DOI Heft:
No. 40 (28 Janvier 1888) – No. 49 (31 Mars 1888)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.25560#0179
Première année.
N° 1:5
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
18 Février 1888
L’ART FRANÇAIS
J^nuu jplrtiôtiquf J^clifrcnnaîiatrr
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glyptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paris : un an, 9 fr.; six mois, 5
— Départements : un an, ÎO IV.; six mois, 6 francs
SOMMAIRE
ILLUSTRATIONS : ipag6 : Portrait de Félix Clément (Aniy) : ■*— 2* pago : Le Meeting
(M“* Marie BashkirtseffJ ; — 3‘ page : Le bain (.Charles Baux}.
TEXTE ' A.-F- Clément; — La décoration picturale de l’Hôtel de Ville; — Le prochain Salon ;
— Echos artistiques.
A.-F. CLÉMENT
Nous n’avons pu
consacrer que quel-
ques lignes, dans notre
dernier numéro , à
l’excellent homme, à
l’artiste éminent qui
vient de mourir. Nous
voudrions aujourd’hui
étudier l’œuvre et le
caractère du regretté
Auguste - Félix Clé-
ment.
Il y a quelques an-
nées à peine que le ha-
sard nous avait fait
rencontrer, Clément et
moi, et tout de suite
nous étions devenus
de bons amis. C’était
pour moi un réel plai-
sir que d’aller passer
quelques instants dans
son vaste atelier de la
rue de Sèvres, où l’on
était toujours sûr de le
trouver au travail, et
près de lui, sa fidèle
compagne,la meilleure
et la plus dévouée —
aujourd’hui certaine-
ment la plus malheu-
reuse — des femmes.
Le maître, la palette
à la main, venait lui-
même vous ouvrir sa
porte en souriant.
« Œil bleu, doux, méditatif, front proéminent, tête de penseur,
le temps-et 1 etude ont quelque peu ridé ce fier visage sur lequel
1 art rayonne et a incrusté son empreinte; il a quelque peu neigé
sur les cimes, mais le corps est resté droit, la tête bien plantée
sur des épaules viriles. »
Ce portrait, tracé par un critique d’art, voici trois ou quatre
ans, était d’une exactitude égale à celle des portraits que peignait
Clément, qui fut le plus consciencieux des portraitistes.
Ce n’est pas sans un amer sentiment de regret que je songe aux
heures de bonne causerie passées dans cet atelier, alors que le
maître, après nous avoir montré ses travaux récents, nous expo-
sait ses idées sur l’art en général et en particulier sur l’enseigne-
ment du dessin. Une fois parti sur ce sujet qui lui était cher entre
tous, cet esthéticien passionné ne s’arrêtait plus.
En somme, son esthétique pouvait se résumer en deux mots :
étudier la nature encore et toujours, se former l’œil et la main en
même temps que l’es-
irit, observer et pen-
>er avant tout. On re-
trouve ces principes
dans tous ses ouvrages,
depuis ses envois de
Rome jusqu’aux ta-
bleaux exposés aux der-
niers Salons.
Clément était né à
Donzère (Drôme), le
20 mai 1826.
Il entra à l’école des
Beaux-Arts de Lyon
en 1843.
Cinq ans plus tard,
il arrive à Paris et étu-
die à l’atelier Drolling,
avec MM. Henner,
Maillot et autres «jeu-
nes » devenus depuis de
grands artistes.
En 1856, il rem-
porte le prix de Rome.
Dès lors, Clément est
quelqu’un, ses envois
sont remarqués, discu-
tés ; /’Enfant dessinant
sur un mur la silhouette
de sondue; l’Enfant don-
nant la becquée à des
merles; la Sieste et enfin
la Mort de César, son
œuvre capitale, lui va-
lurent des récompen-
ses et, il faut bien le
dire, aussi de graves
ennuis.
Cette Mort de César,
surtout, créa bien des tribulations à son auteur. On y vit une
allusion au pseudo-César qui trônait alors aux Tuileries, et on
s’empressa de proscrire des expositions et des musées cette toile
« dangereuse ». Peu de temps après, un Mécène emmena Clément
en Egypte, où il fut chargé d’une série de panneaux décoratifs
pour le prince Halim, oncle du Kédive. Cette vaste entreprise
l’occupa six années entières. Malheureusement nous ne connais-
sons rien de cette œuvre décorative, si non que le peintre y a sur-
tout traité des sujets cynégétiques.
A son retour d’Egypte, le jeune maître est honoré d’une mis-
sion de la part du Ministre de l’Instruction publique, qui l’envoie
amy. — Portrait de Félix Clément; — médaillon terre cuite.
