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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,2.1904

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Mauclair, Camille: La peinture et la sculpture au Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.36675#0275

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L'ART DECORATIF

Eh ! certes ! mais ici il n'y a que ce
qu'on voit.
Le groupe des élèves de Moreau a
« donné x aussi. Je n'aime pas ce qu'il a
montré; mais je n'en ferai pas les plaisan-
teries faciles qu'on s'en permet. Desvallières
et Rouault sont des artistes qui ont fait
leurs preuves et valent mieux qu'une rail-
lerie. Je ne sais pas du tout pourquoi Rouault
a passé un vernis noir sur ses toiles, où

J. ADLER
l'on ne peut presque rien soupçonner. Mais
ses petits paysages tristes, whistiériens, ne
sont pas de tout le monde. J'ignore pour-
quoi Desvallières, qui avait un si soiide
dessin, un si vrai talent, même applique à
un symbolisme archaïque contestable, se
met à ne plus dessiner et à ne plus peindre
et fait des sortes de caricatures de Lautrec et
surtout d'Anglada. Je crois qu'il se trompe
à fond depuis deux ans. C'est mon droit de
le dire, d'autant plus que j'ai loué souvent
cet artiste de race. Mais ce n'est pas mon
droit, ni celui de personne, de s'en gausser.
Rouault et lui, esprits affinés, lettrés, nourris
de religions et de symboles, ont une crise de
réalisme, et après avoir refusé à la vie ordi-
naire le droit d'entrer dans leur art hiératique,

ils vont chercher contraste et renouvelle-
ment dans les grands bars, les music-halls
et les filles. Je me demande ce qu'il en ad-
viendra. Mais qui sait si cela ne les mè-
nera pas à une bonne période? Et puis,
c'est tout de même joli de couleur et de
matière parfois, et le portrait en noir et la
Az'//e oru7zg*e de Desvallières, c'est encore
solide et bien. Quant à M. René Piot, in-
contestablement c'est un coloriste brillant.
Ses déformations
et son symbo-
lisme me parais-
sent seulement
être de la mau-
vaise littérature;
au fond, ces êtres
à têtes extraordi-
naires, à formes
anormales, ne
signifient rien du
tout. Mais, en-
visagés comme
des tentures, ces
tableaux symbo-
listes sont des
taches amusantes.
Je ne vois
pas, par exemple,
pourquoi on
éreinte tant ces
peintres alors
qu'on couvre d'é-
loges les pastels
décoratifs de M.
Odilon Redon,
Cm AJl/zezu* (Photographie Crevaux) lesquels sont d'un
symbolisme aussi puéril et d'une couleur ni
plus ni moins agréable. Le pire du sno-
bisme, c'est qu'il n'est pas franc. J'admire
les mystiques, de Novalis à Elello, et Bau-
delaire, et Poë, et j'aime beaucoup la méta-
physique, et le mystère, et Mallarmé; mais
tortt cela n'a aucun rapport de beauté, d'art
et de pensée avec M. Redon coloriste, alors
qu'avec M. Redon lithographe cela en avait
parfois un peu '. Il y a là une surprenante
naïveté. Auprès de ces œuvres « hermé-
i Ses lithographies sont très belles de blanc
et noir, et certaines, comme Ecnm c/ox, Régule
sont émouvantes par un certain roman-
tisme décadent qu'il exprime par l'amorphe et
que Moreau inscrivait dans une forme acadé-
mique.


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