œuvre apparaît précisément trop
volontaire pour qu'il soit aisé de démêler
quelles influences s'y exercèrent, et sans
chercher plus longtemps d'effectives in-
fluences dont l'artiste lui-même n'a point
toujours conscience et dont l'attribution
peut n'étre que gratuite, peut-être y aura-t-il
plus d'intérêt à relier sans affirmation d'in-
fluence l'œuvre de Dufau à celle de
peintres du passé ou du présent auxquelles
l'àme qui s'y exprime s'apparente.
Si l'on peut dire de Dufau qu'elle
s'est complue à peindre « la chair florissante
et saine, ia riche et frémissante palpitation,
la pulpe sanguine et sensible qui s'épanouit
à la surface de l'être animé)), comme Taine
le dit de Rubens et des peintres de son
époque, le sens féminin de charme presque
involontaire qui l'éloigne aussitôt de ia vio-
lence de ceux-ci et de l'expression brutale
devant laquelle ils ne reculent point incite
à chercher ailleurs quelque rapport plus in-
time, si l'on peut ainsi dire, encore que ce
ne soit qu'un fi ténu par quoi l'on se plaît
à joindre deux lointaines âmes d'artiste, et
qui Ta peut-être point d'autre réalité que
notre involontaire impression.
Des Azcoc/ze^x à la GzmzzaL LozT la
force sut s'exprimer sans violence, et le
contentement de la chair qui s'y affirme se
dégage de toute sensualité; le but de l'artiste
qui fut d'exprimer l'équivalence du nu an-
tique dans une atmosphère modernement
réelle et vivante fut atteint par le charme
d'une force le plus chastement puissante
qui soit. Ce n'est point la la marque des
Flamands, cependant que le sens antique de
l'Italie du XV° siècle offre nécessairement
un peintre où quelque chose de l'essence
même de l'œuvre de M'*" Dufau se retrouve
sans étonnement, et c'est l'un des plus
grands : Corrège.
L'amplitude des formes qu'il évoqua le
distingue autant des Italiens de son époque
que sa naturelle noblesse éloigne ses nudi-
tés splendides des personnages Aamands;
cette amplitude n'est pas le moindre signe
de puissance de Dufau, en même temps
que l'ensoleillement persistant dont elle
éclaire ses visions rappelle la claire com-
préhension de l'admirable Italien. Ils ont
tous deux le même amour de la vie et des
formes saines; de leurs œuvres se dégage
plus qu'une sensation, comme une émana-
tion de chaleur douce et captrice, et la lu-
mière s'y répartit selon le même mode qui
fait de leurs toiles une clarté totale d'où se
détachent graduellement par endroits des
clartés plus fortes.
Mais il y a chez Corrège une inimi-
table séduction par quoi il s'élève au-dessus
des peintres de tous les temps, séduction
faite de noblesse à la fois et de charme
simple; ce n'est point tant par la séduction
que par la puissance que Dufau nous
saisit, et dans ces raccourcis qui sont une
expression commune au peintre italien et
au peintre moderne, l'un donne une im-
pression de grâce et l'autre exprime le sens
d'une énergie inquiète. Ainsi s'éloignent
l'un de l'autre ces deux peintres ici réunis;
car si l'enveloppe extérieure de leur œuvre
semble bien attester une réelle parenté, la
pensée qui conduit chacune d'elles est loin-
tainement différente, et c'est l'indice des
temps. Si les formes pleines des femmes de
Jazz.v tfDé, de l'AzzAwzzzi?, de Ayê/77776 ou de
la GzmzznL Fozv évoquent les inoubliables
figures d'TzzRopa ou d'7o, leur âme n'est
point semblable et sous la chair éclatante
des premières frémissent, incontentés, des
muscles en vouloir d'agir.
Quatre siècles séparent Corrège du
peintre de l'ÆzAmzzz^, la nature du peintre
féminin s'atteste plus nerveuse : les visages
de femmes où se reflète la forme de ses
désirs le témoignent; la gravité de l'époque
a élargi les fronts et fermé les lèvres sou-
riantes.
Les œuvres des maîtres aident à com-
prendre les successives formes qu'alfectèrcnt
au cours du temps les sentiments dont 1 es-
sence demeure à jamais intangible. Corrège
et M'ie Dufau marquent excellemment com-
bien la joie d'autrefois fut distante de celle
d'â présent, ou plutôt leurs œuvres perrnet-
aoq
dénonce indubitablement cette œuvre en
même temps qu'elle !a Oit puissante et
saine, mais en y adjoignant ia force d'une
pensée consciente qui ne vit point seulement,
mais juge la vie et la sait belle, le réalisme des
AzcoDze^x atteignait logiquement le symbo-
lisme de l'AzzLtzzzzze et de ia GzuzzaL Lozn*.
