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L’ART FRANÇAIS

M. Charles Blanc, à qui j’emprunte cette citation, ne la ré-
sume-t-il pas de la plus heureuse façon, lorsqu’il dit à son tour :
« Quiconque ignore le dessin se trouve au milieu de la nature,
comme un voyageur dans un pays dont la langue lui est incon-
nue ? »

On sait quel progrès s’est accompli chez nous, depuis quel-
quelques mois, sous le rapport de l’étude du dessin. Tous les
efforts ministériels se sont portés sur l’introduction de ce genre
d’étude dans les écoles primaires, de même que vous aviez fait,
les premiers, Messieurs, pour toutes vos sections. Aujourd’hui,
la plupart des jeunes Français ont un crayon entre les mains.

Tout écolier studieux s’applique à tracer des lignes droites,
brisées, courbes, perpendiculaires, obliques, parallèles, etc. ; à
enfermer, dans des contours plus ou moins exacts, les figures
graphiques que les professeurs ont placées devant eux; à rendre
par des modelés d’estompe, les reliefs et les creux d’une ronde
bosse.

Et, à ce propos, permettez-moi de rappeler ici que les modèles
en relief ne doivent être employés immédiatement que pour les
élèves qui se destinent à des professions industrielles, afin de les
familiariser, dès l’abord, avec le dessin géométral dont ils auront
à se servir exclusivement par la suite; — mais qu’il est bon, quoi
qu’en disent certains réformateurs, de faire, en tout autre cas,
commencer l’élève par l’étude des modèles graphiques, c’est-à-
dire des dessins perspectifs. Le mettre directement aux prises avec
l’étude d’un modèle en relief, ce serait, comme l’a dit l’éminent
critique que je citais tout à l’heure, le forcer à inventer la pers-
pective. Et franchement, l’élève, dans la période initiale, n’a
guère le loisir de se livrer à un tel travail !

Donc, chacun à sa façon, tous les écoliers dessinent à l’heure
qu’il est.

Mais la philosophie de l’art? Mais son histoire? Mais cette admi-
rable science qui nous conduit à travers les âges devant les grandes
œuvres de toutes les générations passées et nous permet, par une
rapide analyse, d’en comprendre la beauté, d’en saisir l’expres-
sion? Mais la définition même de l’art, sa raison d’être, son carac-
tère, son influence, sa mission humaine et sociale? Personne ne
songe à expliquer ces choses aux élèves de vos cours de dessin.

Eh ! bien, Messieurs, il y a là, selon moi, une très regrettable
« lacune ».

( A suivre. ) FIRMIN JAVEL

SALON DE 1887

( Vingt-sixième article )

Le Soleil de mars, le soir, par M. Skredsvig, que Y Art français
a reproduit dans son numéro du 13 novembre, avait déjà été
signalé dans un de nos premiers articles sur le Salon. Il n’est pas
trop tard pour revenir sur cette œuvre d’un mérite exceptionnel.

M. Skredsvig nous arrive avec une vision particulière. La
nature se montre à lui sous cet aspect intime qui échappe aux
paysagistes médiocres. A ses yeux, elle revêt, elle étale un charme
inexprimé. Les arbres, au flancdu chemin montant, semblent jouer
avec les derniers rayons du soleil de mars, et projettent sur le sol
des ombres légères, presque timides. Au loin, le profil d’un
village s’estompe en d’harmonieuses et pittoresques silhouettes
d’humbles maisons, déjà silencieuses, assoupies dans le calme
crépusculaire.

Plus près de nous, au bord d’une mare, des vaches s’abreuvent.
Une autre remonte le talus pour regagner le chemin, pressée
de rentrer à l’étable. Le mouvement de cette vache est très natu-
rel, et, par cela même, très original. On devine tout de suite que
le peintre a l’horreur des conventions, des mouvements appris
par cœur, à l’atelier, et savamment reconstitués d’après des do-
cuments, des gravures, des moulages... N’en doutez pas, M.

