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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Clouzot, Henri: L' art rustique: bijoux poitevins et vendéens
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0184

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L'ART DECORATIF

massive. Au contact de ces générations suc-
cessives de laboureurs, le bijou s'est modifié
jusqu'au point où il s'est trouvé répondre
aux besoins et aux goûts de la race. Une
fois là, il s'est fixé. Le bijou rustique est né.
Nous ne voudrions pas être trop absolu.
Mais n'est-ce pas une dangereuse utopie que
de chercher des créateurs d'art dans le peuple
des campagnes? Transformateurs et conser-
vateurs, tant qu'on voudra; inventeurs, nous
ne le croyons pas. A remonter à la source
de tous ces objets de mobilier, de costume,
de parure qui nous charment aujourd'hui
par leur grâce naïve et leur simplicité de
forme, nous retrouvons presque toujours un
modèle à l'usage de la bourgeoisie et des
classes riches.
Malheureusement, rien n'est si difficile
que de retrouver ce type primitif. Une fois
tombé dans le patrimoine commun du peuple,
le bijou a perdu sa personnalité, son état
civil. Il a revêtu un caractère spécial, que
nous appelons «art populaires, faute d'un
terme plus précis. Date-t-il de cinquante
ans ou de trois siècles? Nul ne peut le dire
avec certitude. Il n'a plus d'âge.

L'esclavage, malgré ses allures étrus-
ques, ne remonte guère qu'à la fin du dix-
huitième siècle, peut-être même au premier
Empire. Les agrafes d'hommes datent pro-
bablement de Louis XVI. Le cœur d'or, que
certains ont rapproché de la romaine,
ne dépasse pas sans doute le dix-septième
siècle. La bague de fiançailles « elle a mon
cœur" est contemporaine de la Renaissance.
Mais qui pourra fixer l'époque des agrafes
de cape et des épingles-fibules dont on
retrouve les modèles dans les sépultures
gallo-romaines?
D'ailleurs, qu'importent les origines et
les influences dans ces beaux bijoux? Ce
qu'il faut retenir, c'est la pureté de leurs
formes prêtes à disparaître devant l'invasion
de la bijouterie en faux venue de Paris,
de Suisse ou d'Allemagne. Cette industrie
charmante est perdue si les artistes et les
gens de goût ne s'intéressent à ces produits
de notre vieil art national et n'essayent de
les faire revivre en mettant leurs formes si
simples et si pures sous les yeux de nos
modernes décorateurs.
HENRI CLOUZOT.


(Photographie A. H. C.) Agra/C-? 777<37ZfC<3M (CoHection Je M"'° H. Ciouzot)

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