Je ne sais pas parmi les contemporains
l'exemple d'une conduite plus volontaire et
plus logique d'un tempérament d'artiste et
ce qu'il faut admirer davantage de l'œuvre
ou de la volonté qui la mena.
Cette œuvre apparaît précisément trop
volontaire pour qu'il soit aisé de démêler
quelles influences s'y exercèrent, et sans
chercher plus longtemps d'effectives in-
fluences dont l'artiste lui-même n'a point
toujours conscience et dont l'attribution
peut n'étre que gratuite, peut-être y aura-t-il
plus d'intérêt à relier sans affirmation d'in-
fluence l'œuvre de Dufau à celle de
peintres du passé ou du présent auxquelles
l'àme qui s'y exprime s'apparente.
Si l'on peut dire de Dufau qu'elle
s'est complue à peindre « la chair florissante
et saine, ia riche et frémissante palpitation,
la pulpe sanguine et sensible qui s'épanouit
à la surface de l'être animé)), comme Taine
le dit de Rubens et des peintres de son
époque, le sens féminin de charme presque
involontaire qui l'éloigne aussitôt de ia vio-
lence de ceux-ci et de l'expression brutale
devant laquelle ils ne reculent point incite
à chercher ailleurs quelque rapport plus in-
time, si l'on peut ainsi dire, encore que ce
ne soit qu'un fi ténu par quoi l'on se plaît
à joindre deux lointaines âmes d'artiste, et
qui Ta peut-être point d'autre réalité que
notre involontaire impression.
Des Azcoc/ze^x à la GzmzzaL LozT la
force sut s'exprimer sans violence, et le
contentement de la chair qui s'y affirme se
dégage de toute sensualité; le but de l'artiste
qui fut d'exprimer l'équivalence du nu an-
tique dans une atmosphère modernement
réelle et vivante fut atteint par le charme
d'une force le plus chastement puissante
qui soit. Ce n'est point la la marque des
Flamands, cependant que le sens antique de
l'Italie du XV° siècle offre nécessairement
un peintre où quelque chose de l'essence
même de l'œuvre de M'*" Dufau se retrouve
sans étonnement, et c'est l'un des plus
grands : Corrège.
L'amplitude des formes qu'il évoqua le
distingue autant des Italiens de son époque
que sa naturelle noblesse éloigne ses nudi-
tés splendides des personnages Aamands;
cette amplitude n'est pas le moindre signe
de puissance de Dufau, en même temps
que l'ensoleillement persistant dont elle
éclaire ses visions rappelle la claire com-
préhension de l'admirable Italien. Ils ont
tous deux le même amour de la vie et des
formes saines; de leurs œuvres se dégage
plus qu'une sensation, comme une émana-
tion de chaleur douce et captrice, et la lu-
mière s'y répartit selon le même mode qui
fait de leurs toiles une clarté totale d'où se
détachent graduellement par endroits des
clartés plus fortes.
Mais il y a chez Corrège une inimi-
table séduction par quoi il s'élève au-dessus
des peintres de tous les temps, séduction
faite de noblesse à la fois et de charme
simple; ce n'est point tant par la séduction
que par la puissance que Dufau nous
saisit, et dans ces raccourcis qui sont une
expression commune au peintre italien et
au peintre moderne, l'un donne une im-
pression de grâce et l'autre exprime le sens
d'une énergie inquiète. Ainsi s'éloignent
l'un de l'autre ces deux peintres ici réunis;
car si l'enveloppe extérieure de leur œuvre
semble bien attester une réelle parenté, la
pensée qui conduit chacune d'elles est loin-
tainement différente, et c'est l'indice des
temps. Si les formes pleines des femmes de
Jazz.v tfDé, de l'AzzAwzzzi?, de Ayê/77776 ou de
la GzmzznL Fozv évoquent les inoubliables
figures d'TzzRopa ou d'7o, leur âme n'est
point semblable et sous la chair éclatante
des premières frémissent, incontentés, des
muscles en vouloir d'agir.
Quatre siècles séparent Corrège du
peintre de l'ÆzAmzzz^, la nature du peintre
féminin s'atteste plus nerveuse : les visages
de femmes où se reflète la forme de ses
désirs le témoignent; la gravité de l'époque
a élargi les fronts et fermé les lèvres sou-
riantes.
Les œuvres des maîtres aident à com-
prendre les successives formes qu'alfectèrcnt
au cours du temps les sentiments dont 1 es-
sence demeure à jamais intangible. Corrège
et M'ie Dufau marquent excellemment com-
bien la joie d'autrefois fut distante de celle
d'â présent, ou plutôt leurs œuvres perrnet-
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