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L’ART FRANÇAIS

oncticux, égal sans être pâle ni mate ; c’est ce mélange de rouge
et de bleu qui transperce imperceptiblement; c’est le sang, la vie,
qui font le désespoir du coloriste. Celui qui a acquis le sentiment
de la chair a fait un grand pas. Le reste n’est rien en comparaison.
Mille peintres sont morts sans avoir senti la chair, mille autres
mourront sans l’avoir sentie. »

L’auteur d’Hérodiade et d’une Créole eût victorieusement
répondu au vœu de Diderot. Il a le sentiment de la chair, lui ! Et
il a surtout le sentiment du grand art. Il procède par des moyens
extrêmement simples, et ramène volontiers toute l’harmonie de
ses colorations à deux tons, c’est-à-dire à un jeu de lumière et
d’ombre très franc et très sobre. De loin, votre œil ne distingue
que du blanc et du noir, mais ne vous y fiez pas. Il y a, dans ce
blanc et dans ce noir, toutes les ressources d’une palette
magique.

Parfois, M. Henner rehausse ses admirables figures d’une dra-
perie rouge qui éblouit, séduit, enchante, comme un chaud rayon
de soleil. Ce rouge, dès lors, est inouï de finesse et de distinction.
C’est ce que les visiteurs du Salon ont pu admirer dans une
Créole, en même temps que ce profil de jeune patricienne les
tenait sous le charme par la grâce et la pureté de ses lignes, par la
pâleur de son teint, par l’expression de mélancolie presque sou-
riante qui le voile.

Allez, M. Henner est un maître dont l’école française a le droit
d’être fière, et ils sont fort mal avisés ceux qui lui reprochent de
peindre toujours de même, -—■ c’est-à-dire de ne peindre que
des chefs-d’œuvre !

Nous avons dit, dès le début, ce que nous pensions de la toile
importante que M. lloll, intitule : la Guerre, marche en avant.
Grâce à la reproduction que nos lecteurs en ont aujourd’hui sous
les yeux, ils pourront constater que nous n’avons pas exagéré les
qualités de ce tableau dont le sentiment dramatique s’impose par
sa sincérité même.

Nous n’en tenterons point à nouveau la description, qu’on
retrouverait en se reportant aux premiers numéros de ce journal.
Mais nous insisterons sur l’art particulièrement sobre et robuste
dont M. lloll a donné là une nouvelle preuve. M. Roll est un des
jeunes maîtres que nous suivons avec le plus d’intérêt, parce qu’il
met son très grand talent au service d’une très grande conception,
sur laquelle nous aurons occasion de revenir.

Une jeune artiste, justement remarquée et récompensée, est
Ml,e Jeanne Rongier, dont les progrès, depuis quelques années,
n’avaient échappé à personne.

Pour son tableau de cette année, Mllc Rongier avait choisi,
parmi les mille et un épisodes de la vie moderne, l’un des plus
poignants : l’entrée au couvent d’une jeune personne que la Foi
arrache à sa famille éplorée. Toutes les figures de cette scène
navrante sont observées et justes d’attitude et d’expression. Mais
ce dont il convient principalement de féliciter Mllc Rongier, c’est
l’élégance de sa peinture même, toute vibrante de qualités viriles.

Un « sujet » également bien choisi, — du moins en vue du
succès immédiat, — c’est la Douche au régiment, où M. E. Cha-
peron s’est plu aux jeux de lumière crue frappant un sol inondé,
ruisselant. Le jeune peintre militaire a trouvé là aussi le prétexte
d’une intéressante étude de nu. Ils sont fort habilement modelés,
en effet,' ces jeunes soldats qui reçoivent la douche obligatoire
« sans murmurer ». Les physionomies des «supérieurs» assis-
tant à l’opération, et celle des camarades gouailleurs ou compa-
tissants sont traitées avec autant de conscience que d’habileté.

M. Dehaisne est un concurrent de M. Lobrichon, comme lui,
il s’intéresse aux bonnes figures joufflues et roses des bébés, et
il nous conte les misères et les splendeurs de ce petit monde ado-
rable (et même insupportable, parfois! ).

