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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Sedeyn, Émile: Exposition de soieries au Musée Galliera
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0126

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L'ART DECORATIF

ment du XIX" siècle. Au temps où les
manufactures les mieux organisées em-
ployaient des moteurs mus par la force
animale', Lyon produisait exclusivement des
étoffes de grand prix, confectionnées en pure


CHA.TEL et TASSINARt ÙC G&C-?

soie. Aujourd'hui, dans une grande va-
riété de tissus façonnés ou unis, la soie
est associée à la laine ou au coton, le prix
s'en trouve abaissé sensiblement et la fabri-
cation s'adresse aussitôt à une clientèle bien
plus étendue. Pourtant, les producteurs fran-
çais déplorent pour la plupart ce qu'ils
* En iyq5, d'après le Afcrcare de France,
un cheval faisait marcher trente métiers, un
homme attelé à un manège pouvait en ac-
tionner six.

considèrent non sans raison comme une
déchéance, et sont loin de se reposer aveu-
glément sur la situation enviable et enviée
dont ils jouissent encore actuellement. Le
chiffre des exportations, depuis qu'on ne
{fabrique plus exclusivement des étoffes de
iiluxe, manque de stabilité; certaines années,
il s'abaisse de façon inquiétante (on a vu
des chutes de 5o millions en 1894, de près
de 25 millions en 1898). D'autre part, la
production de plus en plus active de l'Ex-
trême-Orient constitue un danger d'autant
(plus grand que la matière première nous
(manque. La sériciculture, autrefois si pros-
'père chez nous, est en pleine décadence.
.Depuis une cinquantaine d'années la récolte
'des cocons est tombée de 25 millions de
kilogrammes à un peu plus de 6 millions
par an. A côté de ces problèmes écono-
miques qui ont absorbé jusqu'ici la plus
'grande attention des fabricants, il est clair
!que d'autres problèmes, des problèmes ar-
tistiques, devaient se poser à leur tour dès
l'instant où les arts du logis et du meuble,
tributaires de l'industrie de la soie, entraient
eux aussi en évolution.
Il semble bien que l'exposition du Mu-
sée Galliera ait justement été organisée pour
mettre cette préoccupation artistique en évi-
dence et pour montrer ce qu'on a fait pour
y répondre. Ainsi l'intention s'en dégage
pour l'observateur, mais pour l'observateur
seulement, en dépit de la place donnée bien
à tort à une partie accessoire, anecdotique,
qui contribue à rendre plus frappante encore
l'insuffisance de cette manifestation. Faut-il
ajouter qu'on n'aperçoit d'ailleurs le but de
cette tentative que pour constater, avec dé-
pit, qu'il n'a pas été toujours atteint. Vrai-
ment, l'industrie, qui montre une telle répu-
gnance, une telle défiance à l'égard de
l'esthétique moderne, semble parfois ne lui
faire quelques concessions que pour mieux
la combattre et faire rire de ses prétentions.
A l'heure présente, il est difficile de
trouver dans le commerce une étoffe de
soie décorée pouvant s'adapter à un inté-
rieur, à un ensemble mobilier de concep-
tion moderne. Du moderne? Il en est ici
en abondance, pourtant. Vous retrouverez
les houx, les angéliques, les soleils et les
iris, dûment stylisés selon la formule, que
vous avez déjà mille fois salués sur la por-
celaine, sur le bois, sur le cuir, sur tout.
 
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