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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 1.1887-1888 (Nr. 1-53)

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No. 10 (3. Juillet 1887) – No. 19 (4 Septembre 1887)
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L’ART FRANÇAIS

pu garder d’une promenade sur la place du Carrousel. Eh! non,
Paris n’est pas la ville triste que pense M. Dumoulin, et cet artiste
s’en apercevra le jour où il reverra son sujet, par un beau jour de
soleil, alors que le gris de l’ardoise et la blancheur attiédie des
sculptures de pierre chantent et vibrent sur le ciel bleu. Ce sont
là, d’ailleurs, chicanes de peu d’importance et, tel qu’il est, l’en-
voi de M. Dumoulin ne manque pas d’un réel mérite; c’est ce
que la commission artistique du conseil municipal a parfaitement
reconnu lorsqu’elle a décidé l’acquisition de la Place du Carrousel.

(■' suivre). FIRMIN JAVEL-

M . D E C K

Le nouvel administrateur général de là Manufacture de Sèvres, M. Théo-
dore Deck, est né en 1832, à Guebviller, en Alsace. Après avoir terminé
son apprentissage chez le fabricant de poêles Hnguelin,à Strasbourg, il lit,
connue ouvrier, une sorte de tour d’Allemagne, se fixa un moment à
Vienne, partit pour Paris en 1817, revint en Alsace l’année suivante et
retourna finalement à Paris, en 1881. Après avoir été quatre fois contre-
maître dans la fabrique de M. Dumas, il s’établit à son propre compte et
chercha aussitôt à donner un corps aux rêves d’art qui hantaient son esprit.
L’un de ces rêves était de retrouver les colorations des faïences persanes.
11 se procura un carreau persan à demi-brisé, l’étudia, reconnut l’émail,
fit des essais. Après des années de lutte constante, de.travail opiniâtre, il
reconquit toutes les couleurs de la céramique persane. Son bleu, couleur
turquoise, qui est appelé bleu de Deck, a pris rang parmi les couleurs
classées.

A partir de cette époque, l’ancien ouvrier poélier fut en proie à la pas-
sion de la céramique, cette passion qui est si ingénument dépeinte dans le
livre de Bernard de Palissy et que M. Gerspach décrit ainsi dans sa
curieuse biographie de Théodore Deck.

« L'art de la terre, l’histoire est là pour le démontrer, exerre sur ceux qui le pratiquent une pas-
sion irrésistible; il lient l’esprit et le corps en éveil et les oblige à une lulte constante contre un
élément-que la science n’a pas su dominer : le feu. Que vat-il sortir de ce four? Comment cet émail
s’est-il comporté? On attend, on sonde le four d’un regard soucieux, on retire les échantillons avec
anxiété, on dirige ses pas fiévreux d’un bout à l’autre de l’atelier; le moment n’est pas venu, il faut
encore attendre plusieurs heures. Enfin, on défourne! La fournée est manquée, cet émail sur lequel on
comptait tant n'a pas résisté, le travail des artistes est perdu, l’argent s’est envolé en fumée, tout est
à recommencer. On est triste et abattu. Mais quoi ! quelle est donc cette petite pièce? On a peine à la
reconnaître, tant elle est changée; elle devait sorlir en bleu, la voici d’un violet tirant sur le rouge.
C'est étrange. On la prend, on la retourne, on l'étudie ; mais cette couleur est fort belle, l’émail est
vibrant, serions-nous sur une trace? Peut-être bien. Alors, rien n’est perdu, au contraire! Que béni
soit le feu qui a dévoré la fournée : nous aurons une couleur nouvelle. Vite à l’ouvrage, broyons les
oxydes, combinons, mêlons, allumons les feux, et à la grâce de Dieu! »

Le premier atelier de M. Deck était situé rue Saint-Jacques, et, à ce
propos, nous ne saurions mieux faire que d’emprunter les renseignements
suivants à M. Harry A11 is, du Journal des Débats:

« Là, le céramiste faisait les honneurs île son petit jardin. Puis, ou dînait, en pique-nique. Un
jour, l’idée fut émise que chacun des convives devait faire son assiette, au dessert; le projet fut mis à
exécution ; les assiettes, décorées par les artistes, au moyen des matières préparées par Deck, réus-
sirent à la cuisson ; au premier diner, après le détournement, les assiettes firent leur apparition,
furent admirées, amicalement critiquées. On mit le tout à l’exposition des arts industriels de 18G1 et
on vendit un bon prix. Le produit fut partagé entre les artistes et le céramiste; ee principe est
demeuré la règle de la maison.

