Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art français: revue artistique hebdomadaire — 1.1887-1888 (Nr. 1-53)

DOI Heft:
No. 30 (20 Novembre 1887) – No. 39 (21 Janvier 1888)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25560#0166
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L’ART FRANÇAIS

SOMMAIRE

ILLUSTRATIONS : 1" page : Naissance de Venus (Adolphe-William Buuguercau) : — La paye
des moissonneurs (Léun-Augustin Lliermitte ) ; — Le colonel Chartier, commandant le

90' de ligne, tué à l'ennemi à Ltnffalora ( Italie) ; 4 juin 1859 (Marias RoyJ.

TEXTE : G. Guillaumet ; — Voltaire critique d’art ; — Echos artistiques.

G. GUILLAUMET

L’exposition des œuvres de Gustave Guillaumet, à l’École des
Beaux-Arts, est une consécration de la gloire du peintre et, à ce
point de vue, elle est complète, éclatante,définitive. On retrouve
là, dans une lumière des plus favorables, les plus nobles et les
plus sereines expressions du sentiment particulier qui fut tout le
génie du maître définit. Et, à ce sujet, il y a lieu de féliciter
M. Roger Ballu. Notre distingué confrère a apporté, en effet,
beaucoup de goût dans la disposition des tableaux, dessins et es-
quisses du peintre de l’Algérie.

. Mais, a côté du peintre, il y avait, chcv. Guillaumet, un poète,
un écrivain de race. Comme l’auteur des Maîtres d’autrefois, et
comme le chantre d’Emaux et Camées, l’auteur des Croquis algé-
riens possédait :

...Un joli brin de plume
A son crayon.

Est-ce donc que les ressources d’une palette « magique » soient
impuissantes à traduire l’impression de ces grands artistes au pays
du soleil et que, pour exprimer leur pensée, pour préciser leurs
descriptions colorées, ils aient dû recourir tous à ce « brin de
plume » dont parle Alfred de Musset ?

Quoiqu’il en soit, Fromentin et Guillaumet ont écrit, et ils
nous ont laissé, a côté de leurs toiles lumineuses, des pages 1
admirables que nul n’a le droit d’ignorer.

Dernièrement, nous avons reproduit le beau tableau de Guil-
laumet, la Séguia, qui figure au Musée du Luxembourg. C’est
encore rendre hommage au maître regretté que de citer ici l’un
de ses « croquis algériens » dont il publia deux séries, voici
quelques années, dans la Nouvelle Revue, pour la plus grande joie i
des artistes et des lettrés :

« Le centre de la place, où le jet limpide d’un abreuvoir accro-
chait le soleil comme les facettes d’un diamant, restait vide.

» De terrips à autre seulement, une femme, arrivant l’outre
sur l’épaule ou quelque poterie à la main, s’y arrêtait le temps de
l’emplir.

» Les Bou-Saâdines s’y rencontraient parfois, jasaient une
minute ensemble, tout en s’entr’aidant pour replacer commodé-
ment sur leurs reins les peaux de bouc et les amphores pleines.

» Alors, par la route de Djelfa, une troupe de dromadaires vint
faire irruption sur la place qui changea aussitôt de physionomie.

» Ils avançaient nombreux, avec leur démarche fière et rési-
gnée. Tous tendaient le cou vers l’eau où leurs conducteurs les
faisaient boire tour à tour dans les auges.

» La caravane avait dû souffrir en route. Ces voyageurs
venaient-ils de Tougourt? Venaient-ils du Mzab ?

» Sous des loques poudreuses, avec leurs figures halées, leurs
jambes nues dont l’épiderme s’écaillait, ilsavaientl’aspect farouche
et la couleur fauve des animaux qu’ils accompagnaient.

» Les femmes qui se trouvaient là, se penchant vers eux, leur
tendirent l’orifice des outres toutes ruisselantes pour qu’ils pussent
à même s’y désaltérer.

» Puis, quand tous eurent bu, elles reprirent à pas lents le
chemin de leurs maisons.

» Tandis qu’elles s’éloignaient, les chameliers les suivaient des
yeux, gravement, avec une mélancolie étrange.

» 11 me semblait relire une page de la Genèse. Je rêvais que
d’âge en âge, de siècle en siècle, cette scène s’était de cette façon
reproduite journellement dans sa touchante simplicité, avec les
mêmes gestes, et probablement le même dialogue. »

Ajouterai-je que le peintre se révèle tout entier dans cette page
grandiose, de même que le poète se traduit dans la Séguia ou
dans telle autre toile du maître (ce Lagbouat, par exemple), in-
contestables chefs-d’œuvre qui ont dès maintenant leur place
marquée au Louvre? F. j.

