L'ART ET LES VITRAUX MODERNES
La faute est générale et le défaut d'édu-
cation artistique en a été la principale cause.
L'Art est une ffeur délicate qui exige
une culture particulière et qui n'est pas le
fait de la grande industrie.
L'organisation industrielle lui est fatale
parce qu'elle répond à des besoins différents.
de coloration; on s'arrange comme on peut
des tons du commerce en prétextant, ce qui
désarme la critique, la nécessité de l'emploi
des tons anciens.
Ces verres du commerce n'ont d'ailleurs
aucun rapport avec les verres anciens. Mais
qui donc est en état d'en juger? Celui qui
Carton de H. MARCEL MAGNE
de A' Jean
C'est avec son cœur qu'un artiste com-
pose son œuvre, il ne la subordonne pas,
en la créant, à une idée de lucre. Celui qui
met en valeur ses capitaux a un but tout
autre. Il lui faut alimenter en travaux lu-
cratifs son personnel et son matériel sous
peine d'aboutir à la faillite.
Il économisera donc, s'il s'agit d'un vi-
trail, tout ce qu'il pourra économiser sur
les frais du carton, sur la qualité des verres,
sur l'épaisseur des plombs, sur les frais du
montage, et son travail sera d'autant plus
lucratif que l'art y tiendra moins de place.
A cet égard les imitations archéolo-
giques sont d'un bon rapport. Pas de frais
de carton : un calque suffit; pas de recherche
fait le don d'un vitrail est souvent aussi
ignorant que celui qui le reçoit, et lorsqu'ils
sont convaincus tous deux qu'ils ont un
vitrail en pur style «Byzantin)) ou «Re-
naissance)) iis n'en demandent pas davantage.
Il a fallu près d'un demi-siècle pour
éveiller chez quelques artistes, à la vue des
œuvres anciennes, cette pensée qu'on pouvait
faire autre chose que des imitations d'art
ancien et que l'art français n'était pas à ce
point décrépit qu'on ne fût plus capable de
dessiner une ligure d'après nature.
M. Luc Olivier Merson, l'un des artistes
les plus distingués de ce temps et l'un de
ceux qui ont eu de l'art la conception la
plus haute et la plus large, a, l'un des
97
La faute est générale et le défaut d'édu-
cation artistique en a été la principale cause.
L'Art est une ffeur délicate qui exige
une culture particulière et qui n'est pas le
fait de la grande industrie.
L'organisation industrielle lui est fatale
parce qu'elle répond à des besoins différents.
de coloration; on s'arrange comme on peut
des tons du commerce en prétextant, ce qui
désarme la critique, la nécessité de l'emploi
des tons anciens.
Ces verres du commerce n'ont d'ailleurs
aucun rapport avec les verres anciens. Mais
qui donc est en état d'en juger? Celui qui
Carton de H. MARCEL MAGNE
de A' Jean
C'est avec son cœur qu'un artiste com-
pose son œuvre, il ne la subordonne pas,
en la créant, à une idée de lucre. Celui qui
met en valeur ses capitaux a un but tout
autre. Il lui faut alimenter en travaux lu-
cratifs son personnel et son matériel sous
peine d'aboutir à la faillite.
Il économisera donc, s'il s'agit d'un vi-
trail, tout ce qu'il pourra économiser sur
les frais du carton, sur la qualité des verres,
sur l'épaisseur des plombs, sur les frais du
montage, et son travail sera d'autant plus
lucratif que l'art y tiendra moins de place.
A cet égard les imitations archéolo-
giques sont d'un bon rapport. Pas de frais
de carton : un calque suffit; pas de recherche
fait le don d'un vitrail est souvent aussi
ignorant que celui qui le reçoit, et lorsqu'ils
sont convaincus tous deux qu'ils ont un
vitrail en pur style «Byzantin)) ou «Re-
naissance)) iis n'en demandent pas davantage.
Il a fallu près d'un demi-siècle pour
éveiller chez quelques artistes, à la vue des
œuvres anciennes, cette pensée qu'on pouvait
faire autre chose que des imitations d'art
ancien et que l'art français n'était pas à ce
point décrépit qu'on ne fût plus capable de
dessiner une ligure d'après nature.
M. Luc Olivier Merson, l'un des artistes
les plus distingués de ce temps et l'un de
ceux qui ont eu de l'art la conception la
plus haute et la plus large, a, l'un des
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