L'ART DECORATIF
— rangée d'arbres grêles au premier pian,
fleuve, viiiage, champs eu damiers sur des
coteaux — dont ie parti très franc de larges
taches synthétiques en verres clairs, dans
une gamme de bleus, de verts et de jaunes,
est vraiment heureux.
Bien jolies, les décorations murales de
M. Simmen : papiers épais peints au pochoir
de naïves pâquerettes et de branches d'arbres
où pépient des oiseaux blancs; frise cou-
rante, pour le haut d'un lambris, où se ré-
pète un paysage en marqueterie.
Et nous aurons terminé avec la déco-
ration architecturale et murale quand nous
aurons signalé, de M'"s Ory-Robin, ces tou-
jours charmantes tentures en toiles brodées
de hls d'or et de ficelles, qui du reste figu-
raient naguère au Pavillon de Marsan ; et
les intéressantes petites tapisseries suédoises
de M. Oison.
Peu, très peu de meubles. Une salle à
manger en noyer de M. Raguel est, comme
toujours, d'une exécution impeccable, su-
perbe au point de vue ébénisterie et menui-
serie; c'est même un peu trop «menuisier)),
pourrait-t-on dire en songeant aux entre-
toises rectilignes qui supportent le corps
supérieur du buffet, et à leurs assemblages.
Sévère de lignes, d'un parti constructif nette-
ment déclaré, ce buffet s'égaye, aux quatre
petits panneaux du haut, à l'abattant du
corps inférieur— disposition chère à M. Ra-
guel —- de belles sculptures, grasses et ner-
veuses à la fois, motifs de pommes, de
cerises, de poires, de noisettes et de houblon.
Enfin de jolies cuivreries, délicatement ci-
selées, complètent le meuble. Les chaises et
la table, dans leur extrême simplicité, sont
élégantes et bien conçues.
M. Jallot, dont nous avons mainte fois
loué et reproduit ici les savoureuses sculp-
tures sur bois, expose lui aussi une salle à
manger, en chêne, qui est comme le déve-
loppement d'un des ensembles les mieux
réussis du récent concours de mobiliers à
bon marché : construction robuste, logique,
bien pondérée; aspect d'ensemble un peu
lourd et rigide ; cela a quelque chose, un
certain manque de grâce et de légèreté, qui
est plus germanique que français. Mais les
sculptures sont originales et poussées de
main de maître.
Un architecte, M. Desclers, nous montre
l'exécution d'une cheminée-bibliothèque en
noyer et cuivre repoussé, et plusieurs photo-
graphies de meubles pour une maison à
Thaon-les-Vosges. Ce sont d'adroits pas-
tiches: la cheminée est de style anglais et
serait, à Londres, parfaitement banale; les
autres meubles sont du Selmersheim, du
Landry, du de Feure...
M. Szabo se révèle bon artisan du métal,
avec une paire de landiers en fer forgé, dont
les lignes sinueuses sont souples, sans l'être
trop pour du fer, et s'agrémentent de fleurs
fermement stylisées qui ont le mérite, rare
en ferronnerie moderne, de ne pas se pro-
poser le papier chiffonné pour modèle;
M. Brindeau est à son ordinaire personnel,
ingénieux, très maître d'un métier bien à lui;
M. Jacquin, artiste curieux et divers, scrute
avec passion les jeux de l'acide et du feu
sur le cuivre: certaines de ses petites coupes
patinées sont d'une somptuosité de taches
magnifique. M.Schenck, qui expose d'autre
part une bonne grille de clôture en fer forgé
et fonte de cuivre, se montre lui aussi « pa-
tineur)) excellent; ses plaques de portes en
cuivre ou en fer — que l'on a jugé bon
de placer à peu près hors de vue — valent
pourtant plus encore par l'invention dans le
décor et par la beauté du repoussé. Mais le
maître incontestable dans l'art de cuisiner
l'épiderme des métaux, c'est toujours M. Hé-
brard. Sa collaboration avec M. Husson a
produit une fois de plus d'amirables pièces
en cuivre incrusté d'argent, coupes où s'in-
curve une branche de bryone, où s'étale la
fine structure d'une scabieuse, d'où se dégage
et pointe le museau camus d'un grondin.
Et voici le bataillon des vaillants céra-
mistes: que de pots, grands dieux! que de
pots répandent-ils par le monde... Mais les
ressources de leur tour, de leur four et de
leurs marchands de produits chimiques sont
telles que nous n'en sommes pas encore à
la satiété, et que chacun arrive à se diffé-
rencier suffisamment des autres: M. et M"^
Massoul, avec leurs émaux éblouissants, leurs
jaunes, leurs bleus profonds, leurs violets
intenses dont la vieille Egypte leur a livré
la formule; M. Decœur, dont la nouvelle
manière est si belle, si raffinée: bruns mats,
noirâtres, où descendent des eoulées gris
d'argent marbrées çà et là de pâles tur-
quoises; M. Gillet, fantaisiste qui sur des
formes barbares revêtues d'une gangue,
dirait-on, millénaire, pose le paradoxe de
182
— rangée d'arbres grêles au premier pian,
fleuve, viiiage, champs eu damiers sur des
coteaux — dont ie parti très franc de larges
taches synthétiques en verres clairs, dans
une gamme de bleus, de verts et de jaunes,
est vraiment heureux.