Skredsvig ne procède de personne, et n’appelle à son aide d’au-
tres documents que son émotion et ses observations propres.

Ce que nous disons peut aussi bien s’appliquer au second-
tableau de cet artiste hors de pair : Le soir de la Saint-Jean (Nor-
vège). rous les gens de goût s’arrêtaient, au Salon, devant cette
barque glissant littéralement sur l’eau, et donnant l’illusion de
la réalité.

Désormais, M. Skredsvig est classé au premier rang, dans le
petit nombre des peintres personnels.

Un jeune artiste dont les progrès ont été très rapides et qui
s’affirme, lui aussi, d’une manière éclatante, c’est M. Gelhay.
Nos lecteurs ont pu juger de ses qualités dramatiques parla repro-
duction, que nous publiions dernièrement, de son tableau : Aux
Enfants-Assistés, l'abandon. Il y avait là une entente parfaite de
l’arrangement; la scène était d’une vérité saisissante, et bien faite
pour arracher des larmes aux plus sceptiques d’entre nous.

M. Gelhay semble avoir entrepris la tâche de représenter la vie
moderne dans ses manifestations les plus touchantes, et nous l’en
félicitons.

Le Pécheur picard (retour de la pêche aux crevettes) de M. Emm.
Fontaine, qu’on trouvera à notre première page, est aussi une
œuvre d’art inspirée de la vie contemporaine. Ce pêcheur est un
type bien observé, et les amateurs de sculpture qui passent par
la rue Vieille-du-Temple l’ont certainement remarqué, chez
l’éditeur Gouge, où il est exposé en ce moment.

(.1 suivre). F. J.

—-- ; —t^)}—.-—— ■ ■

pCHOS ^Artistiques

M. Castagnary vient d’acquérir, pour le compte de l’Etat, le Pauvre
■pêcheur, l’un des plus célèbres tableaux de M. Puvis de Chavannes.

Le Pauvre pêcheur sera placé au Musée du Luxembourg.

X

Le jury de l’Ecole des beaux-arts vient de décerner les récompenses
suivantes pour le concours trimestriel d’esquisse dans la section de sculp-
ture : lie médaille, M. Fosse, élève de MM. Falguière et Chapu; 2e mé-
daille, M. Delepine; 3° M. Supiol. — Mentions : MM. Carlet, Fochas,
Sernois et Miseray.

X

Du 15 février au 15 mars prochain, septième exposition de l’Union des
femmes peintres et sculpteurs au Palais de l’Industrie.

Adresser les demandes d’admission à Mme la présidente, au siège de la
Société, 147, avenue de Viiliers.

X

Le jury d’admission de la section des Beaux-Arts à l’Exposition uni-
verselle de 1889, vient de nommer M. Mathurin Moreau, vice-président,
en remplacement de M. de Ronchaud, décédé.

X

L’Institut, qui doit faire placer prochainement dans une de ses salles le
buste du duc de Luynes, vient d’en commander trois autres : celui d’E-
tienne Quatremères, à M. Gros; celui de M. Baud, à M. Bartholdi ; celui
de M. Laboulaye, à M. Power.

X

La Société libre des artistes français a nommé hier son bureau.

M. Bartholdi a été élu président de la Société.

Vice-présidents : MM. Oliva, pour la section de sculpture, et José Frappa,
pour la peinture.

Secrétaire général : M. Debon.

Secrétaires de section : MM. Paris et Albert Lefeuvre (sculpture), Dupuis
(peinture).

X

Mariage artistique : . .

Notre distingué confrère, M. Adolphe Maujan, épouse Mlle Léa Canstie-
Martel, tille de M. Caristie-Martel, de la Comédie-Française.

Le mariage aura lieu le 9 décembre, à la mairie du VIe arrondissement.

Le gérant : S1LVESTRE.

Paris. — Glvplographie SILVESTRE 4 C1*, ru# Oberkampf, 97.
 
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