L’ART FRANÇAIS
Nous attendons M. Joseph Bail à son prochain Salon, et nous
ne doutons pas un seul instant qu’il ne nous arrive, cette fois,
avec une ou deux œuvres de premier ordre.
La Fille du Fermier, de Mmc Elisabeth Gardner, est l’œuvre
d’une artiste distinguée. La manière de Mmc Gardner rappelle
celle de M. Bouguereau, son maître; correction du dessin, pu-
reté des lignes, aristocratie de la forme, tout y est. Il sera, avant
peu, difficile de reconnaître une œuvre de l’élève parmi celles du
professeur.
Je voudrais pousser plus loin cet éloge, mais à côté des qualités
que je viens d’indiquer, il me faut bien signaler, non pas des
défauts, — il n’y a pas de défauts dans ce genre de peinture, —
mais... comment dirai-je ? plus que des défauts, quelque chose
comme un vice, un vice capital !
La peinture de Mn,c Gardner tourne le dos à la vérité, elle n’a
que le simulacre de la vie. Notez que je ne parle pas de la réa-
lité. U est très possible, en effet, que l’artiste ait vu, dans une
ferme, une petite pimbêche, sorte de princesse en sabots, se tour-
nant à demi, dans une attitude dédaigneuse, pour donner du grain
à ses poules. Alors, elle a eu le tort de peindre ce qu’elle avait vu,
parce qu’elle avait vu une monstrueuse exception.
G’est avec beaucoup de regret que nous le disons : Mmc Elisa-
beth Gardner est restée en dehors du mouvement universel qui a
ramené l’art vers la nature. A en juger d’après ses tableaux, elle
ne tient aucun compte des lumineux enseignements de Millet ou
de Corot. L’élève de M. Bouguereau reconnaîtra un jour qu’elle
s’est fourvoyée, mais il sera trop tard.
Voilà ce que nous voulions lui dire aujourd’hui.
Un peintre de paysans qui comprend autrement sa mission,
c’est M. Aimé Perret, dont le Retour des Champs a été très mal
placé, pour ainsi-dire sacrifié, en dépit de qualités sérieuses. Nous
voudrions que Mme Gardner mit dans ses toiles un peu de l’émo-
tion dont M. Aimé Perret anime toutes les siennes.
Sans doute, la vie rustique a ses réalismes plus ou moins repous-
sants, mais elle a aussi sa poésie intense, ses âpres et pénétrantes
senteurs, ses grandeurs, ses tristesses et ses joies. L’art s’intéresse
directement à ces manifestations de toute sorte, et la vérité est
toujours belle, toujours admirable, à preuve Y ^Angélus et la i\Cort
du Cochon, — deux chefs-d’œuvre.
Aujourd’hui, nul n’a plus le droit de parler des paysans sans les
connaître. Nous en avons fini avec les fermières d’opéra comique.
La dernière a été brûlée avec le théâtre de ce nom.
(.1 suivrei. FIRMIN JAVEL-
Pchos Artistiques
Les obsèques de M. Louis de Roiicliaud, directeur des Musées Natio-
naux et de l’Ecole du Louvre, ont été célébrées mardi dernier, à quatre
lieuies, en l'église Saint-Geiînain-LAuxerrois, en présence d’une assis-
tance nombreuse, composée en grande partie de notabilités artistiques et
littéraires et de fonctionnaires des diverses administrations de l’Etat.
Le deuil était conduit par M. le vicomte de Gironde, neveu du défunt.
Le Président de la République était représenté par M. le général Brugère.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Spuller, ministre de l’Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts ; Kœmpfen, directeur des Beaux-Arts :
l’amiral Paris, conservateur du Musée de Marine; Guillaume, Berthelot,
Etienne Arago, conservateur du Musée du Luxembourg.
Nous avons remarqué en outre, dans l’assistance, MM. Jean Gigoux,
Bartholdi, Pointelin, Jules Comte, directeur des bâtiments civils; Ollendorff,
Gosselin, conservateur du Musée de Versailles; Mlle Joséphine Iloussay, le
le sculpteur Syamour, M. \Y. Gagneur, député du Jura, etc.
Trois immenses couronnes, (pii étaient portées à bras par des gardiens
des Musées nationaux, avaient été offertes : l’une par les gardiens eux-
mêmes et le personnel des Musées ; la seconde, par les fonctionnaires des
Musées ; la troisième, par l’Ecole du Louvre.
