Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L’ART FRANÇAIS

son sommet une perle, une émeraude ou un diamant. Les Phares
du Havre, le Grain, Effet de soir sur la mer, Nuit avec lune,
Nuit, etc., autant de morceaux de premier ordre; toutefois, je
serais injuste en passant sous silence les autres pastels de
M. Duez : Jardina Villtrville, Y Eglise (le soir), Fleurs de ronce,
Géraniums, Reines-Marguerites, etc. Quoi qu’il se propose d’in-
terpréter, le jeune maître en lait toujours l’objet d’une vision par-
ticulière, et il nous tient sous le charme en nous montrant une
fleur aussi bien qu’en nous retraçant les luttes géantes du Ciel et
de l’Océan.

Deux jeunes artistes, MM. Helleu et Blanche, dont nous avons
été heureux de saluer les brillants débuts, il y a quelques années,
s’affirment aujourd’hui. Ils tiennent ce qu’ils promettaient. En-
core quelques progrès, et ils n’auront plus rien à envier à la jeune
école américaine — d’ailleurs très parisienne — que représentent
avec tant de succès MM. Sargent et Dannat, ces « américains »
de l’avenue de Milliers !

M. Helleu expose une Etude de gris qui est un régal des yeux,
encore que la figure soit un peu sacrifiée dans cette élégante sil-
houette de femme. Il y a beaucoup de talent aussi dans le Portrait
des enfants de M. M..., Perl etOphélia, Elude, maisil va une erreur,
une grosse erreur dans la Gare. M. Helleu fera bien de ne pas re-
commencer cette incursion sur le domaine des impressionnistes.

M. Blanche est très heureux dans le Portrait de M,le Bar.let, de
la Comédie-Française. La charmante sociétaire est vêtue de noir.
Elle est assise sur un fauteuil que recouvre une fourrure d’un ton
jaunâtre. La tète, d’une expression un peu rêveuse, s’appuie sur
la main gauche, gantée de noir. Une vague mélancolie voile cette
gracieuse image, très grande et très simple, d’un intérêt inoui.

l’aime moins le Portrait de Mlle Jeanne M., d’une exécution
un peu sèche malgré la correction du dessin ( ou à cause de cela,
je ne sais trop).

Encore un jeune : M. F. Thévenot, qui a débuté au Salon, il y
a trois ou quatre ans, avec un portrait au pastel d’une facture
étonnante. C’était, s’il m’en souvient bien, le Portrait de Madame
Gelbax, la charmante femme d’un artiste de grand talent, égale-
ment tout jeune et plein d’avenir.

Ici encore, M. Thévenot triomphe, et c’est encore une femme
d’artiste qu'il a représentée. Je vais peut-être commettre une in-
discrétion, mais je ne résiste pas au désir de révéler ceci : ce
Portrait de Mme N., devant lequel on fait foule, n’est autre que le
portrait de Mme Bin, femme du maître-peintre, maire de Mont-
martre. D’ailleurs, un pur chef-d’œuvre de goût, de dessin, d’ar-
rangement, toutes qualités que vous retrouverez dans les deux
autres pastels de M. Thévenot.

M. Emile Lévv est toujours le portraitiste consciencieux par
excellence, et Mme Madeleine Lemaire continue à peindre les fi-
gures comme elle peint les fruits ou les fleurs, avec une recher-
che d’éclat qui ne se dément jamais. Mme Pasca ou ce joyeux
compère de Coquelin cadet, ou bien un panier de pêches, ou une
gerbe de reines-marguerites, ce lui est tout un, et l’habile artiste
apporte dans ces diverses interprétations la même virtuosité.

