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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Klingsor, Tristan: La décoration d'un hôtel américain
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0226

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L'ART DÉCORATIF

lamment étendue à terre devant un livre;
ailleurs une troisième qui rêve assise sur
un pliant; puis des enfants montés à âne,
des servantes, un gentleman à correcte barbe
blanche et dix autres personnages ou dix
autres incidents de la vie mondaine au bord
de la mer.
L'école américaine compte actuellement
bon nombre de peintres remarquables. Après

vancier. Ces qualités, Cari Frieseke les pos-
sède : ce sont des qualités de race qui
n'enlèvent rien à sa personnalité.
Celle-ci se caractérise par l'heureux ar-
rangement des lignes et des formes, par
l'emploi favori des gammes claires et tendres,
que fait mieux valoir encore de temps à
autre l'audace d'un noir choisi. Ce sont là
des tendances qu'une grande oeuvre décora-

LA DÉCORATION D'UN HÔTEL AMÉRICAIN

au bouquet, que telle jolie baigneuse qu'on
couvre d'un manteau, que telle autre coiffée
du mouchoir à pois et à cornes et assise
par terre, que la liseuse, que l'enfant qui
pousse le baudet, que le groupe des femmes
assises sous un parasol, ou de celles qui
sont en train de prendre le thé autour d'une
table? On pourrait voir en ce dernier motif
une réminiscence de la toile de Caro-

nant naturel de pose et d'expression, encore
que peint très simplement et en quelques
touches. Derrière lui enfin, l'étude de la
plage avec les petits personnages minuscules
formant des taches délicatement posées est
une merveille de finesse et d'observation.
Quelques nus d'enfants seulement ado-
rablement silhouettés se remarquent en cet
ensemble. Mais les baigneuses sont vêtues


le grand artiste que fut Whistler, voici
Dannat, Alexander, Miller, Morrice. Cari
Frieseke occupe dès maintenant une place
importante au milieu d'eux. Whistler a
donné à ses compatriotes le goût de la
nuance choisie; avec lui ils ont appris à
faire chatoyer doucement parmi les neutres
un ton plus vif mais sans crudité. Il leur
a donné aussi l'art de baigner d'atmosphère
les formes, et Morrice devait en ce sens
aller plus loin peut-être encore que son de-

tive permettait de mettre complètement à
profit. Et il faut dire que la composition
des panneaux de l'Hôtel Shelbourne allie
l'agrément de la présentation au naturel des
attitudes. Ici ce n'est pas la nécessité d'équi-
librer les lignes qui commande la pose des
personnages et l'harmonie est au contraire
cherchée dans le laisser-aller et l'abandon
charmant des scènes coutumières.
Quoi de plus gracieux en effet et de
plus vrai en même temps que telle femme

Delvaille, s'il n'y avait simplement ren-
contre, l'esquisse de ce morceau ayant été
peinte par Frieseke depuis fort longtemps.
Les détails ne séduisent pas moins : ce
chapeau fleuri, cette robe claire, ce costume
de bain noir et bleu, ce chapeau à couronne
de roses accroché au pliant gris d'une vérité
étonnante sont des coins heureux entre tous.
Mais parmi les parties les plus admirables,
il faut noter un amusant et curieux petit
chien assis près d'un bambin, d'un éton-

du costume indiscret qui laisse deviner les
formes autant qu'il les cache, tandis d'ail-
leurs que la plupart des jeunes femmes en
toilettes d'été sont prétexte à jeux de cou-
leurs exquises, verts, roses et mauves. Cet
art de la nuance la plus choisie, l'école
américaine le possède pleinement et surtout
Frieseke. Chez nous un Vuillard, japonisant
au besoin, a révélé les tons neutres les
plus savoureux et peint des intérieurs comme
un véritable bouquet. Whistler, lui aussi

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