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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Félice, Roger de: Dentelles et broderies au Pavillon de Marsan
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0096

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L'ART DÉCORATIF

d'ivoire où sont sculptées, en relief très
doux, des têtes de femmes. Les beaux em-
piècements que cela ferait, pour des man-
teaux du soir, qui, sans autre ornement,
seraient de la somptuosité la plus raffinée !
Puis ce sont, du même Lalique, les
broderies en applications de drap d'or et
en ficelles qui ornaient une des salles de
l'Art français à l'Exposition de Liège; de
Ory-Robin, avec des œuvres déjà vues,
un nouveau panneau, d'une polychromie
plus étendue: c'est un massif d'hortensias
sous un saule pleureur, broderie de coton
brillant et d'or discret, applications d'étoffes
aux tons amortis, encadrement de grosses
ficelles : c'est un peu confus, par trop délavé,
mais toujours de haut goût; de M. Bonvallet,
qui ne se borne pas à ses admirables cuivres,
deux paravents déjà assez anciens, en appli-
cations: serpents vomissant des flammes,
champ de blé piqué de coquelicots et de
pissenlits: dessin plein de caractère, cou-
leurs crues et heurtées; de M. de Feure,
encore un paravent, ancien lui aussi, à mon-
ture en bois doré, panneaux de soie crème
brodée au passé de fleurs blanches, autres
panneaux en tapisserie de soie au petit point,
longues femmes serpentines que leurs robes
laissent nues, longs lévriers efflanqués: art
plein de style, art de haute race, d'un dan-
dysme à la Montesquiou; de M. Mezzara,
les coussins que l'on connaît, coussin au
paon, coussin au hibou, en toile blanche
brodée au plumetis, avec médaillon de bro-
derie sur filet; portière en applications de

velours sur velours, déjà vue; rideaux blancs
à larges entre-deux verticaux brodés à jour
de rameaux d'olivier et de branches de roses;
de M"e Colvis, un joli petit tapis rond orné
de feuilles et graines de pissenlit.
Arrêtons-nous un instant, elles en valent
la peine, devant les broderies de M. M. P.
Verneuil, exécutées par un atelier de jeunes
filles. Nous avons dit récemment notre goût
très vif pour ces objets d'usage en toile de
couleur brodée de coton ou de lin, dont la
simplicité de bon aloi, la franchise d'effet,
l'exquise harmonie de coloris sont si sédui-
santes. Sur une nouvelle série de ridicules,
de cosies, de napperons, de petits tapis, vit
et s'épanouit toute une faune et toute une
dore d'une rare vérité de caractère : soleils
et capricornes, algues et hippocampes,
bourdons et solanée bleue, libellules et iris
d'eau, eucalyptus, sauges, fraises, groseilles
et raisins. Tout cela est excellent.
Gardons-nous d'oublier une section,
trop restreinte, mais pleine d'intérêt, consa-
crée à l'art populaire de la broderie et de
la dentelle, qui achève de mourir au fond
de nos provinces. Les coiffes bretonnes y
voisinent avec les bonnets alsaciens, les
broderies blanches qui ornent aux épaules
les blouses bleues des gars normands, avec
les béguins éclatants des petites Bigoudènes :
tout cela a la mélancolie des choses Unis-
santes^ que l'affreuse uniformité moderne
aura bientôt anéanties à tout jamais.
ROGER DE FÉLICE.


FIGUES, GUYONNET et C'° PoÙzf tfg Femlye (guipure À t'aiguille)
(Photographie communiquée par M"'° Vve Ch. Schmid, Editeur:
-Le.s* Grazzcfas Cof/ccf:'o?i.s tfg ytuczcMnes ef
 
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