M. Besnard est toujours le coloriste passionné, le poète à l’i-
magination ardente, le fantaisiste séduisant à la suite duquel on
se laisse entraîner au pays des visions et des magies. Mais il est
aussi un portraitiste hors de pair, et son exposition est à étudier
attentivement, savoir : Portrait de Mmc M.,Portrait de Mme S. B.,
Portrait de Mme M. L., Avant d’entrer, Mademoiselle J.-D.,

‘Portrait de la princesse. dff. de S., Fleur d'eau, Tête, Mademoiselle
Ncncne, Femme nue qui se chauffe (étude pour le tableau), Télé
d’élude, le Malin, Uncoupde pointe sèche (Portrait de M.de LosRios).

MM. Jules Lefebvre et Machard demeurent les peintres de la

gtace. M. Jean Béraud est plus que jamais l’annaliste, l’anecdo-
tier plein d esprit qui écrit une si curieuse histoire de Paris ;
MM. Nozal et Montenard, deux paysagistes de talent ; M. John
Lewis-Brown n’expose qu’un ouvrage : Porte Dauphine, mais il y
a trouve prétexte à une de ces remarquables études de cheval dont
1 éloge n est plus à faire. Mme Marie Cazin, dans sa grande scène
de 1 Eté, subit visiblement l’influence de M.Puvis de Chavannes,
sans toutefois manquer de qualités personnelles. Enfin M. Léon
Lhermitte a envoyé seize compositions du plus vif intérêt et dont
la plus importante, la Conjirmation, est une page. F. j.

NOTRE NUMÉRO EXCEPTIONNEL

SALON DE 1888

Nous sommes heureux d'annoncer à nos
lecteurs que 1 ’ART FRANÇAIS publiera, le 30 avril,
jour du vernissage, un numéro exceptionnel
contenant 20 pages, texte et illustrations, et
entièrement consacré aux principaux ouvrages
du Salon de 1888.

Ce supplément, qui sera indépendant du nu-
méro hebdomadaire, également consacré au
Salon, sera offert gratuitement, à titre de prime, à
nos abonnés, — et, à ce propos, nous prions ins-
tamment ceux d'entre eux dont l’abonnement
expire le 1er Mai, de vouloir bien le renouveler
sans retard, afin que nous puissions leur adres-
ser ce numéro gratuit.

Quant aux acheteurs habituels de Y ART FRAN-
ÇAIS, ils trouveront ce numéro exceptionnel
dans tous les kiosques et chez tous les libraires
de Paris et de la province au prix de 60 centimes.

i ' -—-- 1- -tÿr-— Ç «-i

LE CONFLIT

Un conflit s’était élevé, dernièrement, entre l’État et la Société
des artistes français.

En échange du Palais de l’Industrie qu’il lui concède gratuite-
ment pour son exposition annuelle, l’Etat réclamait la gratuité
des entrées au Salon pendant les deux journées entières du di-
manche et du jeudi.

Cette discussion a été notifiée au conseil d’administration de
la Société des artistes, non par le ministre des Beaux-Arts, mais
par le ministre des finances, le jour même où M. Tirard a quitté
ce ministère.

Or, le conseil d’administration de la Société des artistes pré-
tendit que, tout compte fait, son Salon exploité dans de pareilles
conditions se serait soldé par un déficit certain. De làsa résistance
à accéder aux désirs de l’administration.

Bref, toutes difficultés sont aujourd’hui aplanies.

M. Peytral, ministre des Finances, vient de signer un arrêté
par lequel le palais de l’Industrie est concédé à la Société des ar-
tistes exactement aux mêmes avantages que les années pré-
cédentes.

Le Salon de 1888 aura donc lieu dans les mêmes conditions de
durée, de prix comme entrées, et de gratuité le dimanche à partir
de midi, que les précédents.

Toutefois, la Société des artistes se propose de faire la journée
du vernissage gratuite, c’est-à-dire sur invitations.

M. Carnot, devant quitter Paris le 25 avril, le chef de l’Etat
visitera le Salon le 24, à deux heures. F. j.

' 7 ' ' Le gérant : SILVKSTRE

Paris. — (ïlyptoçrapliie SILVKSTRE 4 Cu, rue Oberkampf, ‘J7
 
Annotationen