LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES DÉCORATEURS
dans un décor de Luxembourg ou de Tui-
leries. Tout cela est frais, naïf, charmant.
Théodore Lambert est un artiste inté-
ressant entre tous; ce créateur si original,
d'un extrême raffinement, dont les bijoux,
les meubles, les tentures ne ressemblent
aux œuvres de personne, pas même à celles
des Japonais qu'il adore; ce décorateur à
l'art dépouillé, nerveux, un peu sec, pourvu
filets et clous de cuivre, et dont le dessus
est un superbe cuir patiné de M'*" Germain.
Il faut la regarder longuement, en ses
moindres détails, cette petite table-là, s'ac-
croupir et la regarder par en-dessous, l'ou-
vrir, la faire jouer; et l'on aura l'impression
de quelque chose de définitif, de suprême,
comme, par exemple, devant un vieux laque
d'or de la bonne époque...
L. MAJORELLE
de style autant qu'il est possible, se trompe
quelquefois, ne laisse pas d'agacer de temps
à autre, mais n'est certes jamais indiffé-
rent. Il expose rue de Rivoli plusieurs
œuvres de tout premier ordre, beaucoup
déjà connues, plusieurs toutes nouvelles:
un petit meuble d'appui à multiples tiroirs,
meuble pour numismate par exemple, ou
pour amateur d'inroy, de 7zg?A2/Ar<T et de gardes
de sabres; un fauteuil-bergère, des chaises
en acajou verni incrusté et clouté de cuivre,
dossiers en bois plein, sièges garnis de ve-
lours brodé, lignes incurvées, d'une pureté
ravissante; et surtout, exquise merveille,
une petite table à jeu console, toujours en
sombre acajou verni oh s'enlèvent nettement
Et il y a d'autres, bien d'autres a en-
sembliers)), mais franchement inférieurs, à
notre sens, aux précédents: M. Bigaux,qui
dépare une chambre de jeune hile toute
blanche — frêne, sycomore, platane — avec
l'abus qu'il fait d'une sculpture florale à la
fois lourde par sa masse et maigre de fac-
ture, avec des lignes inutiles qui voudraient
paraître constructives et ne le sont point:
avec des formes saugrenues infligées, pat-
exemple, à la glace d'une armoire —
M. Croix-Marie, dont la chambre pour
dame pieuse est étriquée comme l'allure et
le vêtement d'une dévote — MM. Ducrocq
et Clément, qui ont fait un grand effort
dont il faut leur savoir gré, mais de qui
dans un décor de Luxembourg ou de Tui-
leries. Tout cela est frais, naïf, charmant.
Théodore Lambert est un artiste inté-
ressant entre tous; ce créateur si original,
d'un extrême raffinement, dont les bijoux,
les meubles, les tentures ne ressemblent
aux œuvres de personne, pas même à celles
des Japonais qu'il adore; ce décorateur à
l'art dépouillé, nerveux, un peu sec, pourvu
filets et clous de cuivre, et dont le dessus
est un superbe cuir patiné de M'*" Germain.
Il faut la regarder longuement, en ses
moindres détails, cette petite table-là, s'ac-
croupir et la regarder par en-dessous, l'ou-
vrir, la faire jouer; et l'on aura l'impression
de quelque chose de définitif, de suprême,
comme, par exemple, devant un vieux laque
d'or de la bonne époque...
L. MAJORELLE
de style autant qu'il est possible, se trompe
quelquefois, ne laisse pas d'agacer de temps
à autre, mais n'est certes jamais indiffé-
rent. Il expose rue de Rivoli plusieurs
œuvres de tout premier ordre, beaucoup
déjà connues, plusieurs toutes nouvelles:
un petit meuble d'appui à multiples tiroirs,
meuble pour numismate par exemple, ou
pour amateur d'inroy, de 7zg?A2/Ar<T et de gardes
de sabres; un fauteuil-bergère, des chaises
en acajou verni incrusté et clouté de cuivre,
dossiers en bois plein, sièges garnis de ve-
lours brodé, lignes incurvées, d'une pureté
ravissante; et surtout, exquise merveille,
une petite table à jeu console, toujours en
sombre acajou verni oh s'enlèvent nettement
Et il y a d'autres, bien d'autres a en-
sembliers)), mais franchement inférieurs, à
notre sens, aux précédents: M. Bigaux,qui
dépare une chambre de jeune hile toute
blanche — frêne, sycomore, platane — avec
l'abus qu'il fait d'une sculpture florale à la
fois lourde par sa masse et maigre de fac-
ture, avec des lignes inutiles qui voudraient
paraître constructives et ne le sont point:
avec des formes saugrenues infligées, pat-
exemple, à la glace d'une armoire —
M. Croix-Marie, dont la chambre pour
dame pieuse est étriquée comme l'allure et
le vêtement d'une dévote — MM. Ducrocq
et Clément, qui ont fait un grand effort
dont il faut leur savoir gré, mais de qui