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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 1.1887-1888 (Nr. 1-53)

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No. 30 (20 Novembre 1887) – No. 39 (21 Janvier 1888)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25560#0142
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L’ART FRANÇAIS

Ce numéro est accompagné d’un Supplément
illustré, gratuit, offert à nos lecteurs à l’occasion
des fêtes de la Noël et du Jour de l’An.

LE MUSÉE DU TROCADÉRO

Il y avait, ou il devait y avoir, deux musées de sculpture dans
le palais du Trocadéro : l’un consacré aux moulages d’antiques,
l’autre aux moulages de sculpture française. Depuis quelques
jours, il n’y en a plus qu’un, et, dans le conflit qui s’est élevé à ce
sujet, c’est notre art national qui a triomphé. Les Grecs, intro-
duits par M. Ravaisson, ont été délogés par les Français, ayant
à leur tête M. Castagnary, directeur des Beaux-Arts.

Ce dernier, dans un rapport des plus concluants, n’a pas eu de
peine à faire comprendre au ministre, M. Spuller, que notre musée
d’art national étouffait, trop à l’étroit dans les galeries où l’art
grec l’avait confiné, et que l’heure était venue d’expulser Phidias
et Praxitèle au profit de Coustou et de Jean Goujon :

« Comme tous les êtres doués de vie, disait-il, le musée de la
sculpture française aspire à briser sa première enveloppe. Lui en
refuser les moyens serait lui porter un coup funeste. Si les gale-
ries dont il dispose actuellement n’étaient pas augmentées, il lui
serait impossible de réunir tous les moulages nécessaires pour faire
embrasser l’évolution complète de la sculpture française, et ce
musée, œuvre d’un siècle d’efforts et de luttes, manquerait sa
sa destination.

On sait que M. Castagnary a toujours vaillamment soutenu la
suprématie de l’école française sur toutes ses rivales, et l’on devine
que son rapport se terminaitpar une éloquente péroraison, animée
du plus pur souffle patriotique.

Aussi, l’arrêté ministériel décidant la suppression du musée
d’art antique et l’affectation de l’aile évacuée au musée de nos
monuments historiques, ne se fit-il pas attendre. Et voilà pour-
quoi, ces jours-ci, les visiteurs du palais du Trocadéro peuvent
assistera un curieux spectacle.

Regrettez-vous le temps où le ciel sur la terré
Marchait et respirait dans un peuple de dieux P

Si oui, consolez-vous. Un peuple de dieux est visible à cette
heure; seulement, c’est un peuple de dieux qui déménagent...

Sérieusement, nous ne pouvons qu’applaudir à une décision
qui s’imposait. Tôt ou tard, l’agrandisscmentdu musée de sculpture
comparée était indispensable, surtout si l’on songe aux services
que le musée a déjà rendus et à ceux qu’il est appelé a rendre
dans l’avenir.

Ce sera, n’en doutez pas, l’honneur de notre temps, d’avoir
provoqué la renaissance du musée des monuments français créé,
il y a à peu près un siècle, par Alexandre Lenoir et si odieusement
dispersé par la « Restauration ».

Nous ne voulons, aujourd’hui, que rappeler les noms des
hommes d’initiative qui ont repris la tradition créée par Lenoir.
Il faut citer : Viollet-Lcduc, Bœswilwald, M. Geoffroy-de-Chaume.
Mais il ne faut pas oublier non plus les deux du Sommcrard, le
père et le fils.

Prosper Mérimée, écrivait en iS I3, au lendemain de la mort
d’Alexandre du Sommcrard, le père :

« Au commenccmenf du siècle, l’antiquité grecque et romaine
avait conservé ou retrouvé son prestige, mais le Moyen-Age et
même la Renaissance passaient pour des temps de barbarie, et,
sous le nom de gothique, on confondait dans un dédain général les
plus beaux ouvrages créés dans notre France pendant une période
jc plus de soixante années. Alexandre du Sommcrard ne parta-
geait pas les préjugés de son époque. Un des premiers, il distin-

gua les caractères de cet art méprisé ; il en comprit les beautés, il
en pénétra, pour ainsi dire, les secrets. Il fallait une grande sa-
gacité de critique et un talent d’observation très subtil pour devi-
ner les lois de cette archéologie encore inexplorée. C’était le temps
où l’on regardait l’octogone de Montmorillon comme un temple
de Druides et où l’on montrait, au musée de l’artillerie, une cui-
rasse du XVIe siècle pour l’armure de Roland ! »

Du Sommerard fils n’a pas moins mérité de l’art français, et il
a, jusqu’à sa dernière heure, travaillé à l’installation du musée de
sculpture comparée, sur lequel nous reviendrons prochainement.