Depuis lors, la fabrication eut un caractère d’art plus marqué et porta sur tous les genres de déco-
ration, plantes d’après le naturel, fleurs ornemanisées, ligures humaines, paysages, animaux, etc.
Voici les noms des artistes qui, depuis l'origine, ont collaboré avec M. Deck : Hamon, P.eibert, Ran-
vier, Gluck, Ehrmann, Dock, Brio», ILlIeu, Anker, Hirsch, Français, E. Benner, Bracquemond, Har-
pignies, Legrain, Couly, Louis Carrier-Bulleuse, Collin, Ludovic Kegnier, Mm” Escallier, Schæppi.
Hiart, Descamps-Saboureau. M. Xavier Deck, frère de Théodore et Richard Deck, son neveu, ont été
ses auxiliaires de tous les instants.

En 1871, M. Deck inaugure ses cloisonnés sur faïence. Il étonna même ceux qui croyaient en lui,
par les merveilleuses pièces à fond d'or qu’il exposa en 1878. Dès lors, sa réputation sortit du cercle
des connaisseurs et devint universelle : il lut considéré par tous comme le premier céramiste de ce
temps-ci. »

Après avoir ainsi parlé de la faïence, notre confrère ajoute :

Depuis 1880, M. Deck s’est également occupé de la porcelaine et son début a été un coup de
maitre. Les fonds transparents et l’incomparable éclat du vieux chine hantaient son esprit. Il fit, à ses
frais, une série d’épreuves qui lui coûtèrent fort cher, mais qui réussirent. Les amateurs de céramique
eut pu voir l'exposition de l'Union centrale de, 1880, sur les étagères d’une modeste vitrine, une
vingtaine de pièces en porcelaine du plus étrange aspect; même quand la nature offre des pièces de
comparaison, il n’est pas toujours aisé de décrire une couleur nouvelle ; aussi serait-on en peine de
distinguer la plus intéressante des porcelaines de Deck, si l’on n’empruntait aux Chinois leur langage
céramique; à côté de leurs charmantes expressions : bleu du ciel après la pluie, blanc de lune,
couleur de soleil après l'orage, ils en ont d’autres mains poétiques, mais fortes et expressives :
lu han ma feï, qui veut dire littéralement foie de mulet, poumon de cheval ; i’iraage est juste et
s’applique à une couleur flambée de rouge, violet, bleu, vert jaunâtre, coulée sur la porcelaine comme
une sorte de lave de sang, de poumons et de foie déchirés. M. Deck prit pour objectif une pièce sem-
blable de vieux chine, appartenant au Musée de Sèvres, et réussit à la reproduire ; mais la transmuta-
tion qu’il opéra n’eut pas de résultats uniformes, elle lui fournit des aspects divers, violents e' tour-
mentés, calmés et figes comme l’huile, dont on ne peut donner une i-ée approximbtive qu’en les com-
parant aux nombreuses variétés des tulipes, des agates ; les Chinois, qui excellaient dans ce genre de
porcelaine, ne le font plus que très faiblement ; Th. Deck les a vaincus.

Le grand céramiste ne s’est pas appliqué uniquement à rechercher les flambés sur porcelaine, il a
obtenu plusieurs autres émaux et notamment un céladon ombrant par accumulation, comparable à ces
belles découvertes que les Chinois appellent pi-ti.

L’Etat a reconnu les services rendus à l’art français par Th. Deck, en lui conférant le grade d’of-
ficier de la Légion-d’Honneur,

Tel est le passé du nouveau directeur de Sèvres. Tout le monde connaît aujourd'hui les magasins
de la rue Halévv, où sont exposés ses produits ; mais un petit nombre de curieux seulement ont
visité les ateliers de la rue de Vaugirard, où le céramiste passe sa vie entre ses fours et un grand
jardin décoré de superbes faïences.

C’était là, surtout, qu’il fallait aller l’étudier, et c’est à ce titre que nous
avons cru devoir faire de larges emprunts à l’intéressant article de notre
confrère.

LES CONCOURS DU PRIX DE ROME

Le prix de Rome, de gravures sur médailles a été décerné à M. Vernon
(Charles-Frédéric), élève de MM. Cavelier, Aimé Millet et Tasset.

M. Vernon est né à Paris, le 17 novembre 1858 ; il avait obtenu le
second prix en 1881.

Ou sait, qu’outre les avantages ordinaires du prix, le lauréat touche une
somme de 1000 francs provenant d’une donation de la duchesse de Cam-
bacérès.