Bien jolies, les décorations murales de
M. Simmen : papiers épais peints au pochoir
de naïves pâquerettes et de branches d'arbres
où pépient des oiseaux blancs; frise cou-
rante, pour le haut d'un lambris, où se ré-
pète un paysage en marqueterie.
Et nous aurons terminé avec la déco-
ration architecturale et murale quand nous
aurons signalé, de M'"s Ory-Robin, ces tou-
jours charmantes tentures en toiles brodées
de hls d'or et de ficelles, qui du reste figu-
raient naguère au Pavillon de Marsan ; et
les intéressantes petites tapisseries suédoises
de M. Oison.
Peu, très peu de meubles. Une salle à
manger en noyer de M. Raguel est, comme
toujours, d'une exécution impeccable, su-
perbe au point de vue ébénisterie et menui-
serie; c'est même un peu trop «menuisier)),
pourrait-t-on dire en songeant aux entre-
toises rectilignes qui supportent le corps
supérieur du buffet, et à leurs assemblages.
Sévère de lignes, d'un parti constructif nette-
ment déclaré, ce buffet s'égaye, aux quatre
petits panneaux du haut, à l'abattant du
corps inférieur— disposition chère à M. Ra-
guel —- de belles sculptures, grasses et ner-
veuses à la fois, motifs de pommes, de
cerises, de poires, de noisettes et de houblon.
Enfin de jolies cuivreries, délicatement ci-
selées, complètent le meuble. Les chaises et
la table, dans leur extrême simplicité, sont
élégantes et bien conçues.
M. Jallot, dont nous avons mainte fois
loué et reproduit ici les savoureuses sculp-
tures sur bois, expose lui aussi une salle à
manger, en chêne, qui est comme le déve-
loppement d'un des ensembles les mieux
réussis du récent concours de mobiliers à
bon marché : construction robuste, logique,
bien pondérée; aspect d'ensemble un peu
lourd et rigide ; cela a quelque chose, un
certain manque de grâce et de légèreté, qui
est plus germanique que français. Mais les
sculptures sont originales et poussées de
main de maître.
Un architecte, M. Desclers, nous montre
l'exécution d'une cheminée-bibliothèque en
noyer et cuivre repoussé, et plusieurs photo-
graphies de meubles pour une maison à
Thaon-les-Vosges. Ce sont d'adroits pas-
tiches: la cheminée est de style anglais et
serait, à Londres, parfaitement banale; les
autres meubles sont du Selmersheim, du
Landry, du de Feure...
M. Szabo se révèle bon artisan du métal,
avec une paire de landiers en fer forgé, dont
les lignes sinueuses sont souples, sans l'être
trop pour du fer, et s'agrémentent de fleurs
fermement stylisées qui ont le mérite, rare
en ferronnerie moderne, de ne pas se pro-
poser le papier chiffonné pour modèle;
M. Brindeau est à son ordinaire personnel,
ingénieux, très maître d'un métier bien à lui;
M. Jacquin, artiste curieux et divers, scrute
avec passion les jeux de l'acide et du feu
sur le cuivre: certaines de ses petites coupes
patinées sont d'une somptuosité de taches
magnifique. M.Schenck, qui expose d'autre
part une bonne grille de clôture en fer forgé
et fonte de cuivre, se montre lui aussi « pa-
tineur)) excellent; ses plaques de portes en
cuivre ou en fer — que l'on a jugé bon
de placer à peu près hors de vue — valent
pourtant plus encore par l'invention dans le
décor et par la beauté du repoussé. Mais le
maître incontestable dans l'art de cuisiner
l'épiderme des métaux, c'est toujours M. Hé-
brard. Sa collaboration avec M. Husson a
produit une fois de plus d'amirables pièces
en cuivre incrusté d'argent, coupes où s'in-
curve une branche de bryone, où s'étale la
fine structure d'une scabieuse, d'où se dégage
et pointe le museau camus d'un grondin.
Et voici le bataillon des vaillants céra-
mistes: que de pots, grands dieux! que de
pots répandent-ils par le monde... Mais les
ressources de leur tour, de leur four et de
leurs marchands de produits chimiques sont
telles que nous n'en sommes pas encore à
la satiété, et que chacun arrive à se diffé-
rencier suffisamment des autres: M. et M"^
Massoul, avec leurs émaux éblouissants, leurs
jaunes, leurs bleus profonds, leurs violets
intenses dont la vieille Egypte leur a livré
la formule; M. Decœur, dont la nouvelle
manière est si belle, si raffinée: bruns mats,
noirâtres, où descendent des eoulées gris
d'argent marbrées çà et là de pâles tur-
quoises; M. Gillet, fantaisiste qui sur des
formes barbares revêtues d'une gangue,
dirait-on, millénaire, pose le paradoxe de
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