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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Rambosson, Yvanhoé: La peinture et la sculpture au Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0188

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L'ART DÉCORATIF


M"" GONYN DE LURIEUX
ques snobs névrosés ou ignorants se pâment
devant ces productions informes et parfois
même les achètent feignant d'y découvrir des
beautés que le vulgaire n'y saurait voir. Ainsi
l'on se fait au regard des sots ou des timides
une réputation d'intelligence avertie. Mais
si vous demandez à ces parfaits connais-
seurs la raison de leur admiration, ils ne
sauront vous répondre que par un regard dé-
daigneux, et de ce qu'aucune parole d'éclair-
cissement ou de logique ne sera tombée de
leurs lèvres les triomphantes insanités gar-
deront peut-être à certains yeux la force
troublante du mystère.
Il est temps cependant de dévoiler le
bluff et de signaler le piège grossier tendu
au public par une poignée de commerçants
et de critiques associés à quelques arrivistes
présomptueux. Clamons bien haut que l'Art
ne doit pas servir des intérêts de boutique
et de coterie, et qu'aujourd'hui les mar-
chands sont entrés dans le temple. Sur
quelques tréteaux branlants ils vendent au
rabais de la camelote toujours trop chère et
il faut stigmatiser ceux qui se prêtent par

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leur adhésion ou par leur silence à cette
démoralisation du milieu d'art et à cette
duperie de la bonne foule.
Rappelons aussi que toute la jeunesse
n'est pas là où on crie fort, où on brandit
en hurlant des loques multicolores. Il y a
toujours eu et il y a encore plusieurs jeu-
nesses. Il y a celle des gens qui sont jeunes
tant qu'ils ne sont pas arrivés et je connais
certains jeunes de cinquante ans qui ris-
quent fort de retourner en enfance avant
de s'être jamais avoués des hommes mûrs.
Puis il y a la bohème turbulente des beaux
parleurs fainéants qui préfèrent les bocks et
la fumée des pipes au travail de l'atelier.
Cette jeunesse-là n'a pas le temps de mé-
diter, elle n'a pas le temps de concevoir.
Elle ne consacre à produire que quelques
heures d'une fantaisie intermittente qui n'est
plus la fleur de la raison, mais seulement le
fruit amer et desséché de l'aberration et de
l'impuissance.
Or, à côté des individualités aigries ou
tapageu&es, il en est d'autres qui préparent
dans le silence, avec l'acharnement de la

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