Le défaut d’espace nous oblige à remettre à un prochain numéro la
suite de la Lettre sur l’Esthétique et I’Histoire de l’art et un
article sur l’exposition du concours pour la décoration de la mairie du
VIL arrondissement.

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Jtchos ^Artistiques

M. Castagnary, directeur des Beaux-Arts, se propose de créer, au Lou-
vre, une galerie uniquement consacrée à 1’exposition des portraits des
peintres peints par eux-inêines, telle qu’il en existe déjà une à Florence.

Il forait revenir de tous les musées de province les portraits qui existent
et ferait appel aux principaux peintres français pour former cette collection.

On sait qu’il existe déjà à Versailles nombre de portraits de cette espèce.

X

Nous avons le regret d’apprendre la mort d’un artiste de grand talent,
M. Philippe Rousseau, qui s’est éteint dans sa propriété d’Ecquigny (Eure).
L’œuvre de Philippe Rousseau est considérable, et nous comptons lui
consacrer très prochainement une étude spéciale, en même temps que
nous publierons la reproduction d’un des meilleurs tableaux du maître
défunt.

X

M. Paul Mantz demandait dernièrement qu’à l'occasion de l’Exposition
de 1889 nos paysagistes organisassent une sorte de géographie pittoresque
de la France. « Pomquoi, dit-il, ne pas réunir au Champs de Mars une
série de paysages qui, demandés à des mains choisies, photographieraient
l’aspect et l’àme de notre pays depuis les verdures un peu flamandes du
département du Nord, jusqu’aux versants un peu espagnols des Pyrénées ?
Nous conservons pieusement l’effigie d’individualités inutiles qui, devant
l’histoire, n’ont pas plus d’importance que l’insecte écrasé sous le pied du
passant. Pourquoi ne ferions-nous pas le portrait de la France ? »

Mais ce portrait, nous l’avons tout prêt, lui répond M. Jean Gigoux
dans le Pansant, la vaillante revue littéraire que dirige avec tant de fermeté
depuis tantôt quatre ans le poète Maurice Bouchot-. Il ne reste qu’à ras-
sembler, dans un large esprit d’admission et avec une hospitalité ouverte,
les toiles de nos paysagistes morts ou vivants. Et nous aurions un « Musée
du paysage français ». Un tel musée serait un monument élevé en recon-
naissance attendrie à la terre de France, comme le veut M. Paul Mantz,
et un hommage solennel au pays français.

Le musée, du paysage français serait une excellente leçon de patriotisme.
Nous nous y emplirions les yeux de nos bois, de nos plaines, de nos mon-
lagnes, de nos mers et de nos horizons. Nous y retrouverions le goût de
la terre natale.

X

La presse 'républicaine vient de prendie l’initiative d’une statue à élever,
à Paris, à la mémoire du grand Carnot.

Notre ami et distingué confrère, Charles Frémine (le Passant du Rappel)
a reçu à ce sujet I intéressante lettre qu on va lire .

Monsieur le Cassant,

Vous signalez clans vos « On-dit » (le ce matin la souscription ouverte par plusieurs journaux pour
élever une statue au grand Carnot.

A ce pto.ios, permeltez-mui de vous demander un renseignement :

Pourquoi*ne ter.nine-t-on pas les quatre statues équestres de Huche, Kléber, Marceau et Carnot,
chefs-d’œuvre de Clèsiuger, qui ont figuré dans les précédents Salons, et qui duivent être placées
aux quatre coins de l’Ecole militaire?

Il me semble que la presse devrait faire presser l’exécution par l’Etat du magnifique projet qui
glorifierait eu même temps les quatre héros de la Révolution.

[ n jouinal fait erreur en disant que les restes du grand Carnot sont encore dans le cimetière de
Magdebourg ; ils ont été transportés depuis longtemps à Nolay.

Veuillez agréer, etc. L Tkksuac.

Le dernier paragraphe de cette lettre donne un lier démenti aux insi-
nuations mises en avant, ces jours derniers, par certains de nos,confrè-
res sur la bonne foi desquels il est inutile d’insister.

F. J.

Le gérant : SILVESTRE.

Paris. — Glyptographie SILVESTRE 4 Cu, rua Oberkampf, 97.
 
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