L'ART DECORATIF
ciens officiels pourront lui reprocher la li-
berté de sa facture, mais cette inhabileté a
en elle-même un charme particulier dont
nous avaient déshabitués les professionnels.
Comme aquafortiste, M. Pankiewicz
donne ses préférences à l'interprétation des
vieilles architectures, et ses vues de Chartres,
de Rouen, de Notre-Dame de Paris, sont
autant des œuvres précieuses et fortes que
les visions d'un délicat et d'un érudit.
Ce n'est pas un copiste servile de la
nature, mais dans ses vues architecturales
il a cherché l'effet d'un moment, la sym-
phonie de l'ensemble, sans se préoccuper
de l'exactitude géométrique.
Il y a autant de genres d'eau-forte de
M. Pankiewicz que de motifs interprétés
par lui.
Il ne s'attarde pas à des détails inu-
tiles : il prend dans un monument comme
Notre-Dame de Paris juste ce qu'il faut
pour nous faire sentir la délicatesse de ses
dentelles de pierres, mais il s'attache sur-
tout à rendre l'effet imposant de la masse
architecturale dans l'ambiance de l'at-
mosphère. Sa pénétration du caractère
gothique lui a permis, en réunissant les
qualités du peintre, du graveur et du poète,
de concevoir une œuvre noble et élevée et
de tirer de l'ancien édifice la synthèse d'un
esprit nouveau, mais continuateur des bonnes
traditions.
Le caractère mystérieux des vieilles rues
ne hante pas moins M. Pankiewicz que la
féerie de Venise ou la mélancolie des plaines
de la Pologne. Les planches les plus carac-
téristiques sont précisément ses souvenirs
de Pologne, ou il rend par la pointe-sèche
les formes imprécises des marais s'estom-
pant dans les lourdes vapeurs. — La série
de planches sur l'Italie, qui comprend le
Cuzzu/<? Crmzhe ù LezzAe, une LAzV/e zvzg <7e
Nz'ezzzze, le RozzA Lecc/zz'o <fz A/ozœzzce, le
Cu.s7<?/ <f<? /'Oro, etc., sera la plus intéres-
sante. Là, le graveur atteint le summum de
la virtuosité dans le chatoiement métallique
des noirs veloutés et puissants, dans la tris-
tesse grise de certaines heures ou à la lu-
mière des ciels italiens.
Pénétré de l'esprit de Rembrandt et
fidèle à sa tradition, M. Pankiewicz s'inspire
des spectacles de la vie. Nul souci de litté-
rature n'a influencé son œuvre si intéres-
sante et si forte. Le poète et l'érudit qu'il
est vont droit au but sans se préoccuper de
ces caprices qui font ressembler certains ar-
tistes à des producteurs d'articles de modes.
A l'abri d'influences néfastes, ne travaillant
que d'après les impressions ressenties,
l'œuvre de M. Pankiewicz restera, parce
quelle est sincère, parce quelle est vraie.
ADOLPHE BASLER.
23q
Aozzezz. — Le CoMry-A-Rezzze
ciens officiels pourront lui reprocher la li-
berté de sa facture, mais cette inhabileté a
en elle-même un charme particulier dont
nous avaient déshabitués les professionnels.
Comme aquafortiste, M. Pankiewicz
donne ses préférences à l'interprétation des
vieilles architectures, et ses vues de Chartres,
de Rouen, de Notre-Dame de Paris, sont
autant des œuvres précieuses et fortes que
les visions d'un délicat et d'un érudit.
Ce n'est pas un copiste servile de la
nature, mais dans ses vues architecturales
il a cherché l'effet d'un moment, la sym-
phonie de l'ensemble, sans se préoccuper
de l'exactitude géométrique.
Il y a autant de genres d'eau-forte de
M. Pankiewicz que de motifs interprétés
par lui.
Il ne s'attarde pas à des détails inu-
tiles : il prend dans un monument comme
Notre-Dame de Paris juste ce qu'il faut
pour nous faire sentir la délicatesse de ses
dentelles de pierres, mais il s'attache sur-
tout à rendre l'effet imposant de la masse
architecturale dans l'ambiance de l'at-
mosphère. Sa pénétration du caractère
gothique lui a permis, en réunissant les
qualités du peintre, du graveur et du poète,
de concevoir une œuvre noble et élevée et
de tirer de l'ancien édifice la synthèse d'un
esprit nouveau, mais continuateur des bonnes
traditions.
Le caractère mystérieux des vieilles rues
ne hante pas moins M. Pankiewicz que la
féerie de Venise ou la mélancolie des plaines
de la Pologne. Les planches les plus carac-
téristiques sont précisément ses souvenirs
de Pologne, ou il rend par la pointe-sèche
les formes imprécises des marais s'estom-
pant dans les lourdes vapeurs. — La série
de planches sur l'Italie, qui comprend le
Cuzzu/<? Crmzhe ù LezzAe, une LAzV/e zvzg <7e
Nz'ezzzze, le RozzA Lecc/zz'o <fz A/ozœzzce, le
Cu.s7<?/ <f<? /'Oro, etc., sera la plus intéres-
sante. Là, le graveur atteint le summum de
la virtuosité dans le chatoiement métallique
des noirs veloutés et puissants, dans la tris-
tesse grise de certaines heures ou à la lu-
mière des ciels italiens.
Pénétré de l'esprit de Rembrandt et
fidèle à sa tradition, M. Pankiewicz s'inspire
des spectacles de la vie. Nul souci de litté-
rature n'a influencé son œuvre si intéres-
sante et si forte. Le poète et l'érudit qu'il
est vont droit au but sans se préoccuper de
ces caprices qui font ressembler certains ar-
tistes à des producteurs d'articles de modes.
A l'abri d'influences néfastes, ne travaillant
que d'après les impressions ressenties,
l'œuvre de M. Pankiewicz restera, parce
quelle est sincère, parce quelle est vraie.
ADOLPHE BASLER.
23q
Aozzezz. — Le CoMry-A-Rezzze