L'ART DECORATIF
D'ailleurs le Comité a institué un con-
cours, avec primes, pour stimuler les indus-
triels et les artistes. Qu'importe le palmarès,
les architectes menuisiers ou ferronniers
ont pu s'en donner à cœur joie, brasser du
corinthien ou du gothique, tailler des clo-
chetons et des pinacles, des sphères géo-
graphiques et de la géométrie. Il y a des
gables, des arcatures, des colonnettes, des
rinceaux, comme il y a des guirlandes de
—Proses et des encorbellements de lierre. Le
se font plus sans tentures, plantes vertes ou
statuettes, afin de simuler l'habitation, et
de prouver que les objets présentés s'y
comportent parfaitement. Le bon commer-
çant se plie sans regret à cette nécessité.
Car rien n'est plus conforme au goût mo-
derne que cette appropriation de l'architec-
ture au décor général, obéissante à des
ordonnées particulières : accomodements à
l'objet, à l'espace, à la synthèse.
C'est alors que nous connaîtrons défini-
SERRURIER
chevalet géant des pontonniers du Rhône
avec ses arcboutants et ses contreforts pen-
chés coudoie les poteaux forains où grimpent
des aristoloches en percaline. M. Roger de
Félice a écrit que jadis nos architectes les
plus réputés ne répugnaient pas de condes-
cendre aux buffets et aux chaises. Ceux de
notre époque s'enorgueillissent de construire
des enseignes. L'art du bois et l'art du fer
fraternisent dans ces conceptions variées de
boutiques en plein vent. Et ce n'est pas le
moins curieux de ce lieu. C'est du reste en-
core de l'ameublement que ces crédences et ces
plateaux géants d'un salon où tout est énorme.
Un sentiment spécial se révèle dans cet
aménagement d'un intérieur, celui de se
conformer aux besoins de la vie qui s'y
écoulera. Les expositions d'ébénisterie ne
Façade Hotc/R-fss
tivement, selon l'exacte expression de M. de
Félice, l'architecture vivante, l'architecture
pratique, celle des usines et des maisons à
loyer, celle du ciment armé et de l'acier, le
plus moderne des arts, celui qui e^t le plus
étroitement uni à la science, à l'industrie, à
la vie sociale : a L'architecture d'aujourd'hui
ne s'occupe guère de la beauté abstraite, ni
surtout de la beauté consacrée : elle doit
avant tout s'approprier à tel besoin précis,
à telle nécessité technique; et bien souvent,
quand ces conditions auront été parfaite-
ment remplies, la beauté viendra d'elle-
même couronner l'œuvre sans avoir été sol-
licitée; en tout cas elle ne sera jamais quel-
que chose d'extérieur, elle naîtra de ce qui
est l'âme même de l'édifice : sa destination
particulière... ))
23q.
D'ailleurs le Comité a institué un con-
cours, avec primes, pour stimuler les indus-
triels et les artistes. Qu'importe le palmarès,
les architectes menuisiers ou ferronniers
ont pu s'en donner à cœur joie, brasser du
corinthien ou du gothique, tailler des clo-
chetons et des pinacles, des sphères géo-
graphiques et de la géométrie. Il y a des
gables, des arcatures, des colonnettes, des
rinceaux, comme il y a des guirlandes de
—Proses et des encorbellements de lierre. Le
se font plus sans tentures, plantes vertes ou
statuettes, afin de simuler l'habitation, et
de prouver que les objets présentés s'y
comportent parfaitement. Le bon commer-
çant se plie sans regret à cette nécessité.
Car rien n'est plus conforme au goût mo-
derne que cette appropriation de l'architec-
ture au décor général, obéissante à des
ordonnées particulières : accomodements à
l'objet, à l'espace, à la synthèse.
C'est alors que nous connaîtrons défini-
SERRURIER
chevalet géant des pontonniers du Rhône
avec ses arcboutants et ses contreforts pen-
chés coudoie les poteaux forains où grimpent
des aristoloches en percaline. M. Roger de
Félice a écrit que jadis nos architectes les
plus réputés ne répugnaient pas de condes-
cendre aux buffets et aux chaises. Ceux de
notre époque s'enorgueillissent de construire
des enseignes. L'art du bois et l'art du fer
fraternisent dans ces conceptions variées de
boutiques en plein vent. Et ce n'est pas le
moins curieux de ce lieu. C'est du reste en-
core de l'ameublement que ces crédences et ces
plateaux géants d'un salon où tout est énorme.
Un sentiment spécial se révèle dans cet
aménagement d'un intérieur, celui de se
conformer aux besoins de la vie qui s'y
écoulera. Les expositions d'ébénisterie ne
Façade Hotc/R-fss
tivement, selon l'exacte expression de M. de
Félice, l'architecture vivante, l'architecture
pratique, celle des usines et des maisons à
loyer, celle du ciment armé et de l'acier, le
plus moderne des arts, celui qui e^t le plus
étroitement uni à la science, à l'industrie, à
la vie sociale : a L'architecture d'aujourd'hui
ne s'occupe guère de la beauté abstraite, ni
surtout de la beauté consacrée : elle doit
avant tout s'approprier à tel besoin précis,
à telle nécessité technique; et bien souvent,
quand ces conditions auront été parfaite-
ment remplies, la beauté viendra d'elle-
même couronner l'œuvre sans avoir été sol-
licitée; en tout cas elle ne sera jamais quel-
que chose d'extérieur, elle naîtra de ce qui
est l'âme même de l'édifice : sa destination
particulière... ))
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