N° 1:5
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
18 Février 1888
L’ART FRANÇAIS
J^nuu jplrtiôtiquf J^clifrcnnaîiatrr
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glyptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paris : un an, 9 fr.; six mois, 5
— Départements : un an, ÎO IV.; six mois, 6 francs
SOMMAIRE
ILLUSTRATIONS : ipag6 : Portrait de Félix Clément (Aniy) : ■*— 2* pago : Le Meeting
(M“* Marie BashkirtseffJ ; — 3‘ page : Le bain (.Charles Baux}.
TEXTE ' A.-F- Clément; — La décoration picturale de l’Hôtel de Ville; — Le prochain Salon ;
— Echos artistiques.
A.-F. CLÉMENT
Nous n’avons pu
consacrer que quel-
ques lignes, dans notre
dernier numéro , à
l’excellent homme, à
l’artiste éminent qui
vient de mourir. Nous
voudrions aujourd’hui
étudier l’œuvre et le
caractère du regretté
Auguste - Félix Clé-
ment.
Il y a quelques an-
nées à peine que le ha-
sard nous avait fait
rencontrer, Clément et
moi, et tout de suite
nous étions devenus
de bons amis. C’était
pour moi un réel plai-
sir que d’aller passer
quelques instants dans
son vaste atelier de la
rue de Sèvres, où l’on
était toujours sûr de le
trouver au travail, et
près de lui, sa fidèle
compagne,la meilleure
et la plus dévouée —
aujourd’hui certaine-
ment la plus malheu-
reuse — des femmes.
Le maître, la palette
à la main, venait lui-
même vous ouvrir sa
porte en souriant.
« Œil bleu, doux, méditatif, front proéminent, tête de penseur,
le temps-et 1 etude ont quelque peu ridé ce fier visage sur lequel
1 art rayonne et a incrusté son empreinte; il a quelque peu neigé
sur les cimes, mais le corps est resté droit, la tête bien plantée
sur des épaules viriles. »
Ce portrait, tracé par un critique d’art, voici trois ou quatre
ans, était d’une exactitude égale à celle des portraits que peignait
Clément, qui fut le plus consciencieux des portraitistes.
Ce n’est pas sans un amer sentiment de regret que je songe aux
heures de bonne causerie passées dans cet atelier, alors que le
maître, après nous avoir montré ses travaux récents, nous expo-
sait ses idées sur l’art en général et en particulier sur l’enseigne-
ment du dessin. Une fois parti sur ce sujet qui lui était cher entre
tous, cet esthéticien passionné ne s’arrêtait plus.
En somme, son esthétique pouvait se résumer en deux mots :
étudier la nature encore et toujours, se former l’œil et la main en
même temps que l’es-
irit, observer et pen-
>er avant tout. On re-
trouve ces principes
dans tous ses ouvrages,
depuis ses envois de
Rome jusqu’aux ta-
bleaux exposés aux der-
niers Salons.
Clément était né à
Donzère (Drôme), le
20 mai 1826.
Il entra à l’école des
Beaux-Arts de Lyon
en 1843.
Cinq ans plus tard,
il arrive à Paris et étu-
die à l’atelier Drolling,
avec MM. Henner,
Maillot et autres «jeu-
nes » devenus depuis de
grands artistes.
En 1856, il rem-
porte le prix de Rome.
Dès lors, Clément est
quelqu’un, ses envois
sont remarqués, discu-
tés ; /’Enfant dessinant
sur un mur la silhouette
de sondue; l’Enfant don-
nant la becquée à des
merles; la Sieste et enfin
la Mort de César, son
œuvre capitale, lui va-
lurent des récompen-
ses et, il faut bien le
dire, aussi de graves
ennuis.
Cette Mort de César,
surtout, créa bien des tribulations à son auteur. On y vit une
allusion au pseudo-César qui trônait alors aux Tuileries, et on
s’empressa de proscrire des expositions et des musées cette toile
« dangereuse ». Peu de temps après, un Mécène emmena Clément
en Egypte, où il fut chargé d’une série de panneaux décoratifs
pour le prince Halim, oncle du Kédive. Cette vaste entreprise
l’occupa six années entières. Malheureusement nous ne connais-
sons rien de cette œuvre décorative, si non que le peintre y a sur-
tout traité des sujets cynégétiques.
A son retour d’Egypte, le jeune maître est honoré d’une mis-
sion de la part du Ministre de l’Instruction publique, qui l’envoie
amy. — Portrait de Félix Clément; — médaillon terre cuite.