VOLTAIRE CRITIQUE D’ART

Nous recevons la communication suivante :

On connaît le jugement porté par Voltaire sur Jean Jouvenet, dans la.
Liste raisonnée des enfants de Louis XIV, des princes de la maison de
France de son temps, des souverains contemporains, des maréchaux de
France, des ministres, de la plupart des écrivains et des artistes qui ont
jleuri dans ce siècle. 11 est sommaire ; nous le reproduisons ci-dessous,
en faisant observer que Jean Jouvenet naquit en 1617 et non en 1644 :

JOL VE.NET (.Icanj, né à Rouen en tfiit, élève de Lebrun, inférieur à son maître, quoique bon
peintre. Il a peint presque buis les objets d'une couleur un peu jaune. Il les voyait de cette couleur
par une singulière conformation d’organes. Devenu paralytique du bras droit, il s’exerça à peindre
de la main gauche et on a de lui de jriandes-compositimis exécutées de celte manière.'Mort en t717.

Après avoir pris connaissance de ce « petit article », M,ne de Lordelot,
fille de Jouvenet, écrivit à Voltaire pour lui faire part des sentiments
qu’elle avait éprouvés à cette lecture ; elle reçut la réponse suivante :

« Aux délires,

» route de Genève 1" octobre.

» Madame

» Voire lolire m’a fait relire le petit article qui regarde Mr Jouvenet. je vois qu’il y est regardé
comme un bon peintre quoy qu'inferieur en quelques parties a le brun, il est vrai qu’il avait quel-
quefois un coloris un peu jaune ; et ce loger défaut es moindre que relny île le brun et du poussin,
qui étaient souvent beaucoup trop rembrunis, les sept sacrements du poussin sont devenus si noirs,
qu'ils ne sont plus beaux aujourd'hui que dans les estampes, chaque peintre, comme chaque écrivain
a ses défauts, je serais très mortifié de compter parmy les miens celui de ne pas rendre justice aux
grands talents, j’ay appelle mr jouvenet bon peintre cest un éloge que je confirmerai toujours, et je
me ferai un devoir à la première orrasimi d’ajouter tout ce qui pouru servir a sa gloire et plaire a
sa tille dont j’ay revenu tout le mérite dans la lettre dont elle m’honore.

» je suis avec respect

» madame

» votre très humble et très
» obéis»* serv' Voltaire. »

Nous possédons l'original du cette lettre inédite adressée à Mme de Lor-
delot, rue S.iinte-.Marguerile, faubourg Saint-Germain, à Paris.

HENRY G A UT II 1ER-VI LLAIt.S.

=£CVI

Jlchos ^Artistiques

L'ouvet turc de la s die des poi trails est annoncée comme devant être
très prochaine : mais le jour n’est point encore (ixé.

C’est à tort que l'on a annoncé que certains peintres auraient été invités
à ollVir leurs poitrails au Louvre, tandis que d’autres se trouveraient ex-
clus de la liste des demandes; nous sommes en mesure d’assurer qu’au-
eun portrait n’a été demandé, qu'aucune liste n’a été dressée : la commis-
sion spéciale instituée par le ministre pour cet objet n’a meme pas été
convoquée.

Quant à la salle elle-même, nos lecteurs savent qu’elle est essentielle-
ment provisoire. Il y a déjà plusieurs semaines qu’à la demande de la di-
rection des Peaux-Arts, l'architecte du Louvre, M. Guillaume, étudie l'amé-
nagement d’une salle répondant d’une façon complète au but de l’institu-
tion et ayant l’élasticité nécessaire pour assurer son développement futur.

Celte salle définitive se trouverait dans le voisinage de la salle des Etats,
occupée autrefois par le conseil municipal de Paris et, plus tard, par l’ex-
position des diamants de la couronne.

X

Un journal ayant annoncé qu’un des meilleurs tableaux de Louis Gros-
claude, les Buveurs, avait disparu du palais de l’Elysée où il avait été.
porté il v a quelque années, après avoir longtemps figuré dans les galeries
du Luxembourg, la direction des Beaux-Arts a ordonné une enquête pour
éclaircir ce fait, qui avait provoqué une certaine émotion dans le monde
artistique.

M. Kaempfen vient de recevoir une lettre du directeur du mobilier
national l’informant que la toile en question n’avait pas quitté l’Elysée, où
elle est placée dans le cabinet du secrétaire particulier du Président de la
République.

X

Le peintre. Huez met en ce moment la dernière main à la grande com-
position qui lui ;i été commandée pour la nouvelle Sorbonne et qui sera
placée dans la salle des Actes. Cette composition, qui mesure près de six
mètres, représente Virgile s’inspirant au milieu des bois.

X

Ou télégraphie île Valence an Matin :

I)e grandes l’êtes ont lieu à l’occasion du centenaire du peintre Ilibera.

La ville est pavoisée ; plusieurs fanfares parcourent les rues.

La statue du peintre a été inaugurée avec une grande solennité.

Les peintres d’Italie, où Ilibera a vécu, ont envoyé une adresse dans la-
quelle ils parlent de la fraternité de l’Espagne et de l’Italie. jf. J.

-è™ ~

Le gérant : SILVESTRE. ï

I’aius. — Glyplugraphi* SILVESTRE A C1*, ru« Oberkampf, D7.

■J
 
Annotationen