A 1 issue de la cérémonie religieuse, deux discours ont été prononcés
dans la cour qui sépare l’église de la mairie.
M. Spuller a retracé la vie de M. de Bonchaud. Il a rappelé l’amitié qui
le liait a Lamartine, ses luttes constantes pour le progrès de la démocra-
tie et, enfin, les services rendus a l’art et plus particulièrement à l’Ecole
française, par le regretté directeur du Louvre.
M. l’amiral Paris a fait l’éloge de M. de Ronchaud.
à ers cinq heures et demie, un fourgon des Pompes Funèbres a conduit
le cercueil a la gare de Lyon, d ou il a été transporté à Saint-Lupicin (Jura),
pour y être inhumé dans une sépulture de famille.
-<>-
Lu decret a paru le 1 août, au Journal officiel, nommant les comités
chargés d’organiser les conférences et les congrès à l’Exposition Univer-
selle.
Font partie de ces comités :
Dans la section des lettres : MM. Emile Augier. Alexandre Dumas, Lu-
dovic llalévy, Sully-Prudhomme.
Dans la section des beaux-arts ; MM. Donnât, Gounod, Massenet, Jules
Claretie, etc.
Dans la section d’histoire : MM. Renan, Duruy, Maspero, Albert Sorel,
etc.
A 1 Ecole des Beaux-Arts, les vacances annuelles qui viennent de com-
mencer, dureront jusqu'au 15 octobre prochain. Deux salles sont mises à
la disposition des élèves peintres et sculpteurs qui désirent continuer leurs
travaux pendant les vacances.
Avant de se séparer, d’anciens légistes ont signé une pétition qui sera
adressée au ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, pour le
prier de vouloir bien changer le mode actuel de jugement des concours du
prix de Rome.
En vertu de l’article 12 du réglement général, les jugements prépara-
toires des concours définitifs sont rendus par les sections (peinture, sculp-
ture, architecture et gravure), qui s’adjoignent, à cet effet, parmi les
artistes étrangers à l’Académie, un nombre d’assesseurs égala la moitié du
nombre des membres de chaque section. « Le jugement définitif, dit l’ar-
ticle 17, sera prononcé en assemblée générale par toutes les sections de
l'Académie réunies. Les jurés adjoints assistent au jugement définitif avec
voix consultative. »
Les pétitionnaires demandent que le jugement définitif de chaque
branche de concours soit rendu par les artistes de la section, assistés des
jurés adjoints avec voix délibérative.
-<>-
Le comité du monument Voltaire-Ghristin, qui sera élevé à Saint-Claude
(Jura), vient d’offrir, en remplacement de M. Ronchaud, la présidence de
cette œuvre patriotique à M. le général Grévy, sénateur du Jura, qui a
bien voulu l’accepter.
-<>-
L’exposition publique des maquettes pour le monument à ériger au ser-
gent Bobillot est ouverte jusqu’au vendredi 19 août, de midi à quatre
heures, à l'Hôtel de Ville (au rez-de-chaussée, cour du Centre, près la salle
Saint-J ean).
-<>-
Voici une statistique curieuse. C’est le bilan des œuvres exposées depuis
1872 aux Salons annuels :
An nées
Peintures
et Dessins
Sculptures
et Médailles
Architectures
Gravures
Totaux
1872
1530
331
55
112
2009
1873
1491
119
43
180
2007
1874
2628
033
104
292
3057
1875
2827
000
105
204
3802
1870
3029
000
76
202
4033
1877
3554
073
83
300
4016
1878
3987
085
50
257
4985
1870
4740
710
94
349
5895
1880
0012
731
111
335
7259
1881
3559
850
130
385
4924
1882
4000
937
154
471
5012
1883
3203
1093
158
420
4913
1884
3242
784
105
474
4665
1885
3271
1118
188
457
5034
1886
3415
1325
174
502
5410
1887
3563
1092
187
476
5318
Total général des œuvres d’art exposées depuis 1872 . 74408
dont 54,147 peintures. On a calculé que ces tableaux, mis bout à bout,
couvriraient un espace de 150,000 mètres carrés.
F. J.
Le gérant : SILYESTRE.
Paris.
Glyptographie SILYESTRE à C‘\ rue Oberkampf, 97.
