CLÉMENTINE-HÉLÈNE DUFAU
volontiers vers la face joyeuse du Destin.
En des modes d'expression dilïérents et à
travers des tempéraments divers, la même
confiance en la vie émane de la pensée vio-
lente et de l'instinct touffu de M. Paul
Adam, de la délicatesse sensuelle et fastueuse
de M. de Régnier, de la
pénétrante intelligence de
M. Camille Mauclair, de
l'orchestration largement po-
pulaire de M. Gustave
Charpentier, et de tant
d'autres consacrant leur
énergie de pensée et de cœur
à cette œuvre d'encourage-
ment à la vie, qu'il s'agisse
des essais de M. Maurice
Maeterlinck, des bronzes de
Constantin Meunier ou des
poèmes symphoniques de
M. Vincent d'Indy. La joie
de vivre, mais une joie de
vivre qui n'est pas plus
l'enivrement sentimental des
jeunes générations de i83o
que l'insouciance des jouis-
seurs du second Empire,
qui n'est pas l'unique et
libre déploiement de l'ins-
tinct de la race dédaigneuse
de sa puissance intellec-
tuelle, c'est une joie de
vivre plus grave, et surtout
plus consciente, une joie
déjà contenue et plus durable
d'être contenue, une joie
qui renferme en soi la vo-
lonté d'être telle, et qui n'est
plus seulement la satisfac-
tion d'un organisme qui
fonctionne normalement ou
l'expression de sentiments
que rien n'a contrariés,
mais l'équilibre d'une active
pensée qui se sent saine dans un corps
qui a sans cesse besoin d'action, une joie
qui a conscience de la tristesse du monde,
mais qui sait dans la puissance de son acti-
vité et l'expansion de son altruisme des
moyens d'apaiser cette mélancolie et d'ap-
procher l'universelle sagesse.
A vrai dire, ce grand mouvement de
confiance en la vie semble bien s'être moins
nettement affirmé en peinture; peut-être les
moyens d'expression n'étaient-ils point assez
sûrs encore, car l'humilité patiente à la fois
et violente des impressionnistes devant les
forces de la Nature, devant son atmosphère
et ses tonalités n'est point encore cette foi
où se mêle une pensée consciente. Seul
ZA/ayapM poar /rv éco/os
peut-être parmi ceux qui sont les maîtres
d'aujourd'hui, M. Albert Besnard nous offre
clairement l'expression grandiose et sans
cesse renouvelée de cette volontaire con-
fiance en la vie, que l'on considère /T/e
/zearea^e, les fresques de Berck ou les h?a/-
hazzv' z/zze caveaa'e ha /ac h'Azzzzecr,*
mais quand bien même ce mouvement
d'idées qui s'imprime si fortement dans les
œuvres des écrivains contemporains s'éten-
volontiers vers la face joyeuse du Destin.
En des modes d'expression dilïérents et à
travers des tempéraments divers, la même
confiance en la vie émane de la pensée vio-
lente et de l'instinct touffu de M. Paul
Adam, de la délicatesse sensuelle et fastueuse
de M. de Régnier, de la
pénétrante intelligence de
M. Camille Mauclair, de
l'orchestration largement po-
pulaire de M. Gustave
Charpentier, et de tant
d'autres consacrant leur
énergie de pensée et de cœur
à cette œuvre d'encourage-
ment à la vie, qu'il s'agisse
des essais de M. Maurice
Maeterlinck, des bronzes de
Constantin Meunier ou des
poèmes symphoniques de
M. Vincent d'Indy. La joie
de vivre, mais une joie de
vivre qui n'est pas plus
l'enivrement sentimental des
jeunes générations de i83o
que l'insouciance des jouis-
seurs du second Empire,
qui n'est pas l'unique et
libre déploiement de l'ins-
tinct de la race dédaigneuse
de sa puissance intellec-
tuelle, c'est une joie de
vivre plus grave, et surtout
plus consciente, une joie
déjà contenue et plus durable
d'être contenue, une joie
qui renferme en soi la vo-
lonté d'être telle, et qui n'est
plus seulement la satisfac-
tion d'un organisme qui
fonctionne normalement ou
l'expression de sentiments
que rien n'a contrariés,
mais l'équilibre d'une active
pensée qui se sent saine dans un corps
qui a sans cesse besoin d'action, une joie
qui a conscience de la tristesse du monde,
mais qui sait dans la puissance de son acti-
vité et l'expansion de son altruisme des
moyens d'apaiser cette mélancolie et d'ap-
procher l'universelle sagesse.
A vrai dire, ce grand mouvement de
confiance en la vie semble bien s'être moins
nettement affirmé en peinture; peut-être les
moyens d'expression n'étaient-ils point assez
sûrs encore, car l'humilité patiente à la fois
et violente des impressionnistes devant les
forces de la Nature, devant son atmosphère
et ses tonalités n'est point encore cette foi
où se mêle une pensée consciente. Seul
ZA/ayapM poar /rv éco/os
peut-être parmi ceux qui sont les maîtres
d'aujourd'hui, M. Albert Besnard nous offre
clairement l'expression grandiose et sans
cesse renouvelée de cette volontaire con-
fiance en la vie, que l'on considère /T/e
/zearea^e, les fresques de Berck ou les h?a/-
hazzv' z/zze caveaa'e ha /ac h'Azzzzecr,*
mais quand bien même ce mouvement
d'idées qui s'imprime si fortement dans les
œuvres des écrivains contemporains s'éten-