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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 3.1889-1890 (Nr. 105-157)

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Numéro exceptionnel (No. 191): Noels de 'l'Art français' (Decembre 1890)
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4

SUPPLÉMENT A L’ART FRANÇAIS

— Ah! Bélugon, mon pauvre Bélugon, soupira-t-
elle encore, quel malheur que tu sois un chat et que tu
ne saches pas parler. J’aurais bien besoin, abandonnée
comme je le suis, et puisque chacun me trouve laide,
d’entendre quelqu’une de ces belles histoires, pleines
d’oiseaux bleus, qui vous consolent de la terre et vous
mènent à l’autre monde, derrière la lune et les étoiles!

Cette fois, Bélugon ne miaula point; mais il sauta sur
les genoux de Béluguette et la regarda si fixement,
qu’au bout d’un instant elle s’endormit.

Et depuis, quand la vie devenait trop triste, Bélugon
sautait sur les genoux de Béluguette qui partait en
voyage pour l’autre monde, derrière la lune et les étoi-
les, dans des rêves peuplés d’oiseaux bleus.

Puis des années se passèrent; et Bélugon ne quittait
toujours pas Béluguette, et Béluguette était toujours
auprès du feu. Certain soir qu’elle dormait et que Bélu-
gon ronronnait sur ses genoux :

— Ah ! Bélugon, mon pauvre Bélugon, quel dom-
mage que tu ne sois qu’un chat. Si tu étais seulement
le fils du roi, vêtu de velours cramoisi, avec de luisants
éperons, qui me baisait la main tout à l’heure, tu m’em-
porterais dans ton manteau, sur la selle de ton cheval,
et nous nous en irions loin, bien loin, car maintenant
que ma mère est morte et que mon père l’a suivie, il
n’y a plus que toi que je puisse aimer.

Après ce discours qu’elle faisait les deux yeux clos,
Béluguette s’étant réveillée, s’étonna fort de ne pas trou-
ver Bélugon auprès d’elle, à son habitude, et de voir que
le feu s’éteignait dans l’âtre.

— Bélugon ! Bélugon ! mon pauvre Bélugon ! me
laisser ainsi, par un temps pareil, si c’est raisonnable ?

Bélugon ne se montrait point.

Béluguette courut jusqu’au bout du pays, malgré la
neige qui tombait, et, quoiqu’elle n’eût pas de sabots :
— Bélugon ? mon pauvre Bélugon ?

Hélas ! Bélugon n’était pas là! Si Bélugon avait
été là elle l’eût tout de suite aperçu, lui si noir, dans la
plaine blanche. Alors Béluguette pleura, et se sentit
trop malheureuse.

— Les bêtes des bois l’auront mangé ou des Bohé-
miens l’auront pris !

Elle n’avait plus nul espoir; pourtant elle appelait
encore :

— Bélugon, mon pauvre Bélugon !

Mais voilà qu’en rentrant, Béluguette trouva dans la
cabane un jeune homme, vêtu de velours cramoisi,
avec de luisants éperons, et tout pareil au fils du roi.

Il se tenait assis prés de l’âtre, sur l’escabelle en bois,
siège ordinaire de Bélugon.

Il regardait le feu comme Bélugon et le feu s’était
ranimé.

Au bruit qu’avait fait la porte, il se dressa et baisa la
main de Béluguette.

— Béluguette, ne pleurez plus ! Tout est dans l’or-
dre : le feu flambe, et nous allons recommencer, si vous
voulez, l’une après l’autre, ces belles histoires que vous
ronronnait Bélugon.

— Oh ! non, répondit Béluguette, racontez-moi plu-
tôt, tout le temps, la dernière !

Elle avait compris que le fils du roi ne faisait qu’un
avec Bélugon dans le corps duquel, où le tenait prison-
nier le pouvoir des méchantes fées, il attendait patiem-
ment qu’un sincère souhait d’amour le délivrât, tombé
de lèvres innocentes. PAUL ARÈNE

NOËL

Quand les trois Mages sont venus,

Il sommeillait l’enfant Jésus,

Dessus sa couche parfumée
De sainfoins à peine séchés,

Tandis que pâtres et vachers
Le contemplaient Y âme charmée.

Des vols d’anges passent dans l’air,

Noël ! le Verbe s’est fait chair !

Doux enjant, dit le premier mage,
Daigne recevoir mon hommage;

J’ai vu briller, vers le Thabor,

Ton étoile, et je viens de Grèce
D'où je t’apporte incrustés d’or
Les sept livres de la sagesse.

Des vols d’anges passent dans l’air,

Noël ! le Verbe s’est fait chair ?

Moi, Tfoi des rois, Prêtre des prêtres,
Qui commande au monde des êtres,

Dit le mage jaune aux grands yeux,
J’arrive de l’Inde et je t’offre
Le Védam, confident des Dieux
Qu embaume l’encens de ce coffre.

Des vols d’anges passent dans l’air.

Noël ! le Verbe s’est fait chair !

Mon cœur qui tressaille et t’admire
Dit le roi [Maure, avec la Myrrhe,
kA u nom de Y azur étoilé,

Tt donne ce livre d’Egypte,

Qu’Isis propice a dévoilé
Au front ténébreux de sa crypte.

Des vols d’anges passent dans l’air,

Noël ! le Verbe s’est Jait chair !

Joseph, dont la dextre est fleurie,

Regarde tout troublé Marie
Sous le poids des livres qu'il prend,

Il s’incline et ne sait que dire:

Merci ! quand Jésus sera grand,

C’est là que nous le ferons lire.

R. GIN ESTE
 
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