Le sujet du concours de cette anrtée était Jason enlevant la Toison d’or.

Voici les noms des logistes dans les sections de sculpture, peinture, archi
lecture, et les dates du jugement de ces concours :

SECTION DE

1. Boutry, élève de M. Cavelier.

2. H. Lefebvre, élève de M. Cavelier.

3. Muhlembeck, élève de M. Falguière.

-i. Desvergnes, élève de MM. Thomas et Chapu.

5. Thenissen, élève de M. Cavelier.

G. Roze, elève de MM. Dumont, Thomas, Bon-
nassieu et Cavelier.

SCULPTURE

7. Maeé, élève de M. Cavelier.

8. Suiez, élève de MM. Jouffroy et Cavelier.

9. Convers, élève de MM. Cavelier et Aimé Mil-

let.

10. Chavaillant, élève de MM. Jouffroy, Fal-

guière et Rouland.

Les sculpteurs sortent de loges le 24 et l’exposition a lieu les 26, 27, 28,

30 juillet ; jugement le 29.

SECTION DE

1. Charpentier, élève de M. Bouguereau.

2. Bastet, élève de M. Cabanel.

{'. Danger, élève de MM. Gérôme et Aimé Mil-
let.

A. Sinibaldi élève de M. Cabanel.

5, Marioton, élève de M. Bouguereau, T. Robert-
Fleury et M.iillart.

PEINTURE

6. Ch, Lenoir, élève de MM. Bouguereau,

T, Robert Fleury et Maillart.

7. Levalley, élève de MM. Cabanel et Th. Mail-

lot.

8. Buffet, élève de MM. Boulanger et Lefebvre.

9. Jouves, élève de M. Cabanel.

10. Tollet, élève de M. Cabanel.

Les peintres sortent de loges le 24 juillet et l’exposition a lieu les 27, 281,
29 et 30; iuaement le 30.

SECTION D’ARCHITECTURE

1. Tourmain, élève de M. André.

2. Chedanne, élève de M. Guadet.

3. Lafon, élève de M. André.

A. Bertone, élève de M. Ginain.

5. Sortais, élève de MM. Daumet et Girault.

0. Eustache, élève de M. Ginain.

7. Cousin, élève de MM. Coquart et Gerhard,

8. Henbès, élève de M. Pascal.

9. Raphaël, élève de M. Raulin.

10. Conil-Lacoste, élève de M. Ginain.

Les architectes sortent de loges le 26 juillet et l’exposition a lieu les 29,
30, 31 juillet et 2 août.

Le jugement sera rendu le 1er août.

j2chos Artistiques

Dimanche dernier a eu lieu, à Rouen, sous la présidence de M. Spuller,
ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, l’inauguration de la
statue d’Armand Carrel.

-<>-

Dimanche dernier également a été inauguré, en présence de M. Kaemp-
fen. directeur des Beaux-Arts, le nouveau Musée de Senlis.

-<>-

La Société des Amis des monuments parisiens vient de constituer son
bureau de la façon suivante pour l’année 4887-88 :

Président honoraire, M. Albert Lenoir, membre de l’Institut; président,
M. Charles Garnier, membre de l’Institut ; vice-présidents ; MM. Auguste
Vitu, de Champeaux, Paul Sedille ; secrétaire général: M. Charles Nor-
mand; secrétaires-adjoints ; MM. Chardon, Albert Maignan, Mareuse ;
archiviste, M. Eugène Muntz ; trésorier ; M. Arthur Rhoné.

-<>-

M. Ferary, sculpteur, ancien grand prix de Rome, vient d’être chargé
par le ministère des beaux-arts de faire le buste, en marbre, du peintre
Léon Cogniet, pour être placé dans une des salles de l’Institut.

-<>-

M. Spuller, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, a pro-
fité de son récent voyage à Lyon, pour remettre à M. Chenavardla rosette
d’officier de la Légion d’Honneur.

Paul Chenavard, qui est âgé de près de 80 ans, a eu son heure de célé-
brité, alors qu’il jetait sur ses admirables cartons le projet d’une vaste
décoration destinée au Panthéon, et où il retraçait dans ses grandes lignes
toute l'Histoire de VHumanité.

F. J.

Le gérant : SILVESTRE.

Paris. - Glyptoçraphie SILVESTRE i C“, rue Oberkampf, 97.
 
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