Nous attendons M. Joseph Bail à son prochain Salon, et nous
ne doutons pas un seul instant qu’il ne nous arrive, cette fois,
avec une ou deux œuvres de premier ordre.
La Fille du Fermier, de Mmc Elisabeth Gardner, est l’œuvre
d’une artiste distinguée. La manière de Mmc Gardner rappelle
celle de M. Bouguereau, son maître; correction du dessin, pu-
reté des lignes, aristocratie de la forme, tout y est. Il sera, avant
peu, difficile de reconnaître une œuvre de l’élève parmi celles du
professeur.
Je voudrais pousser plus loin cet éloge, mais à côté des qualités
que je viens d’indiquer, il me faut bien signaler, non pas des
défauts, — il n’y a pas de défauts dans ce genre de peinture, —
mais... comment dirai-je ? plus que des défauts, quelque chose
comme un vice, un vice capital !
La peinture de Mn,c Gardner tourne le dos à la vérité, elle n’a
que le simulacre de la vie. Notez que je ne parle pas de la réa-
lité. U est très possible, en effet, que l’artiste ait vu, dans une
ferme, une petite pimbêche, sorte de princesse en sabots, se tour-
nant à demi, dans une attitude dédaigneuse, pour donner du grain
à ses poules. Alors, elle a eu le tort de peindre ce qu’elle avait vu,
parce qu’elle avait vu une monstrueuse exception.
G’est avec beaucoup de regret que nous le disons : Mmc Elisa-
beth Gardner est restée en dehors du mouvement universel qui a
ramené l’art vers la nature. A en juger d’après ses tableaux, elle
ne tient aucun compte des lumineux enseignements de Millet ou
de Corot. L’élève de M. Bouguereau reconnaîtra un jour qu’elle
s’est fourvoyée, mais il sera trop tard.
Voilà ce que nous voulions lui dire aujourd’hui.
Un peintre de paysans qui comprend autrement sa mission,
c’est M. Aimé Perret, dont le Retour des Champs a été très mal
placé, pour ainsi-dire sacrifié, en dépit de qualités sérieuses. Nous
voudrions que Mme Gardner mit dans ses toiles un peu de l’émo-
tion dont M. Aimé Perret anime toutes les siennes.
Sans doute, la vie rustique a ses réalismes plus ou moins repous-
sants, mais elle a aussi sa poésie intense, ses âpres et pénétrantes
senteurs, ses grandeurs, ses tristesses et ses joies. L’art s’intéresse
directement à ces manifestations de toute sorte, et la vérité est
toujours belle, toujours admirable, à preuve Y ^Angélus et la i\Cort
du Cochon, — deux chefs-d’œuvre.
Aujourd’hui, nul n’a plus le droit de parler des paysans sans les
connaître. Nous en avons fini avec les fermières d’opéra comique.
La dernière a été brûlée avec le théâtre de ce nom.
(.1 suivrei. FIRMIN JAVEL-
Pchos Artistiques
Les obsèques de M. Louis de Roiicliaud, directeur des Musées Natio-
naux et de l’Ecole du Louvre, ont été célébrées mardi dernier, à quatre
lieuies, en l'église Saint-Geiînain-LAuxerrois, en présence d’une assis-
tance nombreuse, composée en grande partie de notabilités artistiques et
littéraires et de fonctionnaires des diverses administrations de l’Etat.
Le deuil était conduit par M. le vicomte de Gironde, neveu du défunt.
Le Président de la République était représenté par M. le général Brugère.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Spuller, ministre de l’Instruc-
tion publique et des Beaux-Arts ; Kœmpfen, directeur des Beaux-Arts :
l’amiral Paris, conservateur du Musée de Marine; Guillaume, Berthelot,
Etienne Arago, conservateur du Musée du Luxembourg.
Nous avons remarqué en outre, dans l’assistance, MM. Jean Gigoux,
Bartholdi, Pointelin, Jules Comte, directeur des bâtiments civils; Ollendorff,
Gosselin, conservateur du Musée de Versailles; Mlle Joséphine Iloussay, le
le sculpteur Syamour, M. \Y. Gagneur, député du Jura, etc.
Trois immenses couronnes, (pii étaient portées à bras par des gardiens
des Musées nationaux, avaient été offertes : l’une par les gardiens eux-
mêmes et le personnel des Musées ; la seconde, par les fonctionnaires des
Musées ; la troisième, par l’Ecole du Louvre.
A 1 issue de la cérémonie religieuse, deux discours ont été prononcés
dans la cour qui sépare l’église de la mairie.
M. Spuller a retracé la vie de M. de Bonchaud. Il a rappelé l’amitié qui
le liait a Lamartine, ses luttes constantes pour le progrès de la démocra-
tie et, enfin, les services rendus a l’art et plus particulièrement à l’Ecole
française, par le regretté directeur du Louvre.
M. l’amiral Paris a fait l’éloge de M. de Ronchaud.
à ers cinq heures et demie, un fourgon des Pompes Funèbres a conduit
le cercueil a la gare de Lyon, d ou il a été transporté à Saint-Lupicin (Jura),
pour y être inhumé dans une sépulture de famille.
-<>-
Lu decret a paru le 1 août, au Journal officiel, nommant les comités
chargés d’organiser les conférences et les congrès à l’Exposition Univer-
selle.
Font partie de ces comités :
Dans la section des lettres : MM. Emile Augier. Alexandre Dumas, Lu-
dovic llalévy, Sully-Prudhomme.
Dans la section des beaux-arts ; MM. Donnât, Gounod, Massenet, Jules
Claretie, etc.
Dans la section d’histoire : MM. Renan, Duruy, Maspero, Albert Sorel,
etc.
A 1 Ecole des Beaux-Arts, les vacances annuelles qui viennent de com-
mencer, dureront jusqu'au 15 octobre prochain. Deux salles sont mises à
la disposition des élèves peintres et sculpteurs qui désirent continuer leurs
travaux pendant les vacances.
Avant de se séparer, d’anciens légistes ont signé une pétition qui sera
adressée au ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, pour le
prier de vouloir bien changer le mode actuel de jugement des concours du
prix de Rome.
En vertu de l’article 12 du réglement général, les jugements prépara-
toires des concours définitifs sont rendus par les sections (peinture, sculp-
ture, architecture et gravure), qui s’adjoignent, à cet effet, parmi les
artistes étrangers à l’Académie, un nombre d’assesseurs égala la moitié du
nombre des membres de chaque section. « Le jugement définitif, dit l’ar-
ticle 17, sera prononcé en assemblée générale par toutes les sections de
l'Académie réunies. Les jurés adjoints assistent au jugement définitif avec
voix consultative. »
Les pétitionnaires demandent que le jugement définitif de chaque
branche de concours soit rendu par les artistes de la section, assistés des
jurés adjoints avec voix délibérative.
-<>-
Le comité du monument Voltaire-Ghristin, qui sera élevé à Saint-Claude
(Jura), vient d’offrir, en remplacement de M. Ronchaud, la présidence de
cette œuvre patriotique à M. le général Grévy, sénateur du Jura, qui a
bien voulu l’accepter.
-<>-
L’exposition publique des maquettes pour le monument à ériger au ser-
gent Bobillot est ouverte jusqu’au vendredi 19 août, de midi à quatre
heures, à l'Hôtel de Ville (au rez-de-chaussée, cour du Centre, près la salle
Saint-J ean).
-<>-
Voici une statistique curieuse. C’est le bilan des œuvres exposées depuis
1872 aux Salons annuels :
An nées
Peintures
et Dessins
Sculptures
et Médailles
Architectures
Gravures
Totaux
1872
1530
331
55
112
2009
1873
1491
119
43
180
2007
1874
2628
033
104
292
3057
1875
2827
000
105
204
3802
1870
3029
000
76
202
4033
1877
3554
073
83
300
4016
1878
3987
085
50
257
4985
1870
4740
710
94
349
5895
1880
0012
731
111
335
7259
1881
3559
850
130
385
4924
1882
4000
937
154
471
5012
1883
3203
1093
158
420
4913
1884
3242
784
105
474
4665
1885
3271
1118
188
457
5034
1886
3415
1325
174
502
5410
1887
3563
1092
187
476
5318
Total général des œuvres d’art exposées depuis 1872 . 74408
dont 54,147 peintures. On a calculé que ces tableaux, mis bout à bout,
couvriraient un espace de 150,000 mètres carrés.
F. J.
Le gérant : SILYESTRE.
Paris.
Glyptographie SILYESTRE à C‘\ rue Oberkampf, 97.