Entre deux larrons! Quelle situation affreuse! Voyez ce bon
bebe qui s apprêtait, avec le calme d’une conscience pure, à dé\o-
rer son assiettée de crème, lorsqu’il se trouve à la fois menacé, à
droite, par un rival, et à gauche par un chat. C’est trop d’audace
et de fourberie. Le pauvre bébé est prêt à succomber « sous le
nombre ». Déjà, de grosses larmes roulent dans ses yeux épou-
vantés.

Nous espérons qu’une mère attendrie ne va pas tarder d’ac-
courir pour consoler cette grande douleur et mettre les agresseurs
à la raison !

M. Houssin, l’auteur de Léda, est un jeune statuaire d’avenir.
Il y a de sérieuses qualités dans sa statue et, notamment, une
intensité passionnelle qui promet. M. Houssin sera du petit
nombre de ceux qui savent Etire palpiter le marbre et lui arracher
des larmes.

(/I suivre)_ FI R MI N JAVEL-

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jccHOS ^Artistiques

On télégraphie de Bâle à notre confrère Paris :

La Société bûloise des Beaux-Arts a décidé d’organiser une exposition
de peinture spéciale d’œuvres françaises. Elle s’est adressée à plus de
quatre cents artistes français, dont la moitié ont promis leur participation.

Un commissaire, à Paris, exercera le contrôle des œuvres d’art à
exposer.

Il ne sera pas admis plus de deux tableaux d’un même artiste.

-<>-

On continue en ce moment les fouilles qui ont mis à jour un amphi-
théâtre romain sur la colline de Fourvières, à Lyon. MM. Lafon, profes-
seur à la Faculté des sciences de Lyon, et Pierrot Deseilligny, élève de
l’Fcole pratique des hautes études de Paris, ont relevé la position exacte
et la grandeur de cet amphithéâtre. Ils ont, en outre, trouvé un stylet
d’ivoire, des fragments de porphyre, de verre antique, de marbre africain,
de fines poteries, des fragments de coupes en verre irisé et une mosaïque.

-<>-

La décoration du plafond de la salle des Fêtes de 1 Hôtel de Ville se
poursuit activement.

A chaque extrémité, dans la voussure de ce plafond, seront placés, de
chaque côté d’un cartouche renfermant les armes de la Ville, de grandes
figures allégoriques par M. Groisy ; aux quatre angles, se détacheront en
haut-relief, des cariatides dues à MM. Boisseau et Boucher ; entre celles-
là, seront d’autres cariatides et de gracieux sujets sculptés par MM. Moreau-
Vauthier et Marioton. Sur le bandeau latéral, au milieu de la pièce, se
trouveront des cartels représentant les Sciences, les Arts, l’Industrie, le
Commerce, par MM. Perrin, Berthet et Germain ; enfin, des Renommées,
par MM. Granet et Demaige, orneront les encoignures de la voûte. Toutes
ces statues ou bas-reliefs seront dorés et se détacheront vivement sur des
fonds appropriés. De chaque côté de la rosace centrale, des panneaux sont
réservés dans le plafond pour y recevoir des peintures que l’on commen-
cera à exécuter dès que les sculptures seront terminées.

-<>-

Un Claude Lorrain :

Un tableau dernièrement acheté chez un marchand de bric-à-brac, a été
soumis à Sir Frédérich Burton de la National Galery.

Malgré la saleté et le mauvais état de la toile, celui-ci fut frappé de sa
beauté et de sa valeur.

Ce tableau, qui est un paysage avec figures, mesurant G9 pouces sur 45,
a été reconnu pour un Claude Lorrain et de sa meilleure manière.

F. J.

Prime de « I’Art Français»

Sur la demande d’un grand nombre de nos correspondants, nous
tenons, a titre de prime, à la disposition de nos lecteurs, de très
beaux cartons destinés à recueillir la collection d’une année de /’Art
Français. Ces cartons, pris dans nos bureaux, seront livrés au prix
de deux francs. — Pour la province, le port en sus.

I.c gérant : SÎLVE$TRE.

l'Aitis. - Glyplographie SILVESTliE k Cu, rue Oberkampf, D7.
 
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