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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Félice, Roger de: La Sociéte des Artistes Décorateurs: deuxième exposition
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0234

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LA SOCIÉTÉ DLS ARTISTES DÉCORATEURS

cienne de Topera de Massenet; enfin des
œuvres plus récentes : plusieurs pages du
beau recueil de motifs pour la ferronnerie,
des aquarelles chaleureuses, quelques pay-
sages au pastel, d'une harmonie vibrante
mais délicieusement veloutée, d'une douceur
rêveuse qui surprend chez ce male artiste
de la ligne synthétique et affirmée.
Autre « récapitulative » très intéressante :
une grande vitrine toute pleine de ces objets
en cuivre découpé, dont beaucoup sont déjà
connus de nos lecteurs, où Frank Scheidecker
a prodigué, avec une inépuisable imagination,
de gracieux motifs tirés de la plante: pen-
dule, cadre de glace, plateaux, corbeilles à
pain, à fruits ou à bonbons, dessous de
carafes et de plats, porte-couteaux, ronds
de serviettes; et des boucles de ceinture,
et des coins de buvards, et des coupe-
papier en argent, et toute une série d'objets
d'ameublement pour la villa que se fait bâtir
Jules Chéret sur un rocher breton : vases
décoratifs, écran et hotte de cheminée, em-
brasses de rideaux, boutons, béquilles, ser-
rures et plaques de portes... Cette abondance
d'invention étonne; mais qu'est-elle, à côté
de celle que doivent déployer quotidienne-
ment Paul et Frank Scheidecker dans leur
métier de dessinateurs pour étoffes!

Un des premiers soucis comme des
premiers mérites des ((Artistes Décorateurs))
est de présenter au public des ensembles
décoratifs tels qu'on n'en peut presque
jamais voir aux Salons, où l'on n'a jamais
fait que donner à l'art appliqué, avec par-
cimonie et mauvais vouloir, les places de
rebut. Ici, onze «ensembliers)) — car le
mot a été créé pour la chose — ont pu
installer à leur aise deux salles à manger,
trois salons, quatre chambres à coucher,
une chambre de pensionnaires, une chambre
d'enfant et... le boudoir d'une femme de
lettres. Il va sans dire que c'est la partie la
plus intéressante et significative de l'expo-
sition .
Les plus beaux de ces meubles sont,
sans conteste me semble-t-il, ceux d'Eu-
gène Gaillard, par la rare union qui se ma-
nifeste en eux d'une personnalité artistique
très forte, révélée dans les moindres détails,
avec une logique rigoureuse qui subordonne

toute chose à sa fonction; et ainsi ils sont
conformes à deux des caractéristiques prin-
cipales de notre époque: individualisme et
rationalisme. C'est d'abord une salle à
manger, buffet, table et chaises, faite d'une
sorte de bois de fer ou de teck, d'un beau
rouge clair, provenant de la démolition
d'une antique pagode indo-chinoise: matière
rare et admirable, vieille de plusieurs siècles;
puis toute une série de sièges divers; enfin
une sellette en acajou, aux lignes puissantes,
un pupitre à musique en palissandre, une
haute et légère table à thé à quatre battants
en noyer, un meuble classeur d'estampe en
chêne, une table d'atelier à multiples usages.
Dans ces derniers meubles, déjà anciens,
chacun des détails de construction a de-
mandé une étude approfondie, une somme
étonnante de connaissances diverses, de re-
cherches en tous sens, une sensibilité d'ar-
tiste doublée d'une science d'ingénieur.
Le caractère qui d'abord saute aux yeux
dans les meubles de Gaillard, c'est leur
unité: iis semblent s'être développés d'un
seul jet, comme des végétaux; leur structure
très simple, lisible immédiatement, est la
logique même : elle satisfait intimement
l'esprit. Puis, si l'on approche, on admire
encore davantage la science consommée des
assemblages, une mouluration et une sculp-
ture d'un extrême raffinement, où tout a été
étudié avec la dernière